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Sunil Bholah: «Encourager les sociétés coopératives à faire une rotation de leurs directeurs»

13 octobre 2015, 00:45

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Sunil Bholah: «Encourager les sociétés coopératives à faire une rotation de leurs directeurs»

Au-delà de la coopérative de Vacoas, Sunil Bholah, ministre de l’Activité économique, de l’entreprise et des coopératives, veut que les membres des sociétés coopératives soient plus actifs.

 

Êtes-vous satisfait de la façon dont le dossier de la coopérative de Vacoas a été géré ?

Je suis plus que satisfait. Surtout en voyant l’appréciation des gens et des membres qui auparavant critiquaient la manière dont le ministère gérait ce dossier. Je suis satisfait du Caretaker Board, le pourquoi du Caretaker Board et la nomination d’Ernst & Young en tant qu’administrateur.

 

Pourtant, à un moment, il y a eu des dissensions entre le Caretaker Board et des membres. Des clans se sont formés, exigeant même le départ de l’administrateur Gérald Lincoln…

Les membres n’étaient pas informés. Quand le Caretaker Board a pris les choses en main, il a demandé aux membres clés du personnel de plier bagage. D’autres ont décidé de démissionner car ils savaient ce qui les attendait au tournant. On a dû se passer des services de certains. On a pu faire une économie de Rs 152 000 par mois car ces gens n’ont pas été remplacés. Les frais de Ernst & Young s’élèvent à Rs 200 000. Donc, il y a seulement Rs 48 000 en plus, incluant la TVA. C’est le prix à payer pour arrêter l’hémorragie.

 

La coopérative de Vacoas n’a-t-elle pas terni l’image du mouvement des coopératives ? Comment comptez-vous revaloriser cette image ?

Certainement. C’est pour cela que nous venons avec des amendements à la loi. La loi comme elle est aujourd’hui stipule que toutes les sociétés coopératives qui ont un chiffre d’affaires de Rs 10 millions par an ou moins peuvent être auditées par le Registrar of Cooperatives. C’est beaucoup de travail pour le Registrar car il existe 1 200 sociétés. Si nous diminuons ce seuil, le Registrar aura moins de sociétés à auditer, ce qui lui donnera plus de temps pour se concentrer sur d’autres sociétés avec un chiffre d’affaires plus élevé. Il pourra faire des visites surprises, des vérifications.

 

Concrètement, quelles leçons peut-on tirer de cette expérience ?

Ceux qui investissement et font un dépôt doivent voir si la société est fiable. Il ne faut pas prendre pour acquis que votre argent est en sûreté. Il faut constamment s’enquérir lors des assemblées générales quand le Loan Commitee accorde des prêts.

 

Les managers doivent évaluer si la personne qui demande un emprunt a la capacité de payer. S’il faut donner des garanties ou pas. Si une personne emprunte Rs 1 million, est-ce qu’elle a Rs 1 million comme garantie ? Pour un prêt de Rs 10 millions, Rs 15 millions, Rs 50 millions, il faut demander qui seront les garants ? Les personnes sont obligées d’amener une sécurité. En cas de manquements, est-ce que la caisse pourra être renflouée ? Ces exercices n’ont pas été faits par le management de la société. Le Registrar a un regard en aval seulement.

 

Pensez-vous que d’autres coopératives soient dans la même situation ?

Au niveau du Registrar, nous sommes en train de prendre toutes les précautions. Nous examinons chaque dossier. C’est un travail qui prend du temps. La priorité ce sont les Credit Unions. Elles sont environ 150. Il n’y a pas de suspicion. Une société avec un fonds de Rs 1 million doit avoir une réserve de 10 %. Cela veut dire qu’elle doit avoir Rs 100 000, pas moins. Elle peut utiliser Rs 900 000 pour des prêts. Il y a certains cas où elles ne respectent pas les 10 %. On les rappelle à l’ordre.

 

Qu’en est-il du poste de Registrar et de son adjoint ? Pourquoi n’est-il pas permanent ?

Face aux nombreuses critiques depuis des années sur le poste par intérim du Registrar et de son adjoint, nous voulons y mettre de l’ordre. Ce sera un poste permanent. Nous allons nommer quelqu’un dans les plus brefs délais. Dans la fonction publique, il faut suivre les procédures. C’est comme dans le privé. Ce poste donnera une autre image au régulateur. Les inspecteurs seront amenés à suivre des cours de Forensic Auditing, de comptabilité, des principes de bonne gouvernance.

 

Nous allons encourager les sociétés coopératives à faire une rotation de leurs directeurs, des membres du board. Nous allons encourager les membres à poser des questions, demander des renseignements lors des assemblées générales. Ils ne doivent pas avoir peur. C’est leur société.

 

Le Registrar of Cooperatives n’est pas informatisé. C’est un manquement. Son informatisation est ma priorité.

 

En même temps, d’autres coopératives sont des exemples comme celle de Belle-Mare…

Il y avait des irrégularités dans cette coopérative. Le Registrar avait mis un Caretaker Board. Ce que j’ai appris, c’est qu’il était politisé. Il y avait les proches d’un ministre. Quand j’ai été nommé, j’ai libéré les membres de l’emprise de ce Caretaker Board. Je lui ai demandé de partir. On a organisé une élection démocratique et j’ai remis la coopérative sur les rails. Et aujourd’hui, on voit son progrès.

 

Revenons à la coopérative de Vacoas. Une injonction en cour vous empêche de changer de board. Êtes-vous en négociation avec les membres pour le retrait de cette injonction ?

D’un côté, nous avons le Caretaker Board et de l’autre, un plan entre les mains du board. J’aurai souhaité inclure trois ou quatre des neuf membres pour faire partie du Caretaker Board, qui le restera toujours. Car, il ne faut pas l’oublier, il y a un problème dans cette société. Il sera sous le contrôle strict du Registrar.

 

Le 11 juillet, un petit groupe a déposé une injonction en cour pour que l’assemblée générale ne se tienne pas et pour éviter la liquidation. Le conseil légal que nous avons reçu c’est de le laisser comme ça jusqu’à ce que l’affaire soit entendue en cour.

 

Je ne fais aucun appel. Mon souhait c’est de faire grandir l’adhésion des autres membres sur le board. Je ne suis pas en train de négocier. Jamais je ne forcerai un membre à faire quoi que ce soit.

 

Pensez-vous que la coopérative de Vacoas aurait pu être un fleuron dans le financement ?

La société de coopérative consiste en 5 500 membres. Le bâtiment est idéalement situé. Elle était un fleuron. Elle avait le potentiel pour devenir l’unique institution financière pour l’ensemble du mouvement coopératif. Les autres sociétés coopératives auraient pu y ouvrir un compte, prendre un prêt.

 

Il ne faut pas oublier la Mauritius Cooperative Central Bank et la Mauritius Post and Cooperative Bank qui n’ont pas réussi. Je suis sûr que si on remet la société de coopérative sur les rails, elle peut remplir ce rôle, à condition de faire des ajustements.