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Des soirées à l’étranger, un tremplin vers une carrière internationale ?
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Des soirées à l’étranger, un tremplin vers une carrière internationale ?
Les artistes locaux ont de tout temps rêvé de se faire connaître à l’étranger. D’ailleurs, on retrouve des Mauriciens qui font venir des artistes dans leur pays d’adoption lors de soirées. À titre d’exemple, plusieurs organisateurs de concerts collaboreront pour proposer un événement à la mauricienne au pays des kangourous le 10 octobre – une initiative de Creolita, boîte d’événements dirigée par Edy Heerah. Mais ces artistes arrivent-ils vraiment à se faire un nom ? Et à quel prix ?
«J’ai souvent été invité à jouer dans divers pays, notamment en Angleterre, en France et en Australie. Il y a des organisateurs qui sont des professionnels en la matière et d’autres qui ne pensent qu’à l’argent qu’ils pourront amasser en se servant du nom de l’artiste», explique Bruno Raya. Maps, parfois, fait ressortir le chanteur, les artiste sinvités ne sont pas convenablement accueillis.
«Je me souviens d’une fois où on nous avait fait dormir sur un matelas à même le sol et rempli de punaises», raconte Bruno Raya. Et d’ajouter qu’il fallait appeler l’organisateur pour avoir à manger. Pour ce qui est de leur cachet, dit-il, ils n’avaient même pas été payés. Qui plus est, la qualité sonore proposée lors des concerts est souvent «pourrie».
Même son de cloche du côté de Gérard Louis. «Je peux dire que la plupart des artistes qui participent à ces soirées mauriciennes sont maltraités. Les organisateurs de ces soirées ne sont pas des professionnels. Ils choisissent un artiste qui marche fort à Maurice et l’invite pour attirer la clientèle mauricienne dans leur pays d’adoption», s’insurge l’artiste. Pour lui, ce n’est autre que du «business».
Edy Heerah, promoteur de concerts depuis plus de 20 ans en Australie, reconnaît, pour sa part, que certains organisateurs peuvent être malhonnêtes. Or, il assure faire de son mieux pour aider les artistes locaux. «C’est dans ce contexte que nous organisons un grand fancy-fair avec un concert le 10 octobre en Australie avec plusieurs artistes mauriciens, soutient-il. Quand nous organisons des bals en Australie, nous nous assurons que ces événements soient également ouverts aux Australiens en mettant de la publicité dans les journaux.»
De son côté, Eshan Badal, promoteur d’événements depuis plus de 10 ans en Angleterre et organisateur du Mauritian Open Air Festival – qui accueille depuis 2009 plus de 14 000 personnes par an –, estime que ceux qui maltraitent les artistes mauriciens font honte à la profession.
«Notre réputation est très importante», reconnaît-il. «À chaque festival, nous essayons de faire en sorte que les artistes invités rencontrent les médias d’ici. L’année dernière, la BBC avait filmé le festival.»
Cette pratique permet-elle vraiment aux artistes de se faire connaître à l’étranger et d’avoir la possibilité d’entamer une carrière ? À cela, Bruno Raya répond que rares sont les organisateurs de soirées à l’étranger qui offrent une visibilité aux artistes locaux.
Gérard Louis révèle, quant à lui, que les artistes mauriciens participant à ces soirées n’ont que peu ou pas de frottement avec les professionnels du secteur, tels que des producteurs ou des tourneurs susceptibles de lancer leur carrière. «Si un artiste veut faire carrière à l’étranger, il doit travailler avec des professionnels, de vrais organisateurs d’événements.»
«JOUER DANS PLUSIEURS PAYS»
Eshan Badal affirme, lui, qu’un artiste qui participe à des soirées organisées dans un seul pays ne peut pas s’attendre à faire une carrière internationale. «C’est pourquoi j’essaie de m’associer à d’autres organisateurs en France et en Allemagne pour parvenir à offrir aux artistes mauriciens la possibilité de jouer dans plusieurs pays quand ils se déplacent pour l’Angleterre.»
Les soirées organisées à l’étranger, est-ce une affaire qui rapporte de l’argent ? Avec des billets d’entrée coûtant entre 25 et 35 dollars australiens pour des soirées pouvant accueillir jusqu’à 1 400 personnes, Edy Heerah avance que ce business n’est pas des plus lucratifs. «Nous avons des frais tels que payer les billets d’avion et le logement des artistes.»
Si Eshan Badal affirme ne pas gagner des millions, il explique qu’il arrive à vivre de cette profession. Mais que cela lui demande un énorme travail. «L’organisation du Mauritian Open Air Festival doit commencer un an en amont», soutient-il. Et d’ajouter que si les artistes invités n’ont que peu d’espoir de voir leur carrière décoller en participant à ces soirées mauriciennes, ils peuvent toutefois recevoir un cachet intéressant de 700 dollars australiens ou de 500 livres sterling à monter par soirée.
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