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Pourquoi le prix à la pompe baisse moins vite que celui du pétrole

9 novembre 2015, 09:15

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Pourquoi le prix à la pompe baisse moins vite que celui du pétrole
 
Depuis plus d’un an, les cours du pétrole ont fait un véritable plongeon. Le baril de brent, qui valait 97 dollars en septembre 2014, s’est effondré de 50 %, à moins de 48 dollars ce lundi. Cette chute n’est pas répercutée à la pompe pour les automobilistes. Le litre d’essence a reculé de seulement 8 % sur la même période. De son côté, le gazole, carburant majoritairement consommé à Maurice, a baissé de 15 %.
 
Pourquoi la baisse n’est-elle pas plus forte ?
 
L’influence du cours du pétrole sur le prix à la pompe est limitée parce que la part de ce produit est faible par rapport au prix final. Quand vous faites le plein, vous payez aussi :
- le raffinage, qui permet de transformer du pétrole brut en produits raffinés.
- le transport et la distribution, qui représentent les coûts de logistique (acheminement, stockage, assurance, etc.).
- des taxes, qui représentent la moitié du prix final (53,5 % pour l’essence, 44 % pour le gazole).
 
Ces variables sont indépendantes des fluctuations du brut sur les marchés mondiaux. Or elles pèsent lourd : environ deux tiers du prix à la pompe !
 
 
Si le prix du pétrole impacte peu, alors à quoi les tarifs à la pompe sont-ils le plus sensibles ?
 
Aux décisions du gouvernement en termes de fiscalité. Et, dans une moindre mesure, au coût d’acheminement du carburant depuis la raffinerie indienne de Mangalore jusqu’aux stations-service du pays.
 
Pour Maurice, qui importe l’intégralité de ses besoins en pétrole, le transport compte triple. Il y a d’abord l’acheminement du pétrole brut jusqu’à la raffinerie. Puis le transport jusqu’à Port-Louis en tanker et enfin la distribution par camion-citerne aux stations-service. Toutes ces opérations coûtent cher. Elles sont évidemment facturées aux automobilistes.
 
Mais ce sont les taxes prélevées par l’État qui pèsent le plus lourd dans le prix final à la pompe, à savoir la TVA de 15 % et six autres prélèvements dont le montant est fixe. Deux de ces prélèvements(1) ont été relevés en janvier. D’où une spectaculaire envolée des taxes (hors TVA) : + 20 % sur l’essence, + 39 % sur le diesel. Ou comment la hausse de la fiscalité absorbe la baisse du prix du pétrole…
 
 
Outre les taxes, qu’est-ce qui freine le recul des prix ?
 
Dans un litre de carburant, il n’y a pas que du pétrole et des taxes. Les autres postes cependant pèsent moins dans la composition du prix à la pompe : environ 4,5 % pour les marges de profit des distributeurs (Shell, Total, Engen, Indian Oil) et des stations-service, et 1 % pour les frais administratifs de la State Trading Corporation (STC).
 
Le taux de change peut aussi entrer en compte. L’or noir est coté en dollar et le prix à la pompe est en roupie. Quand notre monnaie baisse contre le billet vert, le pétrole nous coûte plus cher. Ce scénario prévaut depuis le début de l’année. En janvier, il fallait Rs 31,5 pour obtenir un dollar, contre Rs 35,8 aujourd’hui…
 
 
Comment réduire le décalage entre le cours du brut et le prix à la pompe ?
 
Le ministre du Commerce, Ashit Gungah, y travaille. Il devrait annoncer la semaine prochaine un nouveau système de fixation des prix. «Une formule est en préparation. Toute baisse des cours du brut sur les marchés mondiaux sera répercutée aux consommateurs», promet-il en ajoutant que le «système actuel ne permet pas de faire cela». C’était pourtant l’engagement du Petroleum Pricing Committee, introduit en 2011 pour «pallier les faiblesses de l’Automatic Pricing Mechanism», peut-on lire sur le site de la STC…
 
(1) : Il s’agit des contributions au Build Mauritius Fund (+ Rs 3 par litre) et au Rodrigues Transportation and Storage (+ 11 sous).