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Economic Mission Statement: derrière les chiffres…
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Economic Mission Statement: derrière les chiffres…
Pour réussir le second miracle économique et positionner Maurice comme un pays à revenu élevé, sir Anerood Jugnauth a visiblement mis la barre très haut. Il propose d’attirer Rs 185 milliards d’investissements privés d’ici cinq ans et de créer, dans la foulée, 100 000 emplois. Condition sine qua non pour viser une croissance de 5,5% d’ici 2017.
Des objectifs ambitieux qui ont néanmoins plu aux capitaines d’industrie qui se réjouissent de ce déclic. Plus particulièrement de la décision de sir Anerood Jugnauth de replacer l’économie au centre des priorités de son gouvernement. «L’exercice du Premier ministre a le mérite de clairement définir ses priorités en termes de création d’emplois, d’investissements privés et du calendrier d’exécution qui est assorti», explique John Chung, partenaire chez KPMG.
Certes, s’il s’interroge sur la capacité de ce gouvernement à réaliser de tels objectifs, jugés par certains d’irréalistes, John Chung soutient que ceux-ci sont réalisables à condition que des moyens financiers et des ressources, tant techniques que logistiques, soient mis en place. «C’est une vision économique que le Premier ministre a partagée avec les opérateurs. Il a défini le cap et établi la feuille de route. Il incombe aux opérateurs to keep the ball rolling», insiste le partenaire de KPMG.
«Tout est une question de volonté», indique de son côté Renga Padayachy, économiste chez MCCI. «Créer 100 000 emplois dans cinq ans, soit 20 000 par an, ne relève pas d’un miracle si toutes les conditions sont réunies. Tout dépendra de notre capacité à attirer des capitaux étrangers.»
Une analyse qui rejoint celle de l’économiste Swadicq Nuthay. Tout en insistant que le discours du Premier ministre comprend foncièrement de bonnes intentions, il souligne que tout dépendra de l’exécution des mesures annoncées. «Le secteur privé est déjà financièrement essoufflé. Il existe une limite quant à la capacité des opérateurs économiques à investir dans des projets qui, soit dit en passant, doivent être également attrayants financièrement.» Et d’ajouter qu’«il ne faut pas oublier que le secteur privé va investir dans des projets qui sont, à première vue, profitables».
Le gouvernement a identifié une dizaine de secteurs porteurs de croissance. À première vue, ce sont les mêmes piliers qui contribuent à booster l’économie et positionner le pays à enregistrer un second miracle économique. Toutefois, ce qui saute aux yeux est la position du secteur océanique privilégiée par le gouvernement comme le plus gros générateur d’emplois, soit 25 000 d’ici 2019.
«Pour que le pays soit en mesure de créer autant d’emplois dans un secteur spécifique, il faut préalablement qu’on ait une croissance de plus de 5,5% et un taux d’investissement avoisinant les 25%», ajoute Swadicq Nuthay tout en rappelant l’importance d’apporter parallèlement des réformes intentionnelles pour faciliter les investisseurs étrangers et locaux à faire du business dans les meilleures conditions à Maurice.
De son côté, Rajiv Servansingh, observateur économique, estime peu réalistes les mesures annoncées dans l’Economic Mission Statement. «C’est un discours très volontariste avec sir Anerood Jugnauth affirmant son leadership sur le plan économique. Ce qui pèche, ce sont les moyens dont il dispose pour atteindre ces objectifs.» Et d’ajouter qu’il trouve néanmoins positive la déclaration du Premier ministre selon laquelle il présidera le Steering Committee qui veillera à ce qu’il n’y ait pas de macadams qui puissent faire gripper la machinerie économique. La rencontre chaque trimestre, réunissant les représentants du secteur privé et ceux du gouvernement, est jugée positive par Rajiv Servansingh.
«Pari sur l’avenir»
Reste certes la croissance. Sir Anerood Jugnauth a retardé d’une année l’échéance d’une croissance de 5,5%. Celle-ci, annoncée par le ministre des Finances pour 2016, ne sera réalisable qu’en 2017, selon la prévision du Premier ministre. «C’est un véritable pari sur l’avenir dont une part de responsabilité relève du secteur privé», affirme Azad Jeetun, économiste et ex-directeur de la Mauritius Employers’ Federation.
Visiblement, si le secteur privé est consensuel quant au message véhiculé par l’Economic Mission Statement du Premier ministre, tel ne semble pas le cas quant aux objectifs fixés à moyen et long termes.
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