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Ignace Lam,directeur d’Intermart : «Certains secteurs du commerce enregistrent une baisse de recettes de 40 %»

11 novembre 2015, 08:24

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Ignace Lam,directeur d’Intermart : «Certains secteurs du commerce enregistrent une baisse de recettes de 40 %»
Au vu du nombre d’opérateurs dans la grande distribution, le secteur connaît quelques difficultés. «Chacun est en train de ronger à l’intérieur même du gâteau», note le directeur d’Intermart. Cette enseigne, toutefois, a pu maintenir le cap en 2015, note son directeur.
 
  • L’indice de confiance des consommateurs est en baisse pour le deuxième trimestre, selon le rapport de TNS Analysis. Il en va de même pour l’indice de confiance des entrepreneurs de la Mauritius Chamber of Commerce and Industry (MCCI). Comment réagissez-vous face à cela ?
En général, dans le commerce, il y a un ralentissement général. Seulement, on ne peut généraliser. Dans certains secteurs du commerce, on note une baisse de 30 à 40 %. Toutefois, en ce qui concerne l’alimentation, cela reste stable. Vous voyez, les choses ne sont pas si moroses que cela. Par contre le secteur qui marche très bien, c’est l’hôtellerie. Les hôtels sont remplis. Quoi qu’il en soit, c’est sûr que certains secteurs font définitivement face à un ralentissement.
 
  • Les commerçants, petits ou grands, ont constaté une régression de leur chiffre d’affaires au cours des deux derniers trimestres et anticipent un quatrième trimestre très difficile. Les fêtes sont-elles justement un moyen pour eux de rebondir ?
En principe, le chiffre d’affaires va rebondir pendant la période festive. Mais c’est difficile de prévoir en comparaison avec l’année dernière. Par contre, pour tout ce qui est non alimentaire, il y a effectivement une régression.
 
Face à une année difficile avec beaucoup d’incertitudes, quel bilan faites-vous de 2015 ?
En ce qui concerne Intermart, l’année 2015 a été positive. Il n’y a pas eu de régression. Nous avons maintenu le cap. D’une part, grâce au fait que l’alimentation est moins vulnérable, et d’autre part, grâce à d’autres facteurs. Il y a eu une dépréciation légère de la roupie. Le taux de change du dollar américain a franchi la barre des Rs 35. Il y a également la baisse des prix des denrées sur le marché international, notamment le riz et le lait, qui a aidé à maintenir la stabilité dans le secteur alimentaire.
 
Maurice étant un marché restreint, quels sont les problèmes auxquels les opérateurs de la grande distribution font face, surtout avec le nombre de compétiteurs qui existent sur le marché ?
Notre plus gros problème c’est le nombre élevé d’opérateurs à Maurice pour une population de 1,2 million habitants. Vous avez vu le nombre de supermarchés? Le nombre de supermarchés qui ouvrent leurs portes ? Nous faisons face à une compétition féroce. Malheureusement, il n’y a pas de grosse croissance dans le secteur. Chacun est en train de ronger à l’intérieur même du gâteau. Du coup, cela fait le bonheur des consommateurs. Aujourd’hui, ils ont un choix. S’ils considèrent que vous êtes chers, ils ne viennent pas chez vous.
 
Comment Intermart se différencie-t-il de ses compétiteurs ?
Nous avons des outils pour concurrencer nos compétiteurs. Premièrement, il y a l’offre que nous proposons. Il y a également notre politique de prix et de produits. Intermart travaille beaucoup avec Intermarché (NdlR, enseigne française) qui propose une panoplie de produits très compétitifs. À titre d’exemple, nous avons des biscuits commercialisés sous la marque Bouton d’Or. Nos légumes et conserves sont disponibles sous la marque St Eloi. Nous avons la marque Apta pour nos produits de droguerie et d’entretien. Au rayon parfumerie, nous avons les produits Labell qui sont très compétitifs. Nous disposons donc d’une bonne gamme de produits qui sont vendus à un prix très compétitif.
 
En quatre ans de présence d’Intermart, la marge de profit de l’enseigne a-t-elle diminué ou augmenté ?
Intermart a ouvert ses portes en septembre 2011. Nous venons de fêter nos quatre ans d’existence. Nos marges de profit sont restées stables. Quant aux profits nets, ils augmentent parce qu’Intermart s’est agrandi. Quand on a démarré, il n’y avait que les enseignes d’Ébène, de Bagatelle et de Curepipe. Aujourd’hui, nous en sommes à six magasins. Nos chiffres d’affaires, depuis le début, ont doublé.
 
