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Mahen Jhugroo, Chief Whip de la majorité: «Danielle Selvon se voyait présidente de la République»
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Mahen Jhugroo, Chief Whip de la majorité: «Danielle Selvon se voyait présidente de la République»
Officiellement, Danielle Selvon a claqué la porte du MSM pour protester contre les lois Bhadain. Cette version, son ex-collègue Mahen Jhugroo n’y croit pas. Il décrit une «diva capricieuse» frustrée de ne pas avoir davantage de responsabilités, vexée de devoir voyager à ses frais et avec qui le torchon brûlait depuis un bon bout de temps. Attention, ça balance pas mal…
Tenez, un Kleenex pour éponger la tristesse…
Triste, moi ? Pourquoi je devrais être triste ?
Vous n’avez pas perdu une des vôtres ?
Danielle Selvon ? Ah non (rire). Son départ ne me fait ni chaud ni froid. Cette dame est une indisciplinée. Ce n’est pas une grosse perte pour le parti, au contraire.
Bon débarras ?
Moi en tout cas, je ne la regretterai pas. Les divas capricieuses, vous savez… Moi qui suis en politique depuis très longtemps (NdlR : depuis la création du MSM en 1983), je veux des gens sérieux, disciplinés, qui respectent leur leader et la ligne de conduite du parti.
Vous lui reprochez quoi, concrètement ?
Elle a passé son temps à exiger, à voyager... Et maintenant, elle raconte des tas d’histoires. Si on l’écoute, on lui doit les amendements des lois Bhadain. Mais enfin, c’est grotesque. Tous les projets de lois sont amendés. Bon, à sa décharge, elle est nouvelle au Parlement. Elle ne sait pas encore trop bien comment ça fonctionne. Ah la la, il vaut mieux en rire…
Être libre de penser et de s’exprimer, c’est ça l’indiscipline ?
Absolument pas. Je suis un partisan de la liberté d’expression. Sans débat et circulation des idées, le MSM ne serait pas le grand parti qu’il est (on coupe).
Parlez-moi du débat interne sur les lois Bhadain…
On a décidé d’espacer d’un mois la première et la deuxième lecture au Parlement, justement pour que tout le monde donne son avis. Dire que la liberté d’expression n’existe pas au Bureau politique (BP) est un mensonge, et Danielle Selvon le sait. Chacun peut s’exprimer.
Chacun, dit-elle, c’est trois personnes.
Faux !
Le MSM n’a pas de problème de démocratie interne ?
Mais pas du tout !
Dans ce cas, pourquoi la parlementaire Selvon n’avait pas le droit de poser certaines questions ?
Mais non (il souffle)...
Pas très convaincant. C’est vous le censeur ?
Laissez-moi vous expliquer. Début septembre, alors qu’elle venait de s’absenter trois semaines du pays, elle m’a envoyé des questions sur les Chagos. Quelques jours plus tôt, sir Anerood s’était longuement exprimé là-dessus. J’ai conseillé à Selvon d’aller voir le Premier ministre. Madame n’a pas aimé, je ne sais pas pour qui elle se prend...
Il y a une ligne de conduite, une discipline à respecter, ça n’empêche pas le dialogue. Que ce soit au comité central ou au BP, chacun est libre de prendre la parole, d’apporter une idée, de discuter. Idem au comité parlementaire du lundi. Si cette dame était venue plus souvent, elle le saurait. Le ministre Bhadain, l’autre jour, a répondu aux questions et éclairci bien des points.
Combien de fois l’a-t-il fait au comité parlementaire ?
La première fois, c’était lundi dernier.
Deux semaines après la première lecture, donc.
(Agacé) Écoutez, les membres du BP ont le numéro de Pravind Jugnauth. N’importe quel camarade peut prendre rendez-vous avec le leader pour des éclaircissements. Danielle Selvon ne l’a jamais fait. Et pour cause, elle a passé le mois d’octobre à l’étranger.
D’abord, elle a été à une session du Parlement panafricain (NdlR : l’assemblée consultative de l’Union africaine, qui siège à Midrand, en Afrique du Sud). Pendant son séjour – de deux ou trois semaines – elle a été invitée à superviser l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire et elle est repartie là-bas. Elle n’était même pas à Maurice pour la première lecture des projets de lois.
Ce deuxième voyage…
(Il coupe) Pas le deuxième, non ! Elle passait son temps à voyager. Avec ou sans l’approbation du Premier ministre. En Côte d’Ivoire, elle a décidé d’y aller un vendredi soir mais elle n’a pas eu le Prime Minister’s approval. Alors elle a fait tout un cirque avec la Speaker et le clerk du Parlement. Pour avoir son per diem et un upgrading en business class.
J’ai fini par appeler le Premier ministre, il m’a dit : «C’est non ! Si elle veut y aller, ce sera à ses frais.» C’est ce qu’elle a fait. Cette dame a oublié qu’elle avait été élue pour se mettre au service du pays, pas pou al promné gramatin tanto. Ce gouvernement veut mettre de l’ordre, on ne peut pas laisser les gens vakarné bonhomme !
Le torchon brûlait depuis quand ?
Juste après les élections, elle est venue me voir à mon bureau. Elle était furieuse de ne pas avoir eu un ministère, ni un poste de Parliamentary Private Secretary.
Furieuse comment ?
Enn koler sa ! Demandez-lui de vous raconter, je suis sûr qu’elle s’en souvient. Elle se voyait déjà présidente de la République.
Et vous, vous vous souvenez de quoi ?
J’ai essayé de la calmer. Je me rappelle lui avoir dit : «Get sa, je suis en politique depuis 30 ans. Je n’ai pas eu de ministère, je n’en fais pas un drame». Elle m’a répondu : «Je veux devenir présidente de la République.» Je lui ai dit : «Ki to pe dir ? To fol ? On a déjà quelqu’une qui attend.» Elle n’a pas lâché, c’était surréaliste : «Si je ne peux pas être présidente, nommez-moi vice-Présidente.» J’en ai parlé à mon leader, bref, enn roder bout sa.
Elle n’a pas totalement exclu un retour au MSM…
(Sur un air détaché) Ouais, ouais.
La porte est fermée ?
Ce n’est pas à moi d’en décider. Mais je sais qu’elle a commis une grave erreur. Tous ceux qui ont claqué la porte du MSM ont fini par disparaître.
Vous dites ça pour M. Gayan ?
(Rire) OK, avec quelques zigzags on peut parfois revenir. Mais la majorité finn disparet.
En parlant de zig et de zag, ces fameuses lois, vous en pensez quoi ?
Du positif. Nous avions promis pendant la campagne de remettre de l’ordre dans ce pays. C’est ce que l’on fait.
Pour l’instant ces lois créent surtout du désordre. Le «renversement de la charge de la preuve» alarme beaucoup de gens.
Je ne peux pas me prononcer là-dessus, je ne suis pas expert. Mais je suis pour ces lois.
Y aura-t-il d’autres amendements ?
C’est possible. Si des propositions vont dans l’intérêt du pays, le Premier ministre les entendra et nous en débattrons. C’est notre mode de fonctionnellement. Si ce n’était pas le cas, pourquoi Danielle Selvon a-t-elle attendu 11 mois pour partir ? Le plus comique, c’est qu’elle a dit qu’elle votera les lois ; c’est n’importe quoi. Si elle atterrit au MMM, je souhaite bien du courage à Bérenger. Il va hériter d’un os plus dur que Jocelyne Minerve ! (rire sonore).
Note de la rédaction : sollicitée pour une interview, Danielle Selvon a poliment décliné, évoquant une «période de réflexion».
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