«Si un enfant ne sait pas d’où viennent les légumes, il est difficile de lui en faire manger». Tel est le postulat de Cindy Apollon, directrice du Flamboyant Education Centre (FEC), maternelle située à la Cité Flamboyant, Petite-Rivière qui accueille des enfants de deux ans et demi à cinq ans. L’école adhère depuis 2013 à un projet de potager bio initié par la K-Force Foundation auprès d’une dizaine de familles de la cité en vue de les rendre plus autonomes d’un point de vue alimentaire et qui s’intègre, en parallèle, à une approche pédagogique dont le but est de faire du tout-petit «un être entier».

 

Des directrices d’école comme Cindy Apollon, il en faudrait davantage, serait-on tenté de penser à entendre discourir la jeune femme souriante sur les bienfaits du jardinage. En effet, en nous montrant la dizaine de bacs offerts par la K-Force, elle cite Jean Piaget, scientifique suisse dont les travaux sur la psychologie du développement démontrent l’importance, chez l’enfant, de l’interaction avec son environnement. Le FEC, nous dit-elle, a vu le jour en 2011 grâce au parrainage de Soroptimist International qui, il y a deux ans, a approché la K-Force pour un projet de potager bio à la fois familial et scolaire. Dans cette optique, des bacs, du matériel de jardinage et des semences ont été remis à la maternelle et aux parents. Ceux-ci ont aussi été formés de même que les enseignants aux techniques de culture avec la collaboration du Mouvement pour l’autosuffisance alimentaire (MAA), partenaire de la K-Force, précise Vijay Naraidoo, manager de la fondation. C’est également auprès du MAA, poursuit-il, que la K-Force s’approvisionne en semences – coriandre (cotomili), haricots, laitue, pe-tsaï et brèdes tom pouce, notamment – et compost.

 

Cindy Apollon nous explique que le FEC comprend quatre classes et qu’à chacune d’entre elles sont confiés deux bacs du potager scolaire. Tous les matins, avec leurs enseignants, les enfants font une tournée d’inspection des légumes et herbes aromatiques. Les élèves apprennent à observer la croissance de leurs plants, à être attentifs aux bêtes qui les attaquent et prennent conscience de la portée d’un arrosage bien dosé, entre autres. Selon la directrice, le jardinage est un bon moyen d’inculquer aux tout-petits le sens des responsabilités. Ainsi, lorsqu’arrivent les vacances, ils apportent chez eux une plantule de haricot dans une moitié de bouteille en plastique et ont à charge de s’en occuper.

 

Aux bacs donnés par la K-Force, s’ajoutent peu à peu des contenants supplémentaires tels des pneus recyclés et aux semences initiales, d’autres cultures : basilic, queues d’oignons,giraumon… Les légumes et fines herbes, récoltés par les enfants eux-mêmes, servent à la préparation des repas chauds qui leur sont servis à midi. Cindy Apollon mentionne à ce propos un savoureux briani confectionné récemment avec leur cotomili et les jardinières agrémentées de haricots du potager. Vijay Naraidoo souligne d’ailleurs un des aspects fondamentaux de la démarche de la fondation : permettre aux enfants de bien grandir et d’améliorer leur performance scolaire grâce à des aliments aussi sains qu’appétissants.

 

 

 

Créée en 2011 par l’ex-député de Beau-Bassin/Petite-Rivière Kee Chong Li Kwong Wing, la K-Force Foundation propose son projet de potager bio en bacs à des familles d’Albion, de Barkly, Chebel, Vuillemin, Gros-Cailloux et Petite-Rivière, entre autres. Aux résidences NHDC de cette dernière localité où nous nous sommes rendus en compagnie de Vijay Naraidoo, manager de la fondation et de Michel Goolamsing, animateur de terrain, nous avons rencontré Christlène, coordinatrice du projet auprès d’une douzaine de familles. À partir des cinq bacs, matériel et semences qui ont été remis à chacune d’entre elles, leurs jardins se sont transformés grâce à leurs efforts et sont un bonheur pour les yeux : brèdes songes, fraisiers, thym, pieds d’aubergine, de piment, passiflore poussent aujourd’hui en pleine terre et parent les clôtures… Les fruits et légumes sont échangés entre les familles et le surplus vendu aux habitants de la localité, nous dit Christlène. La vie communautaire s’en trouve ainsi renforcée…