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Rolph Schmid, Managing Director d’ Indigo Hotels : «L’hôtellerie est le secteur qui perd le plus de main-d’oeuvre au profit des pays étrangers»

12 août 2015, 09:20

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Rolph Schmid, Managing Director d’ Indigo Hotels : «L’hôtellerie est le secteur qui perd le plus de main-d’oeuvre au profit des pays étrangers»
Dans le cadre de la réouverture du Labourdonnais Waterfront Hotel à la suite d’une grande rénovation, Rolph Schmid, Managing Director d’Indigo Hotels, nous parle des perspectives de développement pour le tourisme d’affaires et l’hôtellerie.
 
Qu’est-ce qui a motivé la rénovation du Labourdonnais Waterfront Hotel ?
Les attentes de notre clientèle d’affaires ont évolué ces dernières années. Nos clients ont pour habitude de voyager à travers le monde et ont aujourd’hui un niveau d’exigence élevé. Il fallait donc se renouveler et repenser le Labourdonnais pour être en totale adéquation avec les besoins d’aujourd’hui : davantage de sur-mesure, de modernité, de service, de bien-être et d’accès aux nouvelles technologies.
 
À l’époque où l’hôtel avait été construit, les gens ne voyageaient pas encore avec leur ordinateur portable ou leurs tablettes. D’où la nécessité d’avoir un Business Centre. Aujourd’hui, cette prestation n’étant plus nécessaire, on s’est appliqués à offrir une connexion internet gratuite haut débit. De plus, nous avons créé un executive lounge, exclusivement dédié à une clientèle haut de gamme. Cela comprend une réception privée avec un service de check-in et de check-out personnalisé et un salon privatif avec un service de restauration raffiné tout au long de la journée.
 
L’hôtel, qui a ouvert ses portes en 1996, a effectué une cure de jouvence pour continuer d’éblouir sa clientèle tout en gardant son caractère et sa personnalité. Ce rafraîchissement s’est d’abord illustré par une décoration intérieure entièrement repensée privilégiant la lumière et les grands espaces avec une gamme de couleurs claire, entre chic et minimalisme, davantage dans l’air du temps.
 
Le Labourdonnais s’est aussi doté de plusieurs nouvelles installations : un bar à ciel ouvert sur la terrasse extérieure de l’hôtel, qui, elle, a été entièrement redessinée ; un Coffee Lounge, un nouvel espace pour les rendez-vous professionnels ou entre amis ; le Centre de conférence avec des salles et prestations entièrement revisitées. Sans oublier plusieurs restaurants au concept novateur et notamment le restaurant asiatique fusion, Yuzu, dont les recettes thaïes, vietnamiennes, chinoises ou japonaises répondent aux tendances culinaires actuelles.
 
En outre, l’hôtel est à présent doté d’un étage exclusivement dédié à la gent féminine. Cet étage n’est desservi que par du personnel féminin et les chambres ont été spécialement aménagées pour accueillir des femmes qui sont en voyage d’affaires. Cette initiative découle du fait que nous avons constaté que le nombre de femmes dans les affaires a augmenté. Il y a de plus en plus de femmes CEO, des femmes qui occupent des postes de responsabilité et nous avons senti qu’il était tout aussi important de répondre à leurs besoins.
 
Comment se porte le secteur du tourisme d’affaires et quelles sont les perspectives de développement pour ce segment ?
Il faut savoir que ce segment dépend de la situation économique. Les facteurs sont donc très différents d’un segment de loisir. De par sa position géographique, Maurice sert de plateforme entre l’Afrique, l’Asie et l’Europe : je suis donc confiant que l’on pourra attirer l’investissement. Lorsque l’on regarde les nombreux projets du gouvernement ainsi que ceux du secteur privé, il y a une cohérence. D’ailleurs, l’un ne peut opérer sans l’autre.
 
Cela fait 16 ans que je suis ici : je peux véritablement dire que le secteur privé est très dynamique. Il y a plusieurs entrepreneurs qui regardent par-delà les terres mauriciennes et ils représentent de véritables piliers pour ce secteur. Car grâce à leur business à l’étranger, ce sont eux qui vont créer la demande pour les hôtels d’affaires. Bien entendu, tout cela dépend également du gouvernement, notamment lorsqu’il s’agit de créer la richesse, un environnement propice au développement des affaires, mais aussi en ce qui concerne la création d’emplois. Si l’on regarde à quoi ressemblait Maurice il y a 20 ans, il est clair que le pays a connu un développement considérable au fil des années et cela ne peut que continuer.
 
Quel est le profil de la clientèle du segment tourisme d’affaires» ? Que recherchent ces clients et comment dépensent-ils ?
Le tourisme d’affaires comprend plusieurs segments. Il y a par exemple, les Chief Executive Officers, des présidents de conseil d’administration qui ne séjournent en général que deux à trois nuits. Ces clients font souvent face à des contraintes de temps. Ils se déplacent à l’étranger pour assister à des réunions de conseils d’administration, pour entamer ou finaliser des négociations. Nous recevons également des directeurs, qui se déplacent pour mettre sur pied des entreprises ou établir des relations d’affaires. Et puis, il y a des consultants qui viennent aider les entreprises locales ou internationales. Ces clients opèrent souvent dans le secteur financier et bancaire. Certains font aussi le déplacement pour des formations.
 
