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Il n’y a pas de pédophile type, mais…
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Il n’y a pas de pédophile type, mais…
Décoder les signes d’un enfant victime d’abus sexuel, dénoncer cet acte aux autorités, soutenir l’enfant, c’est ce qu’il faut faire quand on reconnaît un enfant victime. Mais ces actions sont en aval, bien après que l’enfant ait subi ces atrocités. Comment alors protéger son enfant, prévenir les abus sexuels sur les enfants ?
La réponse est claire, il est tout bonnement impossible de prévenir l’abus sexuel sur les enfants, d’éradiquer les agressions sexuelles sur mineurs. Ce qui est possible par contre, c’est d’être vigilant avec les pédocriminels qui ont déjà été condamnés et leur éviter tout contact avec les enfants.
Tous les pédophiles ne sont pas des pédocriminels. Un pédophile est quelqu’un, qui selon l’Organisation mondiale de la santé, montre une «préférence sexuelle pour les enfants, qu'il s'agisse de garçons, de filles, ou de sujets de l'un ou l'autre sexe, généralement d'âge prépubère ou au début de la puberté». (2008) Mais cette définition ne prend pas en compte les préjudices subis par les enfants, c’est-à-dire les crimes qu’il commet sur eux. On parle de pédocriminel pour désigner un pédophile qui est passé à l’acte.
Toutes les couches sociales
Le Dictionnaire de psychologie Larousse (1999) définit la pédophilie comme «trouble présenté par des adultes cherchant à obtenir une excitation sexuelle en ayant des relations, le plus souvent des attouchements, avec des enfants prépubères, ou en s’imaginant ces relations».
Pour Roland Coutenceau, psychiatre (2010) : «Est considéré comme pédophile celui (ou celle) qui éprouve une excitation sexuelle pour un corps d’enfant prépubère. On peut donc être pédophile sans être passé à l’acte.»
Il n’y a pas de profil type des pédophiles. On parle de polymorphisme de personnalités des agresseurs sexuels. L’abus sexuel se retrouve dans toutes les couches sociales, dans toutes les religions, dans toutes les régions. Dans 90 % des cas, l’abuseur est une personne se trouvant dans le cercle immédiat de l’enfant. Cela peut être l’un des parents, un grand-parent, un oncle, une tante, un cousin, un ami des parents, le voisin. N’importe qui peut être un potentiel abuseur. Dans le cas du meurtre d’Eleana Edouarda Gentil, la police suspecte dorénavant un cousin, qui était même aux côtés de la famille pour les recherches et la marche de solidarité.
Il existe toutefois des caractéristiques communes et une variation entre deux «groupes» de personnalités : un être dominant, pervers, qui veut avoir l’emprise le contrôle de l’enfant devenu objet de jouissance et l’autre immature, inhibé sur le plan sexuel et affectif par rapport aux adultes, qui lui est dans la perte de contrôle.
Manipulation de l’enfant
Le pédocriminel peut être très attentionné envers les enfants, leur offrant de petits cadeaux, les mettant en confiance. Les parents sont tout aussi bernés par ces criminels qui passent parfois des semaines, des mois, voire des années à cultiver cette confiance des parents et des enfants. En bon prédateur, il sait trouver la proie idéale, l’enfant qu’il réussira à manipuler. Il exerce une emprise sur lui, qui peut se traduire par des menaces, du chantage affectif, une autorité abusive.
Les abus sexuels sur les enfants sont des actes prémédités. Pendant des mois, l’abuseur peut planifier son attaque, guetter le bon moment pour passer à l’acte. Entre temps, l’abuseur va passer du temps avec l’enfant, lui donner de l’affection, de l’amour. Il va graviter autour de l’enfant, jouer avec lui et même se positionner comme une figure presque parentale. Souvent, le pédocriminel fera en sorte que l’enfant se sente important, comme un égal, un adulte.
Les pédophiles viennent de tous les milieux sociaux. L’abuseur peut être quelqu’un de connu, de «bonne famille», tout comme Michel de Ravel de l’Argentière, pédocriminel qui a avoué avoir sexuellement abusé de plusieurs fillettes âgées entre 4 et 7 ans. Pourtant, rien de l’extérieur ne laissait prévoir sa pédophilie. Michel de Ravel, âgé de 54 ans aujourd’hui, était un homme d’affaires bien établi, habitant Rivière-Noire. Il avait une famille, des amis, il était quelqu’un de très loquace. Cependant, derrière ce masque se cachait l’effroyable secret de ce qu’il faisait subir à des petites filles.
Du «bhai looké» au violeur récidiviste
Il a été arrêté en 2012. Les faits remontaient à 14 ans de cela, 14 années de souffrance pour ces fillettes victimes qui ont grandi avec ce lourd fardeau. Au départ, elles sont cinq à porter plainte contre Michel de Ravel. Face aux accusations, le pédocriminel capitule et dit regretter son erreur.
Son regret ne vient qu’après 14 années à dormir sur ses deux oreilles, car l’une des victimes l’a dit, il semblait tout oublier de ce qu’il lui avait fait subir à mesure qu’elle grandissait. Aujourd’hui les victimes de Michel de Ravel qui l’ont dénoncé sont au nombre de huit. Et pourtant, après une maigre caution de Rs 50 000 au total, Michel de Ravel est aujourd’hui en liberté dans le pays, en attendant son jugement.
Autre lieu, autre réalité de vie, mais toujours les mêmes abus, le cas de Lallchand Boodhoo. Ce détenu actuel a été condamné à huit ans de prison en mai dernier pour avoir kidnappé et abusé sexuellement de deux sœurs âgées de 9 et 10 ans en 2013. Un fou, un sadique, un «bhai looké», c’est en ces termes que Lallchand Boodhoo est connu dans sa région. Comment après huit ans de prison pour viol d’une sexagénaire, un homme connu des services policiers pour être un pervers, exhibitionniste et violeur, a pu être laissé en liberté sans aucune surveillance ?
Pourtant, Lallchand Boodhoo a lui aussi une famille, une épouse, deux enfants. Il a souvent montré des signes de troubles psychotiques par rapport à la sexualité. Il collectionnait des sous-vêtements appartenant aux femmes de sa localité, il les épiait à la rivière, il s’exhibait devant une usine, tout cela pour assouvir ses pulsions sexuels.
«Big Cheese» : des actes minimisés
Un cas qui a beaucoup fait parler de lui ces derniers temps, à l’étranger cette fois, c’est celui de «Big Cheese», en Nouvelles Galles du Sud, en Australie. Encore une fois, les victimes, tout comme leur bourreau, sont issues d’un milieu aisé.
L’ancien directeur général de la compagnie Bega fromage, Maurice Van Ryn, connu comme «Big Cheese», avait plaidé coupable en 2014 de 12 chefs d’accusation pour abus sexuels sur mineurs. Il avait admis en cour être attiré sexuellement par des enfants depuis son adolescence et ses attaques ont perduré pendant plus de deux décennies. Aujourd’hui âgé de 59 ans, l’ancien haut cadre australien dit regretter ce qu’il a fait.
Cependant, dire qu’il regrette lorsqu’il a été confronté à ses actions n’était que subterfuge, ont trouvé les juges. En effet, le bourreau de ces enfants ne regrette que le fait que ces actions soit criminelles. Il minimise à chaque fois l’impact qu’ont eu ces expériences sur les enfants victimes. Lorsqu’il était sous caution en 2014, Maurice Van Ryn avait encore une fois tenté d’agresser un enfant.
Pas d’empathie, pas de regret
Lorsque le juge lui a demandé des explications face à cette accusation, Maurice Van Ryn aurait dit que l’incident n’impliquait qu’une «main sur le genou et une tentative d’avoir un baiser - ce qui est assez léger comme charge d’attentat à la pudeur». Il aurait continué en disant qu’il était juste en train de taquiner l’enfant, qu’il n’était pas allé plus loin.
Jusqu’où regrettent-ils vraiment leurs actes ? Des traits communs des pédocriminels sont souvent de justifier leurs actes, de ne pas les critiquer, de jouer les incompris. Le repentir n’est guère dans leur vocabulaire et ils n’ont que très peu, voire pas d’empathie. A ce compte, n’est-ce pas grave de laisser libre ces récidivistes notoires qui n’ont pas commis une erreur une fois mais qui ont agressé maintes fois ? Ils écopent de cinq ans, dix ans de prison, mais dès leur sortie de cellule, le cauchemar recommence pour leurs proies.
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