Publicité
Indira Bhugobaun ou le désir de servir la population
Par
Partager cet article
Indira Bhugobaun ou le désir de servir la population
Cela ne fait que cinq mois que cette benjamine de huit enfants est en poste au Police Press Office (PPO). Mais à voir Indira Bhugobaun échanger avec ses collègues et son supérieur, Shiva Khoothen, qu’elle a côtoyé lorsqu’elle était à la Crime Prevention Unit (CPU), de même qu’avec les journalistes de passage, on la sent déjà imprégnée du travail de ce département. Elle a été nommée Woman Police Cadet Inspector cette semaine.
Cette habitante d’Eau-Coulée compte 19 ans de service dans la force policière. Mais son désir d’y être remonte à lorsqu’elle avait dix ans. «J’étais fascinée par l’uniforme et par le côté social de ce travail.» Mais son père, un fonctionnaire, ne l’entendait pas de cette oreille.
Lorsqu’elle complète ses études secondaires, filière économie et comptabilité au collège Mauritius, elle rêve d’étudier à l’université de Maurice. Mais les finances familiales ne suivent pas. Elle décide d’obtenir son permis de conduire et de travailler afin de se payer des cours particuliers en management, en ressources humaines, en méditation et yoga. Elle finit par prendre de l’emploi dans deux magasins de Curepipe avant d’accepter le poste de bibliothécaire dans son ancienne école et de travailler comme clerc à la Central Water Authority.
«J’AURAIS TOUT DE MÊME POSTULER EN SECRET»
Fatigué de la voir changer autant d’employeurs, son père la laisse postuler pour faire son entrée dans la force policière. Et s’il n’avait pas cédé ? «J’aurais tout de même postulé en secret», dit-elle en riant. Elle le fait en 1995 et est recrutée. Pendant six mois, elle suit une formation à la Police Training School. De lundi à samedi, elle et 199 autres aspirantes policières dorment dans les baraquements de la Special Mobile Force.
Elle reconnaît que la formation était dure mais elle était trop près du but pour y renoncer. «Et puis, lorsqu’on aime ce que l’on fait, on s’accroche.» Elle ne cesse de remercier les formateurs «même si, comme on le dit en kreol, zot inn tir nou manzé bien.»
THÉORIE V/S PRATIQUE
Ayant réussi les épreuves, Indira Bhugobaun est acceptée. Elle participe au Passing Out Parade le 7 décembre 1996 et est affectée au poste de police d’Eau-Coulée. «Si à la Police Training Schoolon apprend la théorie, c’est dans un poste de police qu’on met en pratique toutes les bases apprises.»
Des membres de l’Anti-Drug and Smuggling Unit la remarquent. Indira Bhugobaun accepte de les rejoindre. Elle adore cette affectation qui lui permet de faire des surveillances ou «met trempé» à des heures indues comme on le dit dans le jargon de la brigade antidrogue. Elle n’oublie pas qu’en 1998, elle et l’équipe ont recouvré plus de Rs 2 millions d’articles volés et de la drogue.
SAVOIR COMMUNIQUER AVEC LES GENS
Être dans la brigade antidrogue n’est pas sans risque. Elle était en poste à l’ADSU lors de l’affaire Kaya et avoue que la période était troublante. Elle n’oublie pas la violence verbale d’une foule hostile à Bel-Ombre, qui aurait pu dégénérer à tout moment. Dans de tels cas, dit-elle, «le plus important est de savoir communiquer avec les gens, sinon cela peut tourner au désastre».
Après un an et demi, son père meurt et sa mère tombe malade. La policière demande au commissaire de police si elle peut effectuer un travail de jour pour s’occuper de sa mère. Elle est envoyée au store de la police où elle reste un an et demi avant d’être transférée au département des Finances. Elle se familiarise avec le travail administratif et cela lui plaît.
Comme l’université de Portsmouth et celle de Maurice offrent une formation menant à un Bachelor of Science en Police Studies, elle suit le cours et obtient la licence avec un Second Class, First Division. Lorsque sa mère va mieux, celle qui déteste faire du surplace, postule à la CPU. Elle y restera huit ans.
PRODIGUER DES CONSEILS AUX VICTIMES
Autant d’années où elle fait de la sensibilisation notamment dans les écoles, auprès des communautés afin de mettre sur pied un Neighbourhood Work Scheme qui a touché 150 régions jusqu’ici. Elle effectue aussi des enquêtes de sécurité pour des assurances, des stations-service, la poste, et rend visite aux victimes de vol pour leur prodiguer des conseils. Elle est promue sergent en 2005.
Lorsque Shiva Koothen est nommé responsable du PPO, il la choisit pour faire partie de son équipe. Indira Bhugobaun avoue que c’est la seconde fois qu’elle postule auprès de la Discipline Forces Service Commission pour le poste de Cadet Inspector. La première fois, c’était il y a deux ans et elle l’a manqué. La seconde a été la bonne. Elle est heureuse d’avoir été choisie, même si cela signifie une mutation imminente.
En tant que femme dans un service encore à dominance masculine, elle affirme n’avoir jamais subi de discrimination. «Il faut avoir une approche positive dans le travail. Je ne dis pas que les autres policières ne l’ont pas. Je sais que la discrimination existe car j’ai entendu de telles histoires mais je ne l’ai jamais vécue.»
Maintenant qu’elle comptabilise 19 ans de service et qu’elle sait qu’il en faut 18 pour mériter la President Long Service and Good Conduct Medal, c’est de ce côté-là qu’elle lorgne.
Publicité
Les plus récents