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Drogue: «La place d’un toxicomane n’est pas en prison» 

31 août 2015, 19:49

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Drogue: «La place d’un toxicomane n’est pas en prison» 
«Un toxicomane, c’est un malade. Et on n’envoie pas un malade en prison», a martelé Imran Dhunnoo, directeur du centre Idrice Goomany. C’était lors d’un débat ayant pour thème «l’impact de la drogue sur les jeunes et les implications légales», organisé à Réduit, ce lundi 31 août. L’initiative en revient à la Law Society de l’université de Maurice. Le débat s’est déroulé en présence des membres du Cannabis Legalization And Informative Movement (CLAIM), ceux de la communauté des rastafaris et des étudiants de la faculté Law and Management. 
 
L’addictologue Dr Fayzal Sulliman a été le premier à souligner que la toxicomanie n’est pas une maladie comme une autre. «Il y a des problèmes psychologiques qui y sont associés. Il ne suffit pas de fournir la méthadone, mais il faut aussi assurer la réhabilitation de ces personnes», a-t-il fait valoir. 
 
Il s’est aussi attaqué à la perception qui veut que le programme d’échange de seringues soit un encouragement à la toxicomanie. «Bien au contraire, il permet de prévenir la transmission des maladies tels que le Sida et l’hépatite», a insisté le Dr Fayzal Sulliman. 
 
Ce dernier a aussi tiré la sonnette d’alarme quant à la polytoxicomanie qui prend du terrain. «C’est un problème. Comment traiter une personne qui consomme plusieurs drogues ?» fait-il valoir. 
 
De son côté, Imran Dhunnoo dit noter que de plus en plus de jeunes, mais aussi de femmes abusent de l’utilisation de médicaments. Cela, dans le but de rechercher les effets semblables à ce que procurent les drogues. 

Dépénaliser ou pas ?

Le thème de ce débat n’était cependant pas celui annoncé au départ. Ainsi, au lieu de dépénalisation, les intervenants devaient en fait s’adapter au thème qui a subitement changé. 
 
Mais Me Rama Valayden a tenu à faire ressortir que la marijuana était légale avant 1915. «Sur les certificats de naissance, les parents y mentionnaient qu’ils étaient des gandia sellers», a-t-il ajouté. Et d’ajouter que sir Seewoosagur Ramgoolam était très tolérant envers la marijuana. La Réunion l’est aussi. 
 
Imran Dhunnoo se dit très pessimiste par rapport à la dépénalisation. «Ce ne sera pas pour demain», dit-il.  Et de souligner : «On ne dit pas que les gens doivent prendre de la drogue. C’est un choix personnel. Mais on ne peut pas généraliser car différentes drogues produisent différents effets».  
 
Il faut un observatoire de la drogue, est, lui d’avis Kunal Naik du Collectif urgence toxida (CUT). Selon lui, cela est nécessaire car «on doit prendre en considération que tous les consommateurs de drogue ne sont pas dépendants. Il faut que l’Etat étudie les différentes options de dépénalisation des drogues», ajoute-t-il.     
 
CUT et PILS compteront du reste faire circuler un document sur la question aux membres de l’Assemblée nationale. D’autant plus que la drogue figure parmi les questions parlementaires à la rentrée demain, mardi 1er septembre.