Près de la montagne du Morne, des centaines de points multicolores foisonnent dans le ciel. Il s’agit d’un ballet où les ailes des kitesurfeurs (comparables à des voiles) se croisent et se frôlent, sans se heurter. Or, cette discipline, pour laquelle Le Morne est connu, fait des mécontents au sein du village. En effet, certains habitants se plaignent du fait qu’un nombre croissant d’adeptes de kitesurf envahit la plage en groupes.

Le problème réside dans le fait que le site initialement dédié à la pratique de kitesurf, soit la péninsule du Morne, est à présent saturé. Les kitesurfeurs sont de plus en plus nombreux à prendre d’assaut la mince bande de plage qui sépare la route de la mer. Leurs ailes et autres équipements prenant beaucoup d’espace, les habitants, et autres vacanciers, se disent dépassés. «Ils sont en train de nous envahir! Il y a des jours où ils sont presque une centaine à débarquer ici. Il faut les voir en groupes !», s’insurge un habitant. En effet, une grande partie de la population sportive migre vers le village pour avoir plus d’espace.

Outre le public, privé de plage et de tranquillité, les pêcheurs du Morne disent pâtir de cette situation. «Peser ena pou sorti pou ale lapes ou bien pou rant dan lagon. Me si ena dimoun pe fer kite surf li vinn complike pou nou. Nou pena plas pou nou lapes ousi ler zot pe ale-vini coumsa», déplore Clency Digdig, président de l’Association des pêcheurs du Morne.

Territoire réduit

Les pêcheurs vivent d’ailleurs cette situation comme une injustice car il y a peu, l’accès à la zone près de la montagne leur a été fermé. Celle-ci a été transformée en zone de baignade. Ils avaient contesté cette décision, qui avait été prise sans les consulter, en vain.

Leur territoire de pêche, déjà limité, s’en voit encore réduit. «Tou dimoun bizin ena l’emplwa ek fer so bizness marse! Eski peser-la pa importan li? Li pa bizin gagn so lavi?» s’interroge notre interlocuteur. Il demande que des actions soient prises afin de limiter le nombre de kitesurfeurs venant au village.

Antonio Verloppe, président du conseil de village du Morne, explique que ce problème s’amplifie et que la situation dure depuis trop longtemps. «À notre niveau, au conseil de village, nous ne pouvons pas faire grand-chose. Ce sont aux ministères de la Pêche et du Tourisme d’agir afin de veiller à ce que les pêcheurs puissent continuer à gagner leur vie et que les kitesurfeurs respectent une zone délimitée. J’invite ces ministères à faire une site visit afin de constater l’ampleur du problème.»