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Ferguson a toujours peur de sa police malgré les réformes

9 août 2015, 15:11

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Ferguson a toujours peur de sa police malgré les réformes

La scène qui se déroule ce vendredi soir d'août devant le commissariat de Ferguson, dans le Missouri, peut sembler familière: 300 manifestants, protestant contre la mort du jeune adolescent noir Michael Brown il y a un an, se retrouvent nez à nez avec un cordon de policiers, leur criant des grossièretés.

 

Mais contrairement à l'été 2014, quand les forces de l'ordre répondaient aux manifestants, même pacifiques, à coups de matraques, de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc, les agents ont pour consigne de ne pas bouger.

 

"Notre boulot maintenant, c'est d'écouter", explique Dominica Fuller, récemment promue au rang de sergent. Elle est l'un des cinq policiers noirs de la force de police de Ferguson, qui compte 50 agents pour une ville de 21.000 habitants.

 

Outre plusieurs jours d'émeutes dans la ville, la mort de Michael Brown sous les balles du policier blanc Darren Wilson, le 9 août 2014, a provoqué un vif débat aux Etats-Unis sur les violences policières à l'encontre des minorités.

 

Les mêmes scènes de colère et de protestation se sont reproduites les mois suivants dans des villes comme New York et Baltimore à la suite d'autres bavures policières, pour dénoncer un "racisme institutionnalisé".

 

La municipalité de Ferguson elle-même a été la cible des critiques. Dans un rapport sévère rendu public en mars dernier, le département de la Justice a réclamé de profondes réformes au sein de la police et du système judiciaire local, dénoncés pour leurs préjugés raciaux systématiques qui, selon l'Attorney General (ministre de la Justice) Eric Holder, ont créé un "environnement toxique" dans cette commune de la banlieue de St Louis.

 

"TOUS LES NOIRS QUE JE CONNAIS ONT PEUR DE LA POLICE"

 

La réponse mesurée des policiers aux manifestants illustre les efforts entrepris par la mairie pour améliorer les relations entre une police encore très majoritairement blanche et une population à forte majorité noire.

 

Anthony Gray, avocat de la famille Brown, relève avec satisfaction un certain nombre de changements au sein de la police locale, en particulier la nomination d'un chef de police afro-américain, même si c'est un chef par intérim.

 

"Ils ont pris des mesures positives qui vont dans la bonne direction", dit-il.

 

Les policiers doivent apprendre à apaiser les tensions, être formés contre les préjugés, se montrer "professionnels à tout moment", comme leur rappellent des "superviseurs". Les réformes portent également sur le recrutement accru d'agents issus des minorités et sur l'amélioration des relations publiques.

 

Cela ne suffit pourtant pas à rassurer une partie des habitants noirs de Ferguson.

 

Andrea Walker, une mère de famille âgée de 25 ans, conseille à son beau-fils de 13 ans d'éviter tout comportement troublant devant un policier, par crainte de ses réactions.

Elle est encore étonnée d'avoir récemment été contrôlée pour un excès de vitesse par un policier qui l'a laissée partir avec un simple avertissement.

 

"Toutes les personnes noires que je connais ont peur de la police", dit-elle. Une vingtaine d'autres habitants interrogés partagent son avis.