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[Vidéo] Démographie: pourquoi les Mauriciens font moins de bébés?

3 octobre 2015, 20:30

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[Vidéo] Démographie: pourquoi les Mauriciens font moins de bébés?

Mauriciens, vous allez tant changer. Vivre plus vieux, moins nombreux et entourés de moins d’enfants. Non, ce n’est pas la thèse d’un essai futuriste. C’est une projection très sérieuse de Statistics Mauritius.

 

D’ici à 2054, au rythme démographique actuel, l’île Maurice pourrait bien perdre 20 % de ses habitants. Cette sombre perspective est celle du dernier Digest of Demographic Statistics. Dévoilée, il y a quelques jours, elle est passée inaperçue. Elle a pourtant de quoi préoccuper : dans moins d’une décennie, la population mauricienne amorcera une décrue spectaculaire. Pour passer sous la barre du million d’habitants à l’horizon 2 050.


 

 

Pis : passé les quatre prochaines décennies, la situation ne peut que s’aggraver. Car d’après une autre projection, en 2054, Maurice abritera 250 000 individus âgés de 65 ans et plus (soit 25% de la population totale), contre 109 000 aujourd’hui. Il y aura alors dix fois plus de personnes âgées que d’enfants de moins de cinq ans. Une nation de vieux.

 

Les conséquences pourraient être déplaisantes. À moins que les Mauriciens ne modifient de fond en comble leurs choix familiaux et leur style de vie, de profonds bouleversements sont à prévoir sur le marché du travail, dans le financement des pensions, ainsi qu’une hausse considérable des dépenses de santé. En 2015, il y a huit actifs pour un retraité. Dans deux générations, il y aura deux actifs seulement pour un retraité.

 

 

On aimerait se rassurer à Rodrigues, sauf que les prévisions sont encore moins réjouissantes. La population de l’île va chuter d’un gros tiers (36%). En clair, le Rodriguais est en voie de disparition. Mais comment notre démographie pourrait-elle changer si profondément en moins de quarante ans ?

 

En épluchant les chiffres, une conjonction malheureuse saute aux yeux: une chute brutale et prolongée du taux de fécondité coïncide avec une augmentation de la durée de vie. Ainsi, pour la douzième année consécutive, le nombre de naissances va baisser en 2015. Avec seulement 13 000 bébés par an (deux fois moins qu’en 1980), notre pays a le biberon en berne. Il est loin de renouveler ses générations: il faudrait que le nombre d’enfants par femme, soit de 2,1. Il est tombé à 1,4, l’un des plus bas au monde.

 

Les raisons sont connues : modernisation et éducation exercent des effets quasi automatiques sur la fécondité, mais cela n’explique pas tout. L’efficacité des moyens de contraception ? Fausse piste : les Mauriciennes s’en détournent, disent les enquêtes. Pour beaucoup d’observateurs,

 

C’est l’arrivée massive des femmes sur le marché du travail qui a tout changé. Moins de temps, moins d’enfants… L’augmentation de l’âge moyen du mariage est un autre obstacle à la procréation. En 1990, les Mauriciennes se mariaient avant 25 ans, contre 28 ans aujourd’hui. Et ce qui serait anecdotique ailleurs ne l’est pas chez nous : les naissances hors mariage, stigmatisées, sont infimes. Résultat, un nombre grandissant de jeunes femmes habite encore chez leurs parents et préfère mener leur carrière plutôt que de se marier et avoir un enfant.

 

L’argent est un autre facteur de decision. Peut-être même le plus influent. Les parents sont de plus en plus soucieux de la réussite éducative de leur progéniture, or cette réussite a un prix. La société devient plus épicurienne aussi. Les jeunes ont d’abord envie de profiter de la vie. Pour toutes ces raisons, les Mauriciens ne sont pas pressés de faire des bébés. Ce choix, conjugué à une existence plus longue, ne peut qu’entraîner un vieillissement et une diminution de la population. Avec des conséquences inéluctables sur les facteurs de productivité et de croissance économique.

 

Faut-il le rappeler : un minimum de croissance démographique est nécessaire pour qu’il y ait croissance économique ? Que ce soit au niveau de l’immobilier ou de la consommation des ménages, croissance économique et population sont toujours étroitement liées. La bombe démographique est donc amorcée. Certes, le mal progresse lentement, mais il est déjà à un stade avancé.

 

La course contre la montre est engagée.

 

 

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