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Jean-François Chaumière, Senior Advisor du Premier ministre: «Ma nomination est une suite logique…»

7 novembre 2015, 11:40

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Jean-François Chaumière, Senior Advisor du Premier ministre: «Ma nomination est une suite logique…»

Le Campaign Manager d’Aurore Perraud, de Gowkaran Oree et de Marie-Claire Monty au n°4 a pris cette semaine son poste de Senior Advisor du Premier ministre. Jean-François Chaumière s’est installé temporairement dans le bureau de Serge Clair, au New Government Centre, en attendant que le sien, un étage plus haut, soit prêt.

 

Comment fait-on pour passer de président du Parti travailliste à Senior Advisor du Premier ministre du  camp adverse ?

Je suis le conseiller du Premier ministre parce qu’il me le demande. C’est une suite logique de mon engagement vis-à-vis de sir Anerood Jugnauth. J’ai donné un coup de main à l’alliance Lepep et à son leader aux dernières élections. Je l’ai fait inconditionnellement. Je n’ai rien demandé et on ne m’a rien promis. La seule chose que j’ai demandée, c’est de pouvoir travailler au n°4 (Port-Louis Nord– Montagne-Longue) en particulier, et non pas d’être candidat.

 

Vous estimez que le Premier ministre vous était redevable ?

Sir Anerood Jugnauth est un homme franc. Il ne cherche pas ses collaborateurs pour leur faire plaisir. Il aime les gens qui travaillent et la discipline. C’est pour cela que le courant passe très bien entre nous.

 

Pensez-vous avoir vraiment contribué au 3-0 de l’alliance Lepep au n°4 ou n’était-ce que le résultat de la vague générale de mécontentement ?

Je n’ai pas seulement travaillé au n°4. J’ai aussi donné un coup de main au n°8 (Moka–Quartier-Militaire), au n°15 (La Caverne–Phoenix) et au n°5 (Pamplemousses-Triolet). La vague de mécontentement était là. L’usure du pouvoir aussi. L’arrogance du pouvoir était à son summum ces deux dernières années avant les élections, avec un Premier ministre et ses ministres qui pensaient que tout leur était permis et que les gens allaient passer sur tout.

 

Quelles sont les attributions du troisième Senior Advisor du Premier ministre (NdlR : après Dev Beekharry et Prakash Maunthrooa) ?

C’est assez vaste. Je suis chargé de faire l’interface avec le public, la société civile, les organisations non gouvernementales et le secteur économique.

 

Vous allez assurer la liaison entre le public et le gouvernement. Votre bureau sera comme un Citizens Advice Bureau ?

Non. Le Senior Advisor rend des comptes directement au Premier ministre. Il fait partie de l’entourage immédiat de celui-ci et le conseille. J’ai une expérience de juriste, le caractère social de la politique m’intéresse. Il y a encore des gens vulnérables ici qui ont besoin d’une attention particulière. Non pour les réduire à l’assistanat mais pour les faire monter. C’est un rôle que je m’emploierai à remplir tout le temps que je serai à ce poste.

 

Vous avez pris vos fonctions en début de semaine. Vous attendez toujours un bureau…

Je suis ici (NdlR : il occupe temporairement le bureau du Chef commissaire de Rodrigues au New Government Centre) pour le moment pour des raisons logistiques. Mais ça fait partie de l’hôtel du gouvernement où il y a plusieurs bureaux du PMO. Je fais partie de cette configuration.

 

 L’attente a quand même été longue. Qu’avez-vous fait durant ces dix mois ?

J’ai été dans l’offshore. J’ai travaillé pour des compagnies d’investissements dans des pays d’Afrique de l’Ouest. Là, j’ai démissionné de mon poste de directeur de mes compagnies pour me consacrer à plein temps à mes nouvelles fonctions.

 

Vous avez été Junior Minister à l’Environnement, ministre du Travail, vous avez exercé dans l’offshore et vous avez aussi été à un moment pizzaïolo…

(Gêné) Non, je n’ai jamais été pizzaïolo de toute ma vie. C’était une aventure financière. Je voulais savoir comment ça marche. J’ai investi avec un ami comme j’ai investi dans beaucoup d’autres choses comme ça avant de désinvestir six mois plus tard.

 

Pourquoi aviez-vous pris vos distances du PTr?

J’ai pris mes distances de la politique et du PTr juste après les élections de 2010 pour des raisons personnelles. En mai 2011, j’ai soumis ma lettre de démission de toutes les instances du parti. En septembre, j’ai quitté le pays avant de rentrer au bercail en 2012. Déjà, je pressentais que le leader du PTr devenait un potentat. Comme je suis quelqu’un d’assez libre, ça me gênait. Je suis resté à l’écart sans faire de vague jusqu’à ce que Navin Ramgoolam m’attaque dans un meeting à La Tour Koenig durant la campagne pour les dernières élections générales. Vu la tournure des événements par rapport à la situation politique dans le pays, j’ai décidé de m’engager auprès de sir Anerood Jugnauth.

 

Ça a fini par payer…

Je ne suis pas quelqu’un qui va danser dans un bal de frustrés. Ce n’est pas ce qui m’a motivé. Je ne me sentais plus à l’aise. Le Parti travailliste était devenu un parti de béni-oui-oui où on se mettait à genoux pour attendre les prébendes d’un chef de tribu et un parti de roder bout et ça, je ne pouvais l’admettre. Ce n’était pas difficile pour moi de faire le saut pour me mettre au service du pays.

Qu’est-ce qui vous a fait le plus mal ?

D’avoir fait confiance à une personne qui s’est révélée fausse. Quelqu’un qui vous demande de faire une chose alors que lui, il fait le contraire. Je suis né dans une famille travailliste. J’ai été élu pour la première fois en 1995 sous la bannière du PTr. Comme beaucoup, je me suis sacrifié pour ce parti. Au final, pourquoi ? Pour la gloire d’une personne qui se voulait rassembleur, moderne ! Tout le monde a le droit d’avoir une vie privée mais quand la vie privée et la vie publique s’entremêlent, là il y a un problème. Surtout lorsque vous êtes à la tête d’un pays.

 

Vous avez évoqué l’arrogance de l’ancien gouvernement. L’histoire n’est-elle pas en train de se répéter avec de nouveaux figurants ?

C’est incomparable. Le gouvernement termine la première année de son mandat. Allons juger le gouvernement sur son bilan après cinq ans. Cette année est une année de transition. Il a fallu redémarrer la machine gouvernementale et politique après le climat délétère où tout était permis. Il fallait nettoyer les écuries d’Augias avec toutes les conséquences que cela pourrait avoir et son côté impopulaire. L’année prochaine sera une année de grands développements avec les smart cities et les projets d'infrastructures publiques qui vont donner un coup de fouet à l’économie. L’année prochaine, Maurice sera un grand chantier. Quand le bâtiment va, tout va.