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La Réunion rattrapée par le djihadisme

17 novembre 2015, 15:30

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La Réunion rattrapée par le djihadisme

Comme partout ailleurs en France, l’île de la Réunion n’est pas épargnée par la montée du radicalisme musulman. Inconcevable aux yeux de la population, ce phénomène est quasi inéluctable à ceux des autorités. Dernier exemple en date, l’arrestation le mardi 17 novembre, à Saint-Denis, d’un jeune de 16 ans. «Soupçonné d’être en voie de radicalisation, il avait menacé de faire sauter sa maison avec une bouteille de gaz», peut-on lire sur le site Internet du Journal de l’île de la Réunion (JIR).

Lundi, Dominique Sorain, le préfet de l’île, a tiré la sonnette d’alarme: le nombre de «cas de radicalisation», selon lui, atteint désormais la «centaine». Un rapport du ministère français de l’Intérieur publié en mars dernier signalait «48 cas». Ce chiffre aurait donc doublé en huit mois. Dans l’intervalle, pour la première fois, une filière djihadiste a été démantelée dans l’île. C’était le 2 juin dernier, cinq personnes soupçonnées de préparer des actes terroristes ont été arrêtées dans le centre-ville de Saint-Denis.

Des Réunionnais radicalisés partis pour le djihad

Parmi eux figuraient un homme de 21 ans décrit comme un «prédicateur salafiste». Il était parvenu à convaincre six personnes de partir pour l’Irak ou la Syrie. Pas vraiment une surprise. En début d’année, le préfet avait indiqué que des Réunionnais radicalisés étaient partis pour le djihad au cours des mois précédents. Certains y ont laissé leur vie.

C’est le cas de Nassirdine Mze, 23 ans. Il avait quitté, en octobre 2014, le quartier populaire de l’Oasis, à Saint-André, dans l’est de l’île, assurant à ses proches qu’il partait en métropole faire des études. Six mois plus tard, ses parents ont reçu un appel téléphonique anonyme leur disant qu’ils n’avaient plus à s’inquiéter pour leur enfant, «qu’il était déjà au paradis».

Le dispositif Vigipirate renforcé

Nassirdine Mze a été tué avec huit autres combattants de l’Etat islamique dans le nord de l’Irak, à Tikrit, le 7 avril. Après l’annonce de sa mort, Houssen Amode, président du conseil réunionnais du culte musulman, expliquait être «en alerte depuis un an et demi. On nous a demandé de prêter attention à certaines personnes».

Selon le dignitaire religieux, cité par Le Monde, «l’institution musulmane réunionnaise est exemplaire dans son fonctionnement», mais «les flux migratoires, Internet, la perte des valeurs et le manque de travail» constituent un terreau favorable à l’émergence du djihadisme dans l’île.

Signalons que l’état d’urgence décrété en France ne s’applique pas à La Réunion. Le préfet a toutefois renforcé, dimanche, le dispositif Vigipirate. Une patrouille des FAZSOI, les Forces armées dans la zone sud de l’océan Indien, a été déployée à l’aéroport et la surveillance des autres sites sensibles (port, centres commerciaux, lieux de culte, établissements scolaires…) a été rehaussée.