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Conseil des ministres : Pourquoi Mushtaq Oosman a été éjecté

8 août 2015, 19:12

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Conseil des ministres : Pourquoi Mushtaq Oosman a été éjecté

«Je suis choqué, je ne m’attendais pas à cette décision. Je n’ai rien à me reprocher.» Réaction de Mushtaq Oosman quelques heures après l’annonce du Conseil des ministres quant à sa révocation en tant qu’administrateur spécial de la BAI, le vendredi 7 août. Un limogeage justifié par sa gestion des dossiers Iframac, Courts et Solis Indian Ocean Ltd, indique-t-on dans le compte rendu du Conseil des ministres.

 

Nommé aux côtés de Rajeev Basgeet, le 30 avril, par la Financial Services Commission (FSC), Mushtaq Oosman affirme avoir fait son travail dans «la transparence et dans le respect des principes de bonne gouvernance». Pourtant, explique une source proche de la FSC, plusieurs raisons ont conduit à sa révocation.

 

L’APPROBATION DE LA FSC N’A PAS ÉTÉ ATTENDUE

 

D’abord, au sujet de Solis Indian Ocean Ltd, il est reproché à Mushtaq Oosman d’avoir omis de consulter la FSC avant de mettre en vente cette filiale de la BAI. «L’approbation de la FSC n’a pas été attendue avant la vente», souligne notre source.

Autre reproche : le fait qu’il aurait «contribué» à faire en sorte qu’«IMC, CFAO, AXESS et LEAL disposent d’informations confidentielles pouvant les aider à reprendre les marques représentées par Iframac». Et ce, alors que ces entreprises n’avaient pas participé à l’appel d’offres pour la reprise de la société, fait-on ressortir. Ce que réfute Mushtaq Oosman.

 

«LES CONTRATS ÉTAIENT CADUCS»

 

Il insiste qu’il a agi selon les dispositions de chaque contrat signé entre les maisons mères des marques Mitsubishi, Peugeot et Mercedes et Iframac. «Dans les contrats, il est dit clairement que les franchises devenaient caduques au cas où la société passerait sous administration judiciaire. Les contrats étaient déjà caducs avant que je n’arrive», rétorque-t-il.

 

Autre dossier controversé : Courts. C’est l’appel d’offres qui a gêné les autorités. Il nous revient que, suivant une lettre adressée par David Isaacs à la FSC, cette institution a demandé que les administrateurs négocient avec les deux soumissionnaires, Mammouth et Courts Asia, sur une base sociale «pour voir lequel respecterait mieux les conditions imposées». C’est-à-dire, assurer la sauvegarde d’un maximum d’emplois, le paiement des salaires existants et préserver le temps de service. «Mushtaq Oosman a négocié uniquement avec Courts Asia. Et quand la FSC a étudié les deux offres, celle de Mammouth était la meilleure sur toute la ligne», avance notre source.

 

Contacté par téléphone hier soir, Roshi Bhadain a préféré ne pas faire de commentaire. Il n’empêche que depuis plusieurs semaines déjà, le ministre des Services financiers et de la Bonne gouvernance formulait de vives critiques à l’encontre des deux administrateurs. Il n’a pas caché son opposition devant certaines décisions qui avaient été prises.

 

Hier, lors de son intervention dans le cadre de la célébration des 45 ans d’Iframac, à Plaine-Lauzun, Roshi Bhadain n’a pas manqué de lancer : «Nous avons dû chercher des solutions nous-mêmes. Les Special Administrators n’ont donné aucun résultat alors qu’ils étaient nommés pour cela. Je me demande pourquoi il faut les payer !»

 

Quoi qu’en pense le ministre, la FSC a bel et bien une obligation contractuelle de payer les deux administrateurs spéciaux. «Mais ce ne sera pas à la hauteur du montant réclamé», affirme une source.

 

Question : s’ils sont deux à avoir fauté, pourquoi est-ce que Rajeev Basgeet a été maintenu en poste ? À cette question une source proche du dossier nous indique qu’il faudra la signature d’un administrateur spécial pour faire avancer d’autres dossiers. «Au cas contraire, tout prendra du retard», souligne-t-elle.

 

ASHOK SUBRON : «ILS ONT PORTÉ PRÉJUDICE À IFRAMAC»

 

«Les employés d’Iframac n’étaient pas satisfaits de la gestion des Special Administrators. Plusieurs actions ont porté préjudice à Iframac. Nous avons rapporté ces faits au gouvernement. Nous nous demandons d’ailleurs si l’Etat peut ainsi refiler ses responsabilités à une firme privée», a réagi le représentant syndical Ashok Subron.

 

DOUCHE FROIDE POUR PWC

 

Dans le milieu de PricewaterhouseCoopers (PwC), la nouvelle a eu l’effet d’une douche froide. Joint au télé- phone hier après-midi, André Bonieux, «Country Senior Partner» de PWC, n’a pas caché sa surprise. Il dit ne pas comprendre ce qui a motivé une telle décision. «Il y a deux administrateurs spéciaux qui ont été nommés au même moment. Ils ont une responsabilité conjointe. Je ne comprends pas comment un seul partenaire a pu être révoqué. C’est choquant!»