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Alain St-Ange, ministre du Tourisme des Seychelles: «C’est regrettable ce qui est arrivé à