Publicité
Ameenah Gurib-Fakim: «Maurice pas assez sensibilisée sur le réchauffement climatique»
Par
Partager cet article
Ameenah Gurib-Fakim: «Maurice pas assez sensibilisée sur le réchauffement climatique»
En quoi la biotechnologie, thème que vous allez présenter à la conférence, est-elle importante pour l’avenir de la planète ?
Notre survie sur cette planète dépendra de la qualité de notre environnement ; de notre eau; l’air qu’on respire et de tout ce qu’on consomme. La biotechnologie est une thématique transversale et qui a des réponses si on l’utilise à bon escient pour assainir notre environnement et nous aider à affronter les aléas du changement climatique.
Mais dans quels domaines de la biotechnologie précisément ?
Quand on parle de l’avenir de la planète, on a en tête les grands thèmes comme l’énergie, l’environnement, la santé, l’eau, la qualité de l’air, l’agriculture, les milieux marins et terrestres, entre autres. Tous ces secteurs seront impactés par le réchauffement de la terre. Il est question de convertir ces défis en opportunités. Des travaux de recherche sur les semences qui résisteraient au changement climatique ; les érosions de nos côtes ; l’impact de l’acidification des océans sur la biodiversité marine prennent de l’importance. Il est aussi temps de travailler en réseau et en partenariat avec d’autres Petits États insulaires en développement et de partager les bonnes pratiques.
Pour venir aux plantes, comment peuvent-elles aider à prévenir contre le réchauffement de la planète ?
Il y avait un certain temps, le secteur agricole était perçu comme étant pollueur ! Les données ont changé, ainsi que le regard sur ce secteur. Quels types d’agriculture et quoi planter deviennent des sujets de débats comme des potentiels «puits» de carbone. Le continent africain bénéficie aussi du programme REDD+ où les forêts ont un rôle important dans l’équation du changement climatique.
À Maurice, nous constatons les symptômes du changement climatique. Pensez-vous que les Mauriciens en sont suffisamment conscients ?
Je pense, à Maurice comme ailleurs, qu’il y a un gros travail de sensibilisation à faire mais qui a démarré à Maurice. Peut-être est-il temps de bien montrer les enjeux, surtout à l’approche de la 21e Conférence internationale sur le climat (COP21).
Vous dites sur TV5 monde que les États n’ont pas su donner un élan à la médecine traditionnelle ?
Certains États, oui (la Chine et l’Inde), mais sur le continent africain, tel n’est pas le cas. Le Prix Nobel attribué à la chercheuse chinoise Youyou Tu a montré combien la médecine traditionnelle est importante. Elle a su montrer qu’une plante chinoise émanant de la pharmacopée chinoise était la réponse au paludisme. C’est d’ailleurs le seul médicament qui a sauvé tant de vies pendant les dernières décennies, avec la résistance du Plasmodium à la chloroquine. Le potentiel de la pharmacopée africaine reste entier et sous-valorisé. Pour les Mascareignes (un point chaud planétaire au niveau de la biodiversité mondiale), on est toujours en reste !
La survie de la race humaine dépend de la survie de la biotechnicité… comment ?
La survie de la race humaine dépend de la survie de la biodiversité. Nous sommes imbriqués dans cette Nature que, malheureusement, nous ne respectons pas !
Comment voir l’humanité en plus grand, sans les clivages Nord-Sud, ou sans les lobbies des multinationales ?
Dans l’approche du sommet de COP21, cette fracture Nord-Sud n’est plus valable. Nous serons tous impactés d’une manière ou d’une autre par le réchauffement de la terre. Il faut reconnaître toutefois que si les pays du Sud ne sont pas «équipés» avec la connaissance ou encore avec la technologie, l’impact climatique sera brutal. On doit se tourner vers un scénario où il y aura un partage entre le Nord et le Sud et on espère que le sommet de Paris sera porteur !
Publicité
Les plus récents