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KPMG, une révocation à gros risques
22 septembre 2015, 09:20
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KPMG, une révocation à gros risques
La licence de KPMG serait-elle suspendue ? La question divise spécialistes et associés du Big Four (KPMG, Deloitte, Ernst & Young et PricewaterhouseCoopers). Mais tous sont d’avis qu’une telle éventualité aurait des conséquences désastreuses sur la réputation de Maurice comme centre financier crédible.
Or, ces derniers jours, la guerre des communiqués a éclaté entre la Financial Services Commission (FSC), le ministère des Services financiers et le cabinet d’audit. Dans le sillage de l’affaire BAI, la FSC estime que KPMG, qui était l’auditeur externe du consortium et de certaines de ses filiales, se serait rendu coupable d’irrégularités financières.
«Les peines infligées à des sociétés d’audit pour des failles financières sont quasi inexistantes à Maurice. Je ne sais pas s’il existe des pressions pour révoquer la licence de KPMG mais on est en droit de se demander pourquoi cet acharnement ?» s’interroge un partenaire de BDO. Ce cabinet a été choisi pour compléter l’assignment de PwC suivant le refus de la FSC de payer les honoraires réclamés par le trio Bonieux-Oosman-Basgeet.
Il s’interroge sur l’état financier de certaines filiales de BAI, voire leur niveau d’insolvabilité, et se demande pourquoi KPMG n’a pas cru bon d’alerter le Financial Reporting Council (FRC) ou la FSC. Une telle démarche aurait eu le mérite d’augmenter les chances d’éviter la crise BAI.
Un autre expert-comptable estime que le FRC a sa part de responsabilité car le régulateur est censé éplucher tous les comptes des compagnies et prendre des sanctions en cas de manquements (manipulation de chiffres, transactions douteuses et autres abus).
Pour Panna Jugroo, expert-comptable et ex-partenaire de KPMG, il y a un écart entre ce qu’est réellement le travail de l’auditeur et la perception du public. «Il est impossible de vérifier les comptes d’une firme à 100 %.» Selon l’expert-comptable, une fraude ou une mauvaise imputation intentionnelle des chiffres dans les états financiers sont difficilement décelables car les personnes sans scrupule couvriront les traces d’audit à tous les niveaux. L’auditeur se fie aux contrôles internes de la compagnie et à sa méthode de bonne gestion des risques.
Toujours est-il qu’il est difficile de révoquer la licence d’une société d’audit car les procédures sont longues. «Le FRC doit prouver qu’il y a une faille financière du cabinet après des avertissements répétés par rapport à l’audit d’une société. De toute façon, on ne révoque pas la licence du cabinet mais on interdit plutôt aux partenaires qui ont été trouvés coupables de mauvaises pratiques d’exercer.»
Certes, la FSC et le ministère doivent y réfléchir à deux fois avant de songer à une telle démarche. «S’il y a effectivement des pressions pour révoquer la licence de la firme KPMG, il ne faut pas penser que cela passera comme une lettre à la poste», lâche un partenaire de ce cabinet. KPMG a été incorporé comme un bureau à part entière à Maurice en 1985 pour faire partie du réseau de la branche Europe, Middle East & Africa.
«Si on nous pousse vers la porte de sortie, imaginez les dégâts que cela causerait. N’oublions pas que KPMG et les autres membres du Big Four sont un gage de confiance pour les investisseurs étrangers. Toutes les sociétés offshore et les grosses pointures étrangères ont choisi de s’installer à Maurice sur la base des rapports favorables émis par les Big Four.» Une analyse à laquelle souscrit un autre partenaire de PwC, qui prévoit le pire pour la juridiction mauricienne si une telle éventualité se précise.
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