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Renaud Eugène : le MacGyver du fauteuil roulant
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Renaud Eugène : le MacGyver du fauteuil roulant
Pour beaucoup, la retraite est l’occasion rêvée de faire ce qu’ils n’ont pas eu le temps, la possibilité ou le loisir de faire lorsqu’ils étaient professionnellement actifs. Pour le sexagénaire Eugène Renaud, qui a eu une longue carrière dans la mécanique, notamment au garage Renault, avant de se mettre à son compte à Ste-Croix sous l’enseigne Garage Renaud, la retraite est l’équivalent de longues heures à tuer.
Que faire lorsqu’il a fini d’arroser ses plantes chéries et de nettoyer la niche des 19 chiens, animaux de compagnie adorés de son épouse ? Cet homme pieux, qui a été enfant de chœur et qui a toujours eu sous les yeux l’exemple d’un père brancardier et d’une mère distribuant des vêtements de seconde main aux moins fortunés de la vie pour le compte de Caritas, prend alors contact avec Cursley Goindoorajoo, responsable du secours d’urgence à Caritas.
Ce dernier qui est très conscient des méfaits de l’exclusion, lui parle alors des difficultés pour les personnes handicapées à trouver un réparateur de fauteuils roulants qui ne soit pas hors de prix. Il n’en faut pas plus pour que Renaud Eugène s’emballe et décider d’offrir ses services aux personnes à la mobilité temporairement réduite ou handicapées à vie.
Caritas Maurice reçoit régulièrement de son homologue australien des fauteuils roulants que cette organisation offre en cadeau aux personnes handicapées. À force d’être utilisés, ils s’abîment, surtout au niveau des roues qui crèvent, ou qui s’usent, ou encore des repose-pieds qui finissent par devenir défectueux. Si ces fauteuils roulants et fauteuils roulants-toilettes ne sont pas réparés, leurs occupants se retrouvent cloîtrés avec tout ce que cela comporte comme inconvénients pour eux et leurs proches.
Ces personnes peuvent certes faire une demande pour un fauteuil de remplacement auprès du ministère de la Sécurité sociale. Mais la bureaucratie est telle que la livraison accuse des retards qui peuvent parfois durer plus d’un an. De plus, les personnes handicapées ne travaillant pas toutes, elles ne disposent pas de revenus suffisants pour payer de telles réparations.
À ce jour, Renaud Eugène a gratuitement réparé et entretenu plus d’une cinquantaine de fauteuils roulants. Il a même aménagé un petit atelier avec diverses pièces de rechange à l’entrée de sa maison. Parfois lorsque le fauteuil est irréparable, il le conserve afin d’y prélever certaines pièces encore bonnes et les monter sur d’autres qui nécessitent réparation. Ses visiteuses les plus régulières sont une mère et sa fille, les deux étant handicapées, les roues de leurs fauteuils devant souvent être resserrées.
S’il en tire énormément de satisfaction de ce passe-temps, les déboires de l’un de ses amis du primaire sont venus le conforter dans le bien-fondé de son action bénévole. «Lorsque je l’ai croisé, il avait eu une jambe amputée jusqu’à la hanche en raison du diabète. Il n’avait pas de fauteuil roulant et ses proches étaient obligés de le soulever pour le déplacer. Il passait ses journées sous une boutique. Je lui ai proposé un fauteuil roulant. Sa première réaction a été de demander combien cela lui coûterait car il a une femme et une fille qui a terminé ses études mais qui est sans emploi pour l’instant. Je lui ai expliqué que ce serait gratuit. Ce fauteuil roulant offert par Caritas et que j’entretiens a transformé sa vie. Pou mwa se enn gran plezir ki monn resi fer zot bouze.»
Renaud Eugène aurait souhaité être encore plus utile aux personnes handicapées. Il aurait voulu pouvoir disposer d’un petit van pour pouvoir aller récupérer les fauteuils défectueux aux quatre coins de l’île et les restituer à leurs propriétaires par la suite une fois qu’ils sont réparés. Actuellement, il doit se fier à la disponibilité de Cursley Goindoorajoo pour le véhiculer. «Mo zis bizin enn ti vann pour kapav transport katsink foteil à la fwa». Avis….
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