Ils ont une place de choix dans une salle d’audience.  Ils ont la difficile tâche de décider de la culpabilité ou de l’innocence des accusés, cela en analysant les plaidoiries des deux parties concernées. Généralement, ils sont au nombre de neuf. Mais qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Comment sont-ils sélectionnés ? Réponses.

Comment sont choisis les neufs jurés ?

Il n’y a pas 36 solutions. Les citoyens mauriciens âgés entre 21 et 65 ans  qui souhaitent faire partie de la  bande doivent adresser une lettre au Master & Registrar au plus tard  le 30 juin afin d’être «éligibles» pour  l’année en cours. Un panel comprenant 50 personnes est alors sélectionné. La liste est par la suite ramenée à neuf, avant chaque procès.

Est-ce qu’on remonte leur arbre généalogique pour savoir s’ils sont parentés à l’accusé ?

Non. Et puis de toute façon, à Maurice, tout le monde connaît tout le monde.

Doit-on avoir un casier vierge ?

Oui, le casier doit être blanc comme neige, voire immaculé.

Respecte-t-on un certain équilibre ethnique pour qu’il n’y ait pas d’allégations de racisme ?

En quelque sorte. Dans l’affaire Lam Po Tang, par exemple, il n’y avait pas de représentant de la communauté chinoise parmi les jurés. Cela, afin que la «perception» ne soit pas altérée.

Est-ce-qu’il y a des professions qui sont «privilégiées» ?

Oui, la majorité des jurés sont des fonctionnaires. Les enseignants par exemple, sont bien vus, les journalistes et autres fouineurs, non.

Vérifie-t-on le profil psychologique des jurés ?

Non. C’est le principe de la «présomption d’innocence» qui prévaut. Les psychopathes ont peut-être toutes leurs chances…

Quel est leur rôle ?

Écouter les plaidoiries des deux parties, analyser les faits et les preuves et dire, après un minimum de cinq heures de délibération, si l’accusé est coupable ou pas.

A-t-on déjà contesté  la légitimité des jurés ?

Oui et pas plus tard que cette année. Dans le cas d’Indraduth Mohit, accusé d’avoir poignardé un homme. Un des jurés a expliqué que l’accusé l’avait approché alors qu’il se rendait dans une quincaillerie. Le juge a alors ordonné qu’un nouveau panel de jurés  soit constitué.

Last but not least, des pépettes, des sousous, bref, de l’argent, en reçoit-on lorsque l’on est juré ?Non. Mais des amuse-bouches et des boissons fraîches, oui.

C’est tout ?

Ah non, il fallait garder le meilleur pour la fin. Dès qu’un juré est choisi, un van débarque chez lui, lui demande de faire ses valises, de faire des bisous à ses proches. Direction l’hôtel, où il sera logé, nourri et blanchi, parfois pendant des mois, comme dans le cas de l’affaire Harte…