Elle a été libérée. Toutefois, la jeune Française Aurore Gros-Coissy a échappé de peu à la déportation immédiate après son acquittement ce mercredi 25 novembre. Ses avocats ont dû négocier pour qu’elle puisse rester encore quelques jours au pays.

 Le traitement infligé à la jeune femme est «un peu inhumain», indique d’emblée sa mère, Céline. «On nous a dit que dans une heure Aurore serait dans l’avion. On ne l’aurait même pas vue. Elle serait rentrée à Paris dans le froid», souligne-t-elle. Et d’ajouter qu’ «il a fallu qu’on se batte pour la récupérer. Les avocats ont négocié pendant trois heures.»

M^e Yahia Nazroo la rejoint dans ses propos. «Je ne comprends pas comment après qu’Aurore GrosCoissy a été acquittée par la plus haute cour de Maurice, la police ait pu penser qu’elle pouvait la déporter immédiatement. Quelle image cela donne-t-il de Maurice ? Quel respect la police démontre-t-elle envers une personne innocentée aux yeux de la justice ?»

Manque de règlements et abus

De plus, pour qu’Aurore Gros-Coissy puisse rester à Maurice quelques jours de plus, elle a dû se soumettre à certaines conditions. En effet, il lui est interdit de recevoir des soins dans un hôpital public ; elle devait avoir en sa possession son billet de retour au plus tard ce jeudi 26 novembre, et il lui faut appeler son avocat trois fois par jour.

Pour M^e Viren Ramchurn, la police aurait dû «bow to the judgement» au lieu de rattacher des conditions. Selon l’homme de loi, la police a fait preuve d’un «excès de zèle.» «La Française était sous la garde légitime et non une persona non grata», affirme-t-il. Quant à l’avocat d’Aurore Gros-Coissy, Rama Valayden est d’avis que «trop de discrétion est accordée aux fonctionnaires». Et, selon lui, le manque de règlements fait qu’il y a des abus.

Si ces conditions et cette déportation évitée laissent plus d’un perplexe, la principale concernée, elle, s’en accommode. «J’ai quand même été détenue ici. S’il y a des conditions à respecter, je les respecte. D’ailleurs, je trouve que j’ai quand même eu de la chance de pouvoir rester encore un peu», a confié Aurore Gros-Coissy, jeudi après-midi.

«La Française prend l’avion aujourd’hui»

Après avoir passé quatre ans en prison, Aurore Gros-Coissy est autorisée à quitter le pays. Son vol est prévu aujourd’hui. Malgré sa mésaventure, elle a tenu à profiter de ses trois jours de repos à Maurice. Une fois sortie de prison, Aurore, 28 ans, est allée se promener sur la plage et nager. «Ça fait bizarre de marcher librement», a-t-elle confié à l’express. Jeudi après-midi, elle s’est rendue à la Commission nationale des Droits de l’Homme et à l’ambassade de France. Aujourd’hui, avant de prendre l’avion, elle compte aller dire au revoir au commissaire des prisons Jean Bruneau.