La tranche d’âge est quant à elle très variée. Voilà pourquoi nous avons différents hôtels. À titre d’exemple, au Labourdonnais, la clientèle est plus aguerrie, le style plus classique. Le Suffren est par contre plus jeune. Idem pour le Hennessy Park qui se veut à la fois jeune et moderne. The Address Boutique est quant à lui situé dans un endroit stratégique, pouvant desservir le nord de l’île ainsi que Port-Louis, car l’hôtel n’est pas loin de la capitale.
 
En ce qui concerne les dépenses, tout dépend, bien souvent, du mandat qu’ils ont reçu de leurs sociétés. Si quelqu’un s’est déplacé pour une réunion, il ne passe en général qu’une nuit à l’hôtel. Les appart hôtels du Suffren ont été conçus pour accueillir des clients qui vont séjourner entre trois et cinq mois. Ceux-là peuvent être des professionnels qui se déplacent pour installer des systèmes informatiques au sein d’entreprises. Raison pour laquelle ils auront tendance à faire un plus long séjour.
 
Mais il y a un segment en particulier qu’il ne faudrait pas négliger, c’est celui des conférences. C’est un créneau qui pourrait être davantage développé à Maurice. L’hôtel possède une salle de conférence mais Maurice possède également des emplacements comme celui du Swami Vivekananda International Convention Centre qui pourrait accueillir des conventions.
 
Plusieurs conférences ont lieu en Afrique du Sud par exemple, que ce soit dans le secteur médical ou minier. Ces évènements attirent des gens venus des quatre coins du monde. Maurice est tout à fait habilité à accueillir ce genre de conférence, tout en y ajoutant du loisir au passage.
 
Comment voyez-vous l’évolution du secteur touristique ? Pourrons-nous atteindre le million d’arrivées touristiques, selon vous ?
Les hôteliers ne lésinent pas sur les moyens pour maintenir leur niveau. Le gouvernement met en oeuvre tous les efforts possibles afin que les objectifs soient atteints. De manière générale, je suis confiant que les choses iront dans la bonne direction. Mais n’oublions pas que nous vivons dans un monde hautement compétitif. Je suis d’avis qu’en ralentissant la construction de nouveaux hôtels pour les deux prochaines années, le ministère du Tourisme envoie un signal positif car cela devrait rééquilibrer l’offre et la demande et permettre aux hôteliers de réinvestir et de rénover leurs hôtels.
 
En outre, il faut savoir que ce secteur est celui qui perd le plus de main-d’oeuvre au profit des pays étrangers. Les Mauriciens sont très demandés dans les pays qui emploient à tour de bras, comme au Moyen-Orient, au Qatar ou encore à Dubaï. Ces pays emploient des gens des quatre coins de la planète. Et les Mauriciens ont le profil idéal car grâce à leur multiculturalisme, ils comprennent à la fois la culture occidentale et la culture orientale. Au niveau du langage, les Mauriciens maîtrisent non seulement l’anglais et le français mais certains parlent aussi l’italien ou l’allemand. Les bateaux de croisières aussi sont friands des professionnels mauriciens.
 
Ces derniers temps, le gouvernement a mis les bouchées doubles pour la promotion de la destination Maurice sur le marché asiatique. Est-ce un marché porteur pour le tourisme d’affaires ?
Il est bien évidemment impératif d’explorer de nouveaux marchés car nous ne pouvons nous cantonner à nos marchés existants. Nous ne pouvons pas non plus nous attendre à ce que la compagnie d’aviation nationale aille explorer seule de nouveaux marchés. Voilà pourquoi l’arrivée de nouveaux transporteurs est la bienvenue. Le marché asiatique est un créneau qui a de plus en plus d’impact sur le secteur touristique dans certains pays. Ce qui fait que nous ne pouvons ignorer son potentiel.
 
Mais pour l’heure, les arrivées business en provenance de l’Asie restent encore faibles mais cela pourrait changer rapidement dans le futur. Aujourd’hui, la provenance des hommes d’affaires qui visitent Maurice est liée principalement aux pays qui entretiennent des liens commerciaux avec Maurice.
 
L’Afrique du Sud, par exemple, est un marché important, de par les liens économiques que ce pays entretient avec Maurice. Il y a également pas mal de développement en Afrique. Dans la foulée, plusieurs entreprises mauriciennes sont installées sur le continent, ce qui génère du trafic entre Maurice et le continent africain. Et puis, il y a l’Inde, la France ou encore le Royaume-Uni. Nous avons aussi constaté un certain développement au Moyen-Orient, mais il est encore faible. En somme, tout dépend des routes commerciales.
 
Le groupe Indigo a-t-il des projets en vue dans la région ?
Nous sommes ouverts à toutes les opportunités à ce stade mais nous restons tout de même vigilants, tant sur l’aspect financier que sur les endroits où l’on pourrait développer des projets. Il s’agit aussi de bien cerner ce que recherchent nos partenaires. Mais nous nous penchons effectivement sur une expansion.
 
Nos priorités pour l’heure sont de consolider nos assises et de nous assurer que nos établissements demeurent profitables. Le groupe a connu un développement assez rapide ces dernières années. Nous avons commencé avec le Labourdonnais, suivi du Suffren auquel nous avons ajouté les appart hôtels. Et puis il y a eu le Hennessy Park, et juste après, il y a eu la rénovation du Labourdonnais, en plus de The Address Boutique Hotel ! Notre petite équipe a donc été très occupée.