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«VIR GO»: stop aux idées reçues

19 septembre 2015, 19:02

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«VIR GO»: stop aux idées reçues

Ils ont des cors uniquement à l’arrière-train, à force de s’asseoir. Ils n’ont qu’à tourner les panneaux, au gré de la circulation. Ils font un job de rêve, pas fatigant pour un sou. Halte-là ! Ce ne sont que des idées reçues sur ceux que l’on appelle communément chez nous les «vir go». La preuve.

 

Il a pris la pose. Plus ou moins confortablement installé sur des pièces géantes de Lego, il balance les pieds. Froid curepipien oblige, Jonathan Riley est emmitouflé dans deux couches de bleu de travail. Cela fait six mois maintenant que le jeune homme, âgé de 19 ans, est employé comme ouvrier sur un chantier routier. Occupé à «fouy bel bel trou, koltaré» mais aussi «vir pano stop ek go».

 

Justement, pas trop éreintante, cette partie du boulot ? Sourire narquois, illuminé par une dent «an feray». C’est que Jonathan est un dur à cuire. L’école, il l’a fréquentée jusqu’à la Form III. Mais ce n’était pas trop son truc. Ce qui le branche, lui, ce sont les travaux manuels. «Mo ti anvi vinn souder, monn allékol teknik. Mé pa pé gagn travayfix dan kompayné», lâche-t-il tout de go.

 

«BIZIN TRASS LIFE LA»

 

En attendant de pouvoir vivre de son chalumeau, il effectue des petits boulots, çà et là, depuis qu’il a 16 ans. «Bizin trasslife la.» De maçon à peintre à «actionneur» de panneaux. Les journées commencent vers les 9 heures, dépendant des chantiers. «Éna dimounn krwar ki virgo enn travay fasil sa. Soley brilé,gagn zouré. Apré nou pa fer zis sa,ki ou pé krwar ou !»

 

Le hasard faisant bien les choses, l’on croise au même moment la route de grossiers personnages. «Vir pano la taolyé to koz ar fam !» Jonathan ronge son frein. «Ou trouvé la ?Ou ti kapav pansé mo pé kozou manti…»

 

SALAIRE «PA EXTRA ME KAPAV FER EN ZESS»

 

Qu’en est-il du montant du salaire ? «Pa extra mé kapav ferenn zes. Mé mo anvi fer soudermwa…» répète-t-il. En fait, il est employé par un entrepreneur, qui lui-même est employé par une grande compagnie. «Bourzwa la anba la

 

Mais revenons-en à nos panneaux. La communication entre le «Stop» et le «Go» est-elle toujours sans reproche ? Le trafic est-il toujours fluide entre ceux qui sont chargés de les surveiller ? «Wai. Mo gétékan li viré, mo viré ousi, ek li ousili fer parey. Simp sa, mébizin konsantré.»

 

Quid de sa famille ? De sa ou de ses «35» ? Que pense-telle de son métier ? «Tansyon,boss la pé vini la.» À l’approche du patron, le sourire d’enfer de Jonathan cède la place à une grimace. Le Jonathan loquace cède la place au Jonathan muet. On est alors obligé de stopper l’entretien. L’on nous prie gentiment de go ailleurs.

 

Circulons, il n’y a plus rien à voir.