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Dan Baboo: «Cela fait 15 ans que certains dorment au ministère»

15 octobre 2015, 08:38

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Dan Baboo: «Cela fait 15 ans que certains dorment au ministère»

L’évaluation de l’express «lui a fait mal». Dan Baboo a écopé d’un médiocre 2,6/10. Mais pour lui, cette note ne reflète pas la quantité de travail abattu en neuf mois. Il nous énumère, en vrac, une longue liste de projets.

 

Nous avons compris que cette évaluation vous a beaucoup agacé…

(Longue pause, il prend son souffle et baisse la tête…) Cette évaluation m’a fait beaucoup de mal. Mwa mo koné ki kantité travay monn fer… Mais personne ne le sait. Parfois je quitte mon bureau à 02 h 15 du matin. Je suis allé en France pour renouveler notre programme d’échange culturel, je suis aussi allé en Chine et au Pakistan pour la même chose, je suis à l’écoute des artistes, je veux que le sega tambour soit un patrimoine mondial reconnu par l’UNESCO et je travaille pour cela. Je vais faire un musée à la Citadelle, en sus du musée de l’esclavage. Mais personne ne le sait. Mon attaché de presse tarde…

 

Parce que vous avez un attaché de presse ?

Non ! Justement je n’en ai pas. Il tarde à être nommé. Je suis le seul à ne pas en avoir. Parce qu’il y a eu plusieurs candidats mais on m’a dit qu’on ne pouvait pas les prendre à cause de leur couleur politique. Pour moi, la couleur politique ne compte pas, le passé c’est le passé. Ensuite, il y avait d’autres candidats mais on m’a dit qu’ils n’avaient pas suffisamment d’expérience. Mais il faut bien qu’ils travaillent pour en avoir. Résultat des courses, je n’ai personne ! Et je n’ai pas le temps de m’occuper de la communication !

 

Ou est-ce que cela vous fait peur ?

Quand on est un businessman on n’a peur de rien et j’ai des affaires dans huit pays. La vraie raison c’est que je n’ai pas de temps. Vous imaginez, j’ai 23 corps parapublics sous mon ministère. Et je ne vous parle pas du casse-tête de s’occuper des gens à placer sur les conseils d’administration de ces instances. D’abord, il faut que le Premier ministre soit d’accord, ensuite le Conseil des ministres. Finalement, il faut prendre en considération la représentativité du ML, du PMSD, du MSM et tout le monde n’arrive pas à se mettre d’accord et on tarde ! Au final, on me dit que les choses n’avancent pas !

 

C’est souvent ce que disent les artistes aussi. Où en est-on avec l’Artist Desk à la banque de développement (NdlR : actuellement la MauBank) ?

Je ne savais pas qu’il y avait tout ce travail à faire dans ce ministère-là. Je dois tout viser. Je vous donne un exemple, un artiste est venu me voir la semaine dernière pour me dire qu’il n’a pas suffisamment d’argent pour acheter un billet qui lui manquait pour représenter Maurice à l’étranger. Pour faire court, j’ai vérifié si on pouvait l’aider sous le système de Grant, sinon je l’aurais aidé de ma poche. Finalement, j’ai vu que le ministère pouvait l’aider sans problème, je demande à un cadre de s’occuper de ce cas. Vous n’allez pas me croire mais, l’artiste devait partir hier et il est toujours là ! Pourquoi ? Parce que le dossier n’a jamais été traité alors que j’en avais donné l’ordre.

 

Vous voulez dire que vous n’arrivez pas à vous faire respecter dans votre ministère ?

Mo minister la enn lakaz diab sa ! Tou pé dormi! Cela fait 15 ans que certains dorment. Bon pas tous ! Le premier jour où j’ai pris mes fonctions, mon secrétaire permanent est allé en congé pour deux mois. Mo pou dress zot mwa ! J’ai fait transférer beaucoup de fonctionnaires, à d’autres j’ai donné cinq à six warnings. J’ai fait comprendre qu’il me faut des résultats. Donnez-moi jusqu’à mars 2016 et vous verrez un «complete change de 70 %»…

 

Comment ça un «complete change de 70 %» ?

Oui bon, un partial change ! Mais c’est à 100 % que rien n’a été fait dans ce ministère. Letan inn zet mwa ladan, je devais revoir les objectifs que je voulais atteindre.

 

Oui bon concrètement que faitesvous ? Par exemple, c’est quoi votre dossier prioritaire pour la sauvegarde du patrimoine ?

Je veux faire de la culture un pilier de l’économie. Dans deux mois, des experts du musée du Louvre viendront à Maurice pour faire un état des lieux de nos musées existants, c’est-à-dire celui de Mahébourg et de Port-Louis.

 

Et qu’en est-il de votre projet de faire un musée de l’esclavage ? Où se trouvera-t-il ?

(Il hésite…) Nous voulons le faire dans un lieu imprégné de l’histoire des esclaves…

 

Où ? À un moment on parlait de l’hôpital militaire…

Je travaille dessus. Il se pourrait qu’il soit à Bain-des-Dames. J’aurais préféré que l’hôpital militaire serve de galerie d’art, comme prévu. À ce stade, nous avons toujours un million de roupies, qui nous servira à faire le survey. Apparemment, l’air marin pourrait causer des dégâts aux tableaux et il faut également considérer cela. Et puis, il y a aussi le musée Mauricien. Il sera à la Citadelle et il y aura aussi un espace artistique. Nous avons lancé un appel à la population pour voir ce qui peut être acheté pour ce musée qui doit prendre vie avant décembre.

 

Il y a déjà un musée national à Mahébourg, en quoi sera-t-il différent ? Est-ce un projet du privé ? Qui le chapeaute ?

Je travaille dessus. C’est le ministère qui va chapeauter. Pankor paré, pé cuit là ! Mo pé kwi bokou zafer en mem temp !

 

Vous comptez ouvrir le musée de la Citadelle avant la fin de l’année, mais vous ne savez pas ce qu’il y aura ?

Nous travaillons dessus.

 

Et quelle est votre vision pour la culture ?

Je veux que tous les Mauriciens connaissent l’histoire de leur pays. Par exemple, je travaille avec la ministre de l’Éducation pour l’introduire dans les écoles.

 

Quel est votre livre de chevet en ce moment ?

(Il réfléchit…il attend…rajuste sa veste) Donnez-moi un exemple…

 

…votre livre du moment, que vous lisez en ce moment…c’est difficile pour moi de vous donner un exemple…

Je ne suis pas très branché littérature. Je lis des magazines d’informations comme le Times ou l’African Review...Et les livres de méditation.

 

Vous avez un auteur mauricien préféré ?

Je trouve Benjamin….

 

Benjamin Moutou ?

…oui, il n’est pas mal…j’ai lu son livre sur Rivière-Noire…J’ai oublié le nom du personnage qui est dans ce livre…Il parle de Rivière-Noire, de Tamarin et de Baie-du- Cap… (L’air illuminé) Ah ! En parlant de ça, j’ai encore un projet ! Celui de créer des villages culturels pour, par exemple, marquer l’arrivée des peuples à Maurice.

 

Expliquez-vous…

Je voudrais faire de la culture un pilier de l’économie. Les villages culturels seront principalement pour les touristes. Par exemple, lorsqu’on parle de l’arrivée des tamouls à Maurice, il y aura un village qui parlera de ça… Mais toutes les communautés auront leurs chances…. (Nous sommes interrompus par ses amis du PMSD qui lui demandent pourquoi il ne répond pas à son téléphone et lui disent que le leader du PMSD cherche à les rencontrer tous…)

 

Balraj Naroo avait initié quelque chose de similaire (NdlR : ce dernier a retracé les lieux où les marathis se sont installés à Maurice)

(Sourire) Linn essay touff dossié la… Nounn déserb li ! Mo bizin less ou, leader pé rod nou…