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Mahébourg: L’aménagement d’une salle pour les personnes sous méthadone irrite

14 janvier 2016, 08:48

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Mahébourg: L’aménagement d’une salle pour les personnes sous méthadone irrite

 

À l’hôpital de Mahébourg, la maternité a été contrainte de céder la place à la méthadone. Changement qui a suscité la colère des Mahébourgeois hier.

«Ou pa kapav deplas mama ek baba, met dan enn plas avek tou malad, pou vinn soutir bann metadonn isi», lance,remontée, une habitante deMahébourg. Des termesqui montrent l’ampleur dumécontentement découlantd’une décision du ministèrede la Santé.

En effet, la grogne des habitants s’amplifie depuis qu’ils ont appris l’ouverture d’une salle, au coeur de l’hôpital de Mahébourg, dédiée à ceux qui entament un traitement à la méthadone. Pire, les Mahébourgeois sont révoltés par le fait que ce soit le département de maternité qui ait été déplacé pour faire la place à cette nouvelle salle.

«Kifer bizin tir maternité la ? Madam qui pou gagn zanfan  bizin repozé mé pa pou kapav res la», s’indigne une femme qui vit dans les parages de l’hôpital de Mahébourg. Le département de maternité – salle d’accouchement, salles pré et postnatales incluses – se trouvait jusqu’à tout récemment dans un bâtiment en béton séparé des autres salles, elles, en bois et de style colonial.

 

Il se trouvera désormais dans le Ward dédié aux femmes. «C’est ici que l’on traite toutes les malades, même les garçons de moins de 10 ans car il n’y a pas de salle pour les enfants. Je ne comprends pas comment la décision a été prise de faire accoucher une femme ici et de l’exposer, avec son nouveau né, à des risques de contamination», déplore Georges Ah Yan, président du Forum citoyen libre.

Le travailleur social, qui s’était battu de 2002 à 2005 pour la réouverture de l’hôpital, suit ce dossier de près. Il dit être en présence d’une dizaine de doléances de femmes suivant leur traitement à Mahébourg. Elles déclarent ne plus avoir de département de maternité.

En effet, un passage incognito à la pièce qui fait maintenant office de salle d’accouchement permet de voir des équipements désuets dans une salle en bois, séparé d’un couloir par des rideaux. Même si les accouchements ne sont pas quotidiens, s’il y a une urgence, nous devons le faire, concède un membre du personnel hospitalier.

«Travay-la inn fer sou tab»

Cette situation exaspère. «Ce n’est pas ce pour quoi nous nous sommes battus et avons fait une grève de la faim», dit une ancienne travailleuse sociale. Elle explique qu’après sa réouverture, l’hôpital de Mahébourg, certains services et salles ont été supprimés. «La demande est pourtant là. Il y a des gens qui viennent de Bambous-Virieux et de Grand- Sable. Au lieu d’envoyer des patients à l’hôpital de Rose- Belle, pourquoi ne pas s’occuper d’eux ici ? Ouvrez le service d’X-Ray 24/24, fournissez-nous des médecins et des spécialistes», réclame-t-elle.

Pour sa part, Georges Ah Yan, avance que quelque 28 000 personnes qui fréquentent l’hôpital vivent à Mahébourg. Il précise que ce chiffre passe à 70 000 avec l’inclusion des habitants des villages avoisinants. Selon lui, on ne peut faire de l’économie en supprimant un département de maternité à Mahébourg, qui représente un grand catchment area. Rose-Belle est saturé, confie une source interne. L’hôpital de Mahébourg aurait donc pu servir à désengorger cet établissement, estime Georges Ah Yan.

Avec l’aménagement d’une salle dédiée aux personnes sous méthadone, certains Mahébourgeois craignent pour leur sécurité. Beaucoup d’entre eux ont appris l’affaire il y a quelques jours, en voyant le va-et-vient engendré par les travaux. «Se enn travay kinn fer sou tab ek tro vite, pou dimoun pa gagn letan reazir», déplorent des personnes rencontrées sur place. George Ah Yan demande d’ailleurs une rencontre avec le ministère de la Santé afin de faire part des griefs des Mahébourgeois.

En attendant, le ministère va de l’avant. À 10 h 30 hier, officiers et personnel de l’hôpital passaient un dernier coup de peinture et faisaient d’ultimes aménagements en vue d’inaugurer la salle dédiée aux personnes sous traitement de la méthadone.