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Devesh Dukhira, Chief Executive Officer (CEO) du Syndicat des Sucres: «Le sucre mauricien arrivera à tirer son épingle du jeu après 2017
28 septembre 2015, 12:51
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Devesh Dukhira, Chief Executive Officer (CEO) du Syndicat des Sucres: «Le sucre mauricien arrivera à tirer son épingle du jeu après 2017
Le CEO du Syndicat des Sucres estime que Maurice prendra avantage du marché sucrier européen post-2017 quand le quota en Europe sera aboli. Il suffit, dit-il, de se montrer agressif dans notre stratégie de vente afin de maintenir nos parts de marché.
Une des recommandations du rapport Landell Mills propose le «phasing out» du Syndicat des Sucres d’ici à 2019. Comment réagissez-vous à cette proposition ?
Il faut bien comprendre une chose. L’avenir du Syndicat des Sucres n’est pas menacé à court et moyen termes. Il y a certes le rapport de Landell Mills qui, après des consultations avec les producteurs sucriers, a exprimé le voeu de ces derniers pour une meilleure flexibilité quant à la commercialisation de leur sucre en Europe. Je comprends totalement leur démarche.
En même temps, il faut comprendre qu’aujourd’hui, il n’y a que la sucrerie de Medine qui n’est plus membre du Syndicat. Omnicane en a également fait la demande. Toutefois, Medine ne peut seul assurer son propre marketing car la loi est claire à ce sujet : la Mauritius Cane Industry Authority Act de 2011 donne les pleins pouvoirs au Mauritius Sugar Syndicate en tant que seul organisme chargé de la commercialisation du sucre à l’étranger.
Existe-t-il d’autres implications à cette proposition ?
Certainement. Si une usine décide de commercialiser directement son sucre, elle ne peut agir que pour le sucre appartenant aux usiniers mais pas pour celui provenant des cannes des petits et gros planteurs. Dans l’éventualité où ces derniers sont partie prenante de cette proposition, il faut savoir comment ils seront payés pour la vente de leur sucre. Aujourd’hui, le Syndicat accorde aux petits planteurs des avances au début même de la récolte. Il y a tout un système qui a été mis en place et qui a fait ses preuves.
D’autre part, le Syndicat des Sucres peut obtenir de meilleurs deals grâce à l’expertise qu’il a acquise dans ce domaine et grâce à son réseau de contacts à la fois en Europe et hors de l’Europe. Ceci est possible vu qu’il négocie avec les acheteurs sur la base d’un volume de sucre important, soit une moyenne de 450 000 tonnes métriques annuellement, réparties entre 100 000 tonnes de sucres spéciaux et 350 000 tonnes de sucre blanc.
Nous avons également des partenaires commerciaux qui nous aident dans notre stratégie de marketing en garantissant un prix plancher. Hier, pour le sucre blanc, c’était Sudzucker dont le contrat arrive à terme à la fin de septembre. À partir du 1er octobre, nous avons signé des accords avec deux producteurs et distributeurs sucriers, British Sugar pour l’achat de 100 000 tonnes de sucre raffiné et Cristal Co pour une cargaison de 130 000 tonnes de sucres spéciaux.
Je ne parlerai pas d’autres effets multiplicateurs que l’activité du Syndicat des Sucres apporte au pays, dont le stockage et l’expédition des conteneurs de sucres.
Cela dit, il faudra bien réfléchir à cette proposition qui sera sur la table des discussions prochainement et souhaiter qu’une décision soit prise dans l’intérêt de toutes les parties concernées.
Quel a été l’impact du taux de change, plus particulièrement l’appréciation du dollar par rapport aux devises des principaux exportateurs, dont la roupie, sur le prix de vente du prix du sucre ?
Le prix du sucre mondial a lourdement chuté en raison, notamment, de l’appréciation du dollar par rapport aux devises des principaux exportateurs sucriers. Je pense particulièrement au Brésil dont le Real s’est déprécié de manière significative face à la monnaie américaine. Le Real est passé de 2,25 pour un dollar en août 2014 à 4 Real pour un dollar la semaine dernière, une démarche visant à soutenir la compétitivité de cette monnaie.
Vu que ce pays représente 40 % des exportations mondiales, ce changement dans la structure des coûts a influé sur les prix de vente à l’échelle mondiale avec le cours du sucre brut chutant à 10 cents à New York, contre 16 cents au début de cette année. Du coup, le prix du sucre brut est passé à Rs 7 700 la tonne métrique.
Sans le soutien de certains États comme la Thaïlande, la Chine, l’Inde ou encore le Brésil, sous forme de subsides ou d’incitations à l’exportation, beaucoup de sucreries à l’échelle mondiale auraient été en faillite financière. À Maurice, nous avons eu le soutien financier du ministère d’Agro-industrie pour protéger les producteurs et la communauté des planteurs de la distorsion du marché et des pratiques commerciales malsaines.
Comment le Syndicats des Sucres compte-t-il se repositionner par rapport à la libéralisation des quotas en 2017. La diversification vers des marchés hors Europe représente-t-elle une alternative pour le sucre mauricien ?
La libéralisation du quota sucrier pour les betteraviers européens exerce nécessairement de fortes pressions sur les exportateurs des pays du bloc Afrique-Caraïbes-Afrique, dont Maurice.
Ma lecture de la situation est qu’il y aura des pays comme l’Italie, la Grèce et l’Espagne qui auront recours à l’importation vu qu’ils ont des contraintes naturelles à augmenter leur production du sucre à partir de la betterave.
Il reviendra au pays de se montrer agressif dans sa stratégie de ventes pour maintenir les parts de marché de Maurice en Europe.
D’ores et déjà, Maurice s’est forgé une réputation en Europe comme producteur sucrier de qualité, respectant ses délais de livraison, répondant aux normes internationales pour la qualité de son sucre dont la traçabilité est connue.
Ce sont autant d’atouts qui confortent mon idée que Maurice arrivera à tirer son épingle du jeu après 2017.
Parallèlement, nous avons exploré des opportunités de vente pour nos sucres, plus particulière le sucre blanc, dans des pays de la région où Maurice jouit de préférences commerciales.
Ce qui a permis au Syndicat des Sucres d’exporter récemment 30 000 tonnes de sucre raffiné à Madagascar, aux Comores, au Mozambique, en Namibie et au Kenya, de nouveaux débouchés commerciaux en plus de notre marché européen.
Avec les projets de «smart cities», ne craignez-vous pas que l’espace sous culture de la canne soit appelé à rétrécir?
Ce serait dommage pour le pays et la communauté sucrière. Il est vrai qu’aujourd’hui le prix par tonne est excessivement bas, à moins de Rs 12 700 la tonne. Toutefois, face à une augmentation de la consommation mondiale, soit de 1,8 % annuellement, couplée à un surplus de sucre qu’on a accumulé ces cinq dernières années, le cours du sucre sur le marché européen sera appelé à augmenter graduellement, le temps que le stock soit complètement épuisé.
L’International Sugar Organisation prévoit dans cette optique un surplus de 2,5 millions de tonnes métriques en 2015-2016 et de 6,2 millions de tonnes métriques en 2016-2017.
Par ailleurs, le sucre restera pendant longtemps un important pilier économique, occupant un tiers de la surface des terres à Maurice, soit près de 50 000 hectares.
Certes, il ne contribue qu’à 2 % au produit intérieur brut mais sa contribution indirecte à d’autres secteurs ajoute du dynamisme à l’économie du pays.
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