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Prostitution: des mineures prêtes à tout pour de l’argent
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Prostitution: des mineures prêtes à tout pour de l’argent
Il est 17 heures. Au Jardin de la Compagnie, ça grouille de monde. Maquillage presque parfait, ongles vernis, vêtements moulants laissant apparaître les jambes, décolleté plongeant... Les travailleuses du sexe, présentes à leur lieu habituel, sont aux aguets. Elles surveillent les moindres mouvements des clients potentiels. Parmi elles se trouve Reshma. Cette dernière n’a que 14 ans. C’est son oncle qui l’a initiée au plus vieux métier du monde.
«Il m’a fait goûter à la drogue. Maintenant j’ai besoin d’argent pour m’en procurer», confie l’adolescente. D’autres prostituées l’ont dissuadée de continuer sur cette voie, mais rien n’y fait. Son oncle la contrôle.
«Je lui ai parlé, mais je me rends compte qu’il y a d’autres qui l’encouragent à mener cette vie», explique Jenna. Cette dernière a même été voir des ONG pour prendre en charge Reshma. Elle a arrêté pendant quelques jours, dit Jenna, avant que son oncle ne la retrouve.
Le sort de Reshma ressemble aussi à celui de Jenna. Âgée de 24 ans, cette mère de quatre enfants a 12 ans d’expérience dans le domaine. C’est avec peine qu’elle dit vouloir tout plaquer afin de recommencer sa vie. Elle n’a jamais voulu de celle qu’elle mène au jardin.
«Il était séropositif et ne m’a rien dit»
À l’âge de 12 ans, le refuge dans lequel elle se trouvait lui permet de rejoindre sa mère, une alcoolique. Cette dernière, pas très enthousiaste de retrouver sa fille qu’elle n’avait pas vue depuis des années, lui demande de trouver refuge ailleurs. «Une dame a accepté de m’héberger. Elle se prostituait à Grand-Baie. Elle m’emmenait avec elle dans les discothèques. C’est là que j’ai débuté», raconte Jenna, peu fière de son parcours.
Très jeune, elle fait la connaissance d’un jeune homme qui deviendra par la suite son époux. Quelque temps après, elle se sépare de celui-ci et fait la connaissance d’un autre homme. Ce dernier dit l’aimer. «Il était séropositif et ne m’a rien dit», soupire-t-elle. Elle n’a jamais été à l’école et se rend compte que sa vie ne sera pas facile. «Dès que les gens savent que vous êtes séropositive, c’est fini pour vous. Pas moyen de trouver un emploi», fait-elle comprendre.
Un peu plus loin se trouve Elodie, 17 ans. Elle est entourée d’Isabelle*, de Clarina* et de Shirin*. Récemment séparée de son époux, Elodie a atterri au jardin pour se faire de l’argent. Bien au courant des problèmes qu’elle risque, cette mère de trois enfants se dit prête à les affronter. «Depuis que je suis là, j’ai eu des ennuis avec des policiers et avec les clients aussi, mais je n’ai pas le choix», explique-t-elle.
Pour Farzanah*, âgée de 33 ans et qui est dans le métier depuis bientôt sept ans, voir de nouvelles têtes rôder au jardin lui cause de la peine. Pas parce que cela réduit ses chances de se faire plus d’argent, mais parce qu’elle sait combien c’est dur de s’en sortir.
«Il y a quelques jours, trois filles, visiblement des mineures, sont venues ici. Je les ai fait fuir», souligne-t-elle. Elle se rend compte que les clients cherchent davantage de filles jeunes mais elle soutient que tant qu’elle pourra les dissuader de se lancer dans cette voie, «mo pou fer li».
*prénoms modifiés
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