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Liaison aérienne: Ethiopian Airlines, le géant qui menace Air Mauritius

5 novembre 2015, 14:02

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Liaison aérienne: Ethiopian Airlines, le géant qui menace Air Mauritius

Il y a du mouvement dans le secteur aérien. Avec sa stratégie d’expansion sur l’Asie, la compagnie Ethiopian Airlines se positionne-t-elle comme un redoutable concurrent pour Maurice? En effet, notre pays, qui ambitionne d’offrir le principal couloir aérien reliant l’Asie à l’Afrique, doit se montrer à la hauteur face à l’Éthiopie.

 

«Nous sommes le meilleur point d’entrée sur le continent. Addis-Abeba est située au point de jonction entre les économies émergentes d’Asie et d’Afrique, mais aussi d’Amérique du Sud, comme le Brésil. Notre compagnie a la capacité de relier entre elles ces régions en forte croissance», a déclaré Tewolde Gebremariam, P-DG d’Ethiopian Airlines, à l’Agence France Presse la semaine précédente.

 

Ethiopian Airlines possède déjà la plus grande académie de formation du continent noir, avec plus de 1 300 stagiaires et une flotte de 77 avions, qui devrait passer à 120. La compagnie aérienne dessert 91 destinations internationales et compte ajouter des vols vers Jakarta et Hô-Chi-Minh-Ville l’année prochaine.

 

Loin d’être surpris par cette stratégie d’expansion, Megh Pillay, ex-directeur d’Air Mauritius (MK), va plus loin. «Comme hub aérien et en matière de position géographique, Addis-Abeba n’a rien à envier à Dubayy. Avec près de 80 appareils, Ethiopian Airlines opère la plus grande et la plus jeune flotte africaine, dépassant même South African Airways. Son chiffre d’affaires a progressé de 500 % en dix ans. Elle est en pleine phase de développement et peut se permettre une expansion globale. Rien à voir avec MK !»

 

Mais les opinions divergent. Interrogé quant à une possible concurrence d’Ethiopian Airlines, un observateur du secteur aérien voit les choses sous un angle différent. «Bien au contraire ! L’Éthiopie se trouve au Nord-est de l’Afrique. Or, Maurice a l’avantage naturel de se situer à quelques heures de vol de destinations telles que la Namibie, l’Angola ou encore la Tanzanie. Les passagers auront l’avantage de gagner des heures de vol vers plusieurs destinations de l’Afrique de l’Est.»

 

Outre le fait de lorgner l’Asie, Ethiopian Airlines est déjà fortement présente sur le continent africain. «Ethiopian Airlines dessert déjà 50 destinations sur le continent africain. À part Addis-Abeba, la compagnie dispose de deux hubs régionaux au Malawi et au Togo», souligne Megh Pillay.

 

Quid de MK ? Est-elle apte à se faire une place sur le marché africain ? À cette question, notre interlocuteur estime que ce marché est en croissance rapide et que toute opportunité mérite d’être évaluée à sa juste valeur.

 

OPTIMISER SON RÉSEAU

 

Mais il est d’avis que la solidité financière et opérationnelle est une condition sine qua non pour toute expansion. Selon Megh Pillay, MK, avec son taux de croissance négatif depuis dix ans, ferait mieux de concentrer ses efforts pour sortir du gouffre.

 

Car afin d’être en mesure d’en découdre avec d’autres compagnies aériennes, MK doit se fixer comme priorité l’optimisation et la rentabilisation de son réseau, la modernisation de sa flotte et l’amélioration de la qualité et du confort de ses cabines et de ses prestations en vol. La compagnie doit aussi revoir son offre en matière d’accueil et de service client. Par ailleurs, afin de rétablir son autonomie et sa crédibilité financière, MK est aussi appelée à retravailler ses alliances stratégiques et son organisation interne.

 

«Cependant, la prudence exige, au préalable, de sérieuses études de faisabilité. Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. Il n’y a malheureusement pas de raccourcis pour atteindre les objectifs légitimes vers lesquels nous aurions souhaité voir évoluer MK», déclare Megh Pillay.

 

Pour sa part, Ethiopian Airlines n’est plus dans la projection, mais bel et bien dans l’action. La compagnie aérienne a annoncé que dès le mois prochain, elle déploiera des membres d’équipage chinois sur ses vols à destination de la Chine et du marché asiatique. Pour cause, c’est précisément le marché chinois qui est le plus porteur, selon Tewolde Gebremariam.