Alors que le conseil d’administration désignera son Chief Executive Officer (CEO) demain, vendredi 30 octobre Air Mauritius (MK) se retrouve dans une nouvelle zone de turbulences. Cette fois-ci, c’est le coeur même de la compagnie aérienne, soit la communauté des pilotes, qui monte au créneau. Dans une correspondance adressée au président Arjoon Suddhoo en date du 14 septembre, les deux syndicats de pilotes, la Mauritian Air Line Pilots’ Association (MALPA) et l’Airline Employees’ Association (AEA), s’insurgent contre le fait que la restructuration du département Flight Operations annoncée cette année se fasse toujours attendre.

La MALPA et l’AEA rappellent que lors de leur dernière réunion conjointe avec l’ancien CEO André Viljoen et l’Executive Vice-President de Flight Operations Garth Gray, il leur a été dit que le nouveau conseil d’administration a donné son feu vert pour une réorganisation de leur département. Il était notamment question de réduire le nombre de commandants occupant des postes de directeur de 17 à huit.

Les deux syndicats sont même allés jusqu’à calculer les économies que générera une telle restructuration. À savoir, approximativement Rs 40 millions (1 million d’euros) par an.

D’autre part, préviennent-ils, Air Mauritius se retrouvera à court de huit commandants A330/A340 à partir de décembre. Ce, comme cela a été annoncé lors de la réunion du Rostering Committee en août.

Selon la communauté des pilotes, il est urgent de réduire le nombre de commandants- directeurs pour permettre à ces derniers de voler à nouveau comme la grande majorité de leurs collègues commandants de bord au sein de ce département. Sans compter que cela allégera la charge de travail sur les autres.

ABSENCE DE DÉCISION

Si la situation perdure, «la conséquence directe sera l’impossibilité d’allouer des congés annuels aux pilotes comme il n’y aura pas de marge de manoeuvre. Ce qui en retour pourrait avoir un impact important sur la fatigue et la sécurité», écrit la communauté des pilotes.

«Le changement de CEO et la durée des procédures de  sélection ne peuvent plus être acceptés comme des raisons expliquant l’absence de décision au niveau exécutif, surtout avec l’actuelle situation financière catastrophique de la compagnie», ajoutent encoreles deux syndicats.

Par la même occasion, la MALPA et l’AEA déplorent le fait qu’aucune décision finale n’a encore été arrêtée concernant les deux commandants suspendus depuis juin dernier. C’est-à-dire Pramil Banymandhub et Alain Leung Hin Wah. Ces deux derniers, disent-ils, ont chacun une licence pour voler qui n’est pas utilisée : «Quel que soit le fond de leur suspension, tout ce qu’on demande nous, c’est de prendre une décision une bonne fois pour toutes», fait-on ressortir du côté des deux syndicats approchés hier.

Sollicité tard hier soir, Arjoon Suddhoo nous a fait comprendre qu’il était occupé et de le rappeler. Mais il est, par la suite, resté injoignable.