Parlez-nous du projet d’Intermart à Chebel ? Quelle est la stratégie derrière ?
On se rapproche un peu plus de notre clientèle. Si tout se passe bien, on espère ouvrir d’ici la fin de l’année. Ce sera uniquement un supermarché. Nous avons investi au moins une centaine de millions de roupies dans ce projet. En ce qu’il s’agit de la superficie du magasin, le rez-de-chaussée fait 1 800 m2. Quant à la surface nette, elle fait environ 1500 m2. 
 
Si on regarde notre parcours en l’espace de quatre ans, on peut être très satisfait de notre bilan. Avec ses six magasins, Intermart est devenu une enseigne incontournable, que les gens connaissent et dont ils parlent. Le public attend beaucoup d’Intermart. Si on a décidé d’ouvrir un magasin supplémentaire, c’est en raison d’une forte demande. Par exemple, à Beau-Bassin, Coromandel et Chebel les gens attendent l’ouverture de ce magasin avec impatience. Nous avons reçu beaucoup d’encouragements aussi. Les gens disent que c’est une enseigne qui leur convient. C’est ce qu’ils veulent au final.
 
«Demain, quand le marché sera vraiment saturé, je dirai oui, pourquoi pas l’Afrique. Mais il faut avoir les reins solides pour y aller.»
 
Quels sont vos autres projets ?
Moi, je gère les Intermarts d’Ébène, de Grand-Baie et éventuellement de Chebel. On ira là où la demande l’exige. Quant aux autres magasins, c’est la famille How qui les dirige. D’ailleurs, celui de Curepipe est en rénovation. Ils ont un projet d’agrandissement du magasin. La superficie passe de 800 à 1500 m2. Le magasin sera fermé pour dix jours et ouvrira ses portes durant la troisième semaine de novembre.
 
L’année prochaine Stéphane (NdlR : How) ouvre un autre magasin à Floréal. Voici la preuve qu’Intermart est devenu une enseigne très demandée des Mauriciens. Dans tous les nouveaux développements et commerciaux, les gens s’attendent à avoir un Intermart. Aujourd’hui les promoteurs se tournent vers nous parce qu’Intermart est une enseigne forte.
 
Justement pensez-vous que la grande distribution a la capacité de se développer davantage, malgré la conjoncture difficile ?
Comme je vous dis, le gâteau ne grossit pas. Il y a une croissance très faible. On est en train de ronger à l’intérieur. Tant qu’on peut s’améliorer, on s’améliore. Nous mettons beaucoup d’accent sur la qualité des services, sur le progrès. Autant que possible, nous voulons être aux côtés de notre clientèle.
 
Que pensez-vous de l’Afrique ? Ne seriez-vous pas tenté d’investir sur ce continent ?
Quand on aura terminé avec nos développements à Maurice, éventuellement oui. Tant qu’il y a du travail pour moi au niveau local, je préfère me concentrer sur ces possibilités. Demain, quand le marché sera saturé, je dirai oui, pourquoi pas l’Afrique. Vous savez, il faut avoir les reins solides pour aller en Afrique et investir.
 
Les grands groupes sont bien établis. Avant de faire de l’argent en Afrique, ils en ont perdu beaucoup. Les propriétés sucrières n’ont-elles pas perdu beaucoup d’argent ? Si à Maurice même je ne peux compléter mon expansion, pourquoi j’irais en Afrique ? Pourquoi l’industrie sucrière, le textile se sont-ils tournés vers l’Afrique ? Parce que c’était saturé ici. C’était fini pour eux. On ne pouvait plus continuer à produire à Maurice.
 
Le contexte est différent. Que se passe-t-il si demain par exemple, Winners, qui possède 21 magasins, termine son plan d’expansion à Maurice et arrive à 25 ? À un moment donné, il faudra peut-être aller en Afrique. Moi-même je considère que je n’ai pas encore terminé là où il y a encore des opportunités. D’ailleurs, nous aurons huit magasins d’ici l’année prochaine.
 
Et pour finir, à quand les produits festifs sur les rayons ?
Les produits festifs seront disponibles deux semaines avant Noël. On les fait venir par avion. Nous avons un vol par semaine. Nous proposons principalement des produits frais de France. Nous avons noté qu’il y a une demande pour la charcuterie, le saumon frais et fumé, les crevettes, entre autres.