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[Video] Gandia : le campus en pétard
6 septembre 2015, 19:37
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[Video] Gandia : le campus en pétard
«Les débats sur les problématiques liées à la société mauricienne sont en permanence encouragés sur le campus et les thèmes liés à la drogue ont déjà été débattus sans problème.» La vice-chancelière de l’université de Maurice, Romeela Mohee, aimerait sans doute revêtir l’habit seyant de l’ouverture d’esprit. Mais la vérité est que tous les débats ne sont les bienvenus à l’Auditorium Octave Wiehe.
Celui sur la dépénalisation du cannabis, prévu lundi dernier, s’est fait «fumer». Déprogrammé à la dernière minute en raison d’un souci de procédure, le Registrar n’ayant pas reçu dans les délais le bon intitulé. Un cafouillage que les co-organisateurs de la Students’ Union et de la Law Society ne contestent pas. Tout en regrettant le thème plus gentillet qui leur a finalement été imposé : «L’impact des drogues chez les jeunes».
Assis dans l’herbe en contrebas de la cafét’, Anwar, étudiant en électronique, sourit à son smartphone en pianotant. Ce qu’il retient de ce rétropédalage ? «à Maurice, la question n’est pas encore de savoir s’il faut ou non dépénaliser le gandia, mais s’il est simplement possible d’initier ou non un débat sur la question.» Ce débat, Lucie, en filière anglais, le souhaite aussi. «D’abord, pour connaître l’impact sur la santé. Ce qui est dangereux, c’est l’ignorance. Les jeunes sont mal informés sur la drogue en général et sur le gandia en particulier. Ce silence fait le jeu des dealers.»
Cette volonté d’effriter le tabou du gandia semble partagée par un grand nombre d’étudiants, qui attendent «de l’information» plutôt que des coups de bâton. «Plus c’est tabou, plus c’est tentant», commente Ryan, 20 ans, qui s’invite dans la discussion. Bras croisés et regard songeur, le jeune homme va plus loin : «Diaboliser la marijuana n’a pas de sens. La consommation se banalise, le ‘mass’ fait partie du quotidien de plein d’étudiants, au même titre que la cigarette. Mais contrairement au tabac, le gandia ne tue pas des centaines de Mauriciens chaque année.»
Des dépénalisateurs en herbe, les étudiants ? Pas forcément. Mais tous soulignent l’échec de la répression. Coûts exorbitants, résultats discutables, trafics florissants… Autant de signaux forts qui devraient pousser à «une évolution de la législation», selon Heylanee, en sciences politiques. Elle non plus ne comprend pas les crispations de son administration et l’écran de fumée autour du gandia. «Un débat n’a jamais tué personne. Si on ne peut pas parler de sujets sensibles à l’université, ou va-t-on pouvoir le faire ?» Kavesh acquiesce. «Dépénaliser, je ne sais pas si c’est une bonne idée, mais on doit pouvoir en parler. L’information, elle, doit pouvoir circuler librement.»
Natasha, en sociologie, y voit «une question de génération. Les responsables de l’université ont parfois l’âge de nos grands-parents. Certains sont prisonniers de leurs préjugés et des pressions politiques. Ils attrapent des boutons si on leur parle de gandia !» Pantacourt kaki et casquette NBA vissée sur une tête rieuse, son voisin de pause-café met les choses au clair : «Le but d’un débat n’est pas d’encourager à fumer, de dire allez-y, faites pousser de l’herbe.» Mais plutôt de libérer la parole sur «un sujet qui touche les jeunes».
«À quand la fin de l’hypocrisie ?» surenchérit sèchement l’énergique Ornella, top rose et veste en jean. «Des fumeurs, on en connaît tous ici. Les endroits tranquilles pour rouler son joint, ce n’est pas ce qui manque. L’administration ferme les yeux et laisse faire. Alors pourquoi avoir peur d’un débat ?»
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