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Marchands ambulants vs autorités: la guerre des étals

20 décembre 2015, 10:30

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Marchands ambulants vs autorités: la guerre des étals

 

Vendredi, midi et des poussières d’étoiles. Le Super Destroyer Stellaire Déglingué – un autobus de la CNT – est arrivé à bon Port-Louis. La chaleur rappelle les flammes de l’enfer. Ce n’est pas ça, pourtant, qui semble décourager les marchands ambulants. La veille, la police a même dû utiliser la Force, parfois, pour les «chasser» des rues John Kennedy et Farquhar. Mais, comme R2-D2, ils ont la tête dure. 

Parmi, ce vendeur de jouets, un peu space, qui arbore une moustache à la Chewbacca. «Mo pa kapav dir ou mo non, mo mem mo travay pou dimounn. Bizin koné ki pé kozé, sinon pou gagn baté.» Pour ceux qui empruntent les rues de la capitale, il s’agit d’un personnage incontournable. Ses chevaux couineurs, son écureuil nageur, ses chihuahuas aboyeurs et autres joujoux font partie du paysage de la capitale depuis huit ans déjà.

Et ce ne sont pas quelques coups de gueule ou de lasers des droïdes-policiers qui le décourageront. «Nou pé tras nou lavi», explique-t-il. «Inn dir nou alé. Nou finn met tou dan kwin, nou veyé kan bann bos-la vini, lerla nou al fer enn létour.» Grâce à son petit business, il empoche entre Rs 300 et Rs 500 par jour en cette période de fêtes. «Pa tou dimounn ki éna kas pou asté bel bel zouzou, alor éna vinn kot nou.»

 «Les autorités ont prévu des étals ailleurs à leur intention. Pourquoi n’acceptent-ils pas d’y aller ?»

Et Lucky Luke Skywalker n’est pas le seul à faire de la résistance, loin de là. À quelques mètres de la gare Victoria, des portemanteaux humains ont vidé leurs armoires, histoire d’habiller ceux qui n’ont pas le budget pour aller acheter des vêtements dans un magasin. À l’instar de Perrine, 32 ans, sans emploi. Grâce à sa pension de veuve – et au bonus qu’elle vient de recevoir –, elle compte faire plaisir à ses enfants et ses proches. L’opération coup-de-poing initiée par les autorités a réveillé son côté obscur. «Fet pa pou parey si péna zot. Gras a bann-la, ou gagn ti zouzou Rs 25, linz Rs 100 ou byen Rs 200. Dan magazin kot pou gagn sa pri-la ? Bann misié-la bizin pans byen, bann marsan la ousi pé trass zot lavi.»

Cet argument, Vishay Goorah, agent de sécurité du côté du Harbour Front, le comprend certes. Mais, il est d’avis que les marchands ambulants font de la concurrence déloyale aux magasins. «Bann propriéter pey gro loyé isi. Zot mem ki finn dir nou averti lapolis. Bann-la pé fer enn bon travay. Nou pé respiré inpé.» Et d’ajouter : «Les autorités ont prévu des étals ailleurs à leur intention. Pourquoi n’acceptent-ils pas d’y aller ?»

Des propos rejoints par ceux de Farid Yoda, chauffeur de taxi. Selon lui, les colporteurs ne respectent pas les espaces délimités. «Zot tal zot zafer partou, péna plas pou sirkilé, enn martir pou sofer ek piéton.»

«Pourquoi ne permettrait-on pas aux marchands ambulants d’opérer la nuit ? Je suis sûr que les personnes s’y rendraient, on éviterait le soleil, le trafic et la foule…»

N’empêche que Port-Louis sans ses marchands ambulants ne serait plus la même, renchérit Yann Obi-Wan le sage, qui travaille dans la capitale depuis plus de deux décennies. «Ils permettent aux touristes mais aussi et avant tout aux Mauriciens de faire de bonnes affaires, surtout pendant les fêtes.» Pour lui, ils font partie du paysage, «ils gênent les automobilistes, certes, mais avec le temps, on s’y est habitué».

La solution ? «On essaie de faire revivre la capitale. On a vu le succès qu’a eu Porlwi by Light. Pourquoi ne permettrait-on pas aux marchands ambulants d’opérer la nuit ? Je suis sûr que les personnes s’y rendraient, on éviterait le soleil, le trafic et la foule…»

En attendant, la saga, elle, est loin d’être terminée.