Ils ont été retrouvés dans leur emballage d’origine chez l’ancien Premier-ministre. Ces deux lots de billets, 5 millions de dollars américains en coupure de 100, proviendraient d’Europe via Chicago et New-York. Ce sont des codes-barres retrouvés sur l’emballage qui ont mis les enquêteurs du Central Criminal Investigation Department (CCID) au parfum. Ces derniers veulent désormais savoir comment Navin Ramgoolam a pu obtenir cet argent sans que la Banque de Maurice, la douane ou la police ne soient au courant.

À mesure que l’assistant commissaire de police (ACP) Heman Jangi avance dans son enquête sur la provenance des Rs 220 millions saisies au domicile de l’ex-Premier ministre le vendredi 6 février, l’hypothèse la plus plausible est que ces dollars sont arrivés à Maurice par valise diplomatique.

Le patron du CCID devra effectuer, dans les jours à venir, un relevé des arrivées de colis d’une certaine dimension en provenance des ambassades mauriciennes sur le Vieux continent durant la période où ces 5 millions de dollars – Rs 178,7 millions au taux de change actuel – ont été transférés à Maurice.

Carte de visite retrouvée

L’ACP Jangi attend un rapport des experts américains du Federal Bureau of Investigation, sollicités dans cette affaire, pour comprendre le cheminement de ces dollars. Logiquement, ils ont dû être réclamés par une banque européenne et il lui faudra interroger les responsables pour déterminer l’identité de la personne ou de la société étrangère ayant pris possession de cet argent. C’est à partir de là que le CCID pourra évaluer si Navin Ramgoolam a touché des dessous de table ou s’il a obtenu des dons, comme celui-ci l’affirme, pour la construction d’un nouveau quartier général pour le PTr.

Le CCID a également d’autres détails à vérifier: outre ces 5 millions de dollars jamais mis en circulation, il doit expliquer la provenance de deux autres lots de dollars retrouvés dans une valise et les deux coffres-forts de Navin Ramgoolam.

Une partie viendrait de Veekram Bhunjun, le patron de Betamax, société spécialisée en bâtiment et travaux publics ayant décroché le contrat du transport de carburant entre l’Inde et Maurice sans appel d’offres pour un montant de Rs 10 milliards. Sa carte de visite a, en effet, été retrouvée dans une enveloppe contenant 9 700 dollars dans l’un des coffres-forts.

Reste une autre énigme pour les enquêteurs : comment Navin Ramgoolam dépensait-il ses dollars ? Vers qui se tournait-il pour convertir l’argent en roupies, les agents travaillistes n’étant pas habitués à être payés en devises ? L’axe Navin Ramgoolam – Rajiv Beeharry-Panray devra donc être fouillé. En effet, celui-ci, parachuté par le leader du PTr dans le fauteuil de Chief Executive Officer de la Mauritius Post and Cooperative Bank, est déjà sous le coup d’une enquête sur le transfert de Rs 1,6 milliard en devises étrangères vers une banque singapourienne entre janvier 2006 et mars 2009 comme révélé par l’express le 25 mai.