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DPP vs ICAC: Satyajit Boolell remporte une première manche

15 juillet 2015, 07:58

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DPP vs ICAC: Satyajit Boolell remporte une première manche
C’est en cour qu’il a choisi de livrer bataille. Hier, mardi 14 juillet, le Directeur des poursuites publiques (DPP), Satyajit Boolell, a demandé en référé un ordre d’injonction intérimaire interdisant à l’Independent Commission against Corruption (ICAC) et au commissaire de police d’initier une enquête sur lui dans l’affaire Sun Tan. Il a également demandé un autre ordre pour empêcher l’ICAC et le commissaire de police de l’arrêter. Et la cour a accédé à sa requête.

L’affaire entendue cet après-midi 

C’est devant la juge Ah Foon Chui Yew Cheong que l’affaire sera entendue cet après-midi, mercredi 15 juillet. 
 
Le DPP soutient qu’à son retour de mission, le 8 juillet, il a pris connaissance d’articles de presse l’incriminant dans l’affaire Sun Tan. Il indique aussi que le vice-Premier ministre Showkutally Soodhun a fait une série de déclarations menaçantes à son endroit. 
 
Dans l’exercice de ses fonctions, poursuit Me Satyajit Boolell, il a instruit des poursuites contre l’ex-ministre Pravind Jugnauth, le vice-Premier ministre Soodhun et le «Chief of Staff» du bureau du Premier ministre, Prakash Maunthrooa. Le DPP dit son intention de déposer un procès principal devant la Cour suprême. 
 

Un ex-juge invite le DPP à «step down»

Dans un affidavit déposé hier pour évoquer cette affaire, Me Satyajit Boolell, implique également un ancien juge. Ce dernier lui aurait fait comprendre que s’il acceptait de démissionner, l’enquête initiée dans l’affaire Sun Tan serait abandonnée.
 
Me Boolell affirme que l’ex-juge, récemment nommé au Financial Reporting Council, a pris contact avec lui par téléphone le jeudi 9 juillet. Il lui a dit qu’une «mission délicate» lui a été confiée et qu’il agit au nom de la commission anticorruption.
 
Selon le DPP, l’ex-juge l’a invité à sa résidence, à Quatre-Bornes. Me Satyajit Boolell soutient qu’il ne s’est pas rendu à ce rendez-vous. Car, entre-temps, il aurait découvert que la «mission délicate» confiée à l’ex-juge consistait à le convaincre de démissionner de son poste.
 
Le lendemain matin, soit le vendredi 10 juillet, l’ex-juge l’a, à nouveau, appelé, poursuit le DPP. Me Boolell lui a alors expliqué les raisons pour lesquelles il n’est pas allé chez lui. Le DPP précise aussi avoir compris que s’il acceptait de «step down», l’enquête initiée par l’ICAC serait abandonnée. Me Satyajit Boolell considère que cette suggestion est insultante.
 
Vendredi après-midi, l’ex-juge lui a, une nouvelle fois, téléphoné pour lui dire que l’enquête serait interrompue. Mais il a averti le DPP qu’il devait faire profil bas et éviter de faire des déclarations publiques. Au cas contraire, ce serait sa perte.

D’énormes pressions sur le directeur de l’ICAC ?

Me Boolell explique que le même jour, le directeur général de l’ICAC, Lutchmyparsad Aujayeb, l’a appelé pour lui donner l’assurance que rien ne lui arriverait. Il l’a également invité à donner sa version des faits. Selon Me Boolell, Lutchmyparsad Aujayeb lui a révélé que la commission anticorruption subit d’énormes pressions dans cette affaire.
 
Le lundi 13 juillet, ajoute le DPP, le directeur de l’investigation de l’ICAC lui a confirmé qu’il n’y avait rien contre lui à la lumière d’une investigation préliminaire. Ce dernier lui a toutefois avoué que l’ICAC était sous pression.
 
Le DPP croit que de telles pressions émanent du vice-Premier ministre et ministre du Logement et des terres Showkutally Soodhun et du ministre des Services financiers et de la bonne gouvernance Roshi Bhadain. Ces derniers insistent pour que l’enquête suive son cours.
 
Me Boolell fait valoir que la décision de le convoquer ne peut se faire sur la base d’allégations et de preuves qui n’ont pas été vérifiées, en vertu de l’article 93 de la Constitution du pays. Le DPP est d’avis que cette présente enquête constitue «a colourable device» et bafoue la Constitution.