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Ravind Hassea, l’horloger qui défie le temps
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Ravind Hassea, l’horloger qui défie le temps
À l’accueil : la version locale du Professeur Tournesol, mais avec des cheveux gominés. Sur son front dégarni, une loupe d’horloger. «C’est mon stéthoscope à moi», précise Ravind Hassea, le propriétaire des lieux. Son outil, il l’utilise tout le temps pour établir un diagnostic, en quelques minutes. Et, il se fait un devoir de redonner vie à ses «patients», de réveiller des montres et des horloges qui ne marchaient plus depuis quelque temps.
Accrochées aux murs de sa boutique : des pendules en forme de moto, de montres, de carte géographique, pour ne citer qu’elles. Mais également une photo de l’actrice Sophie Marceau, montrant son… poignet auquel est attachée une montre de luxe. Des bijoux comme ça, Ravind n’en vend pas. Les prix des montres, chez lui, varient entre Rs 200 et Rs 1 800. «Mo vann bann mark zaponé plito.» Ses articles, il les achète en gros, auprès de «Bhai Karim», notamment, avant de les écouler en réalisant une «petite marge de profit».
Malgré les dizaines de réveils qui l’entourent, l’horloger de 57 ans n’a pas vu passer le temps. Ce métier, «ti mo rev pou fer sa depi toulétan», confie-t-il, en marquant un temps de pause. Et il l’exerce depuis plus de 40 ans maintenant. Son apprentissage, il l’a fait auprès de son mentor, «Monsieur Boodhoo», aujourd’hui décédé. Une amitié et une collaboration qui auront tout de même traversé le temps.
Quelque temps après, Ravind décide de se mettre à son compte. Direction donc Rose-Hill, où il loue son local d’un autre temps. Temps d’arrêt. Les affaires marchent-elles aussi bien que ses pendules ? Les temps sont durs, lâche-t-il. «Bizness finn bien tonbé. Parfwa pa gagn kliyan, parfwa enn, dé.» Les recettes varient, en temps normal, autour de Rs 500 la journée, voire plus s’il arrive à vendre d’autres articles.
Madame tient les cordons de la bourse
Car depuis un certain temps, Ravind revend également des produits cosmétiques, des savates, entre autres. Mais aussi des pots d’achards, confectionnés par sa dulcinée, Sadna. «Madam parfwa vinn donn mwa enn koudmé dan magazin.» C’est également Madame qui tient les cordons de la bourse, fait valoir Ravind.
Ce dernier tient à préciser qu’il est de la vieille école. Ce qui l’aide à «roul ti lavi la trankil». L’argent qu’il gagne, il le remet à Sadna, qui se charge de régler les factures et de faire bouillir la marmite. «Nou, dimounn lontan, nou koutim sa.»
Changeons de temps, pour passer du passé au futur. L’avenir de l’horlogerie Hassea est-il assuré ? «Mo tifi ena 21 an. Li pé swiv kour pou kapav gagn travay. Bann zenness zordi zour pa kontan aprann bann métié maniel.» Qu’importe, pour le moment, c’est le présent qui compte. Et pour rester dans l’ère du temps, Ravind a ses astuces. «Mo kontan tou létan bien chic pou akéyir kliyan !»
Ces autres outils pour charmer les visiteurs : son sourire et sa politesse d’un autre temps.
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