«Dix ans de travail sont menacés», a affirmé Nicolas Ritter, le président de PILS, jeudi 30 juillet, lors d’une conférence organisée par le Collectif Urgence Toxida (CUT), en collaboration avec des ONG œuvrant dans le milieu de la drogue et du VIH/Sida. Ce qui les inquiète ? «La proposition d’Anil Gayan qui préconise de ne pas accéder à la requête de tout nouveau demandeur de méthadone. Le gouvernement doit prendre position et dire s’il est d’accord», a indiqué Nicolas Ritter.

Ces ONG réclament une rencontre de toute urgence avec le Premier ministre par intérim Xavier-Luc Duval. Elles ont également envoyé une lettre à sir Anerood Jugnauth. Elles déplorent qu’aucune alternative n’ait été proposée et que les différents partenaires n’aient pas été consultés.

Selon Nicolas Ritter, «la méthadone permet à la personne de retrouver une stabilité et un travail. Ce qui contribue à une réduction de la criminalité car l’individu ne vole plus». Il a parlé de pays comme la Grèce ou la Roumanie, où l’arrêt des programmes pour des personnes qui s’injectent de la drogue a causé «un rebond incroyable du VIH et de l’hépatite C».

29 000 seringues pour 86 310 injections

Joëlle Rabot-Honoré, coordinatrice chez CUT, a fait ressortir que du côté de l’association, le nombre de personnes touchées par le programme est en hausse : 1 638 en 2013, 2 092 en 2014 et 2 543 pour la période de janvier à juin 2015.

Elle devait déplorer le nombre de seringues fourni par le ministère tous les mois. «CUT touche 959 individus chaque mois. En moyenne, ils se font injecter trois fois par jour. Si l’on multiplie ce chiffre par trente jours, ça fait 86 310 injections, donc 86 310 seringues. Or, le ministère ne nous en fournit que 29 000. Ce qui fait que le bénéficiaire ne se pique qu’avec une seule seringue alors qu’il est supposé en utiliser trois», a-t-elle affirmé.