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Jean-François Janvier, 43 ans: dans le salon d’un garnisseur

21 novembre 2015, 11:09

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Jean-François Janvier, 43 ans: dans le salon d’un garnisseur

Sur la route Pope Hennessy, à Beau-Bassin, des chaises dépaillées, malades, alitées. Des sofas mal-en-point, défoncés, éventrés. Qu’est-ce donc que ce carnage ? À côté, une devanture de magasin. L’enseigne, bien installée, dissipe les doutes: bienvenue chez le garnisseur. Prenez une chaise.

 

Slalom entre des panneaux en bois, des morceaux de tissu. Au fond du couloir : le patron des lieux, Jean-François Janvier, né en juin, il y a 43 ans. Son métier de tapissier garnisseur, il l’exerce depuis une trentaine d’années.

 

C’est que, voyez-vous, l’as de la machine à coudre est tombé dans le pot de colle quand il était petit. Meublons la conversation. «Mo ti éna 13 an kan mo papa finn amenn mwa kot mo tonton. Li ousi ti garniser. Sé ar li ki monn aprann travay la.» Et même si «ti pé gagn kriyé, gagn baté tou parfwa», il n’a pas abandonné. La faute à l’amour du métier, le seul que Jean-François ait jamais pratiqué. «Monn gaté ar li…»

 

Mais il n’est pas de ceux qui se contentent de faire partie des meubles. La passion aidant, il n’a cessé de tracer sa route, malgré les dos-d’âne, les ralentisseurs et autres obstacles. Il y a quatre ans, satisfaction suprême : Jean-François se mettait à son propre compte. Justement, parlons chiffres. La caisse enregistreuse a-t-elle le cul entre deux chaises à la fin du mois ?

 

«Ça dépend», rétorque le quadragénaire. «Kan éna enn ta travay», soit en novembre et décembre, en période de fêtes, «zafer bon». Mais entre janvier et mars, «inpé mor». Le chiffre d’affaires varie, lui, entre Rs 20 000 et Rs 45 000. «Nou gagn 5 a 6 set sofa pou rénové par mwa dan sa bann périod la. Nou fer lor komann ousi

 

Pourquoi ses clients préfèrent-ils avoir recours à ses services plutôt que d’aller acheter des chaises ou des sofas dans un magasin de meubles ? «La kalité, la kalité mo dir ou…»

 

De quoi ? De l’éponge pour commencer. «Bannla servi léponz blan, mwa mo servi léponz blé. Li pli dirab ek pli soup.» Sans parler du côté esthétique. Car Jean-François propose, lui, une plus grande variété de tissus avec lesquels les clients peuvent relooker leurs meubles.

 

Qu’en est-il du coût ? Risque-t-on de tomber de sa chaise en voyant la facture ? Les prix changent, en fait, en fonction du matériau choisi. «Dimounn éna swa ant painn ek méranti, par ekzanp.» Mais aussi de la somme de travail requise. «Éna kapav pran enn zour pou réparé, enn lot plizyer zour.» Il faut donc débourser entre Rs 9 500 et Rs 16 000 pour des sofas remis à neuf, confie l’habitant de Barkly.

 

La prochaine étape ? «Mo anvi agrandi mo biznes. Mé pa pou toudswit.» Il faudra être patient, aussi, pour ce qui est de la relève. Car ses enfants, âgés de 10, 20 et 22 ans, «pa intérésé ar travay la pou lé moman…» Le métier de garnisseur, lui-même, se fait rare, affirme Jean-François. Et de conclure : «Kapav pou bizin anpay momem biento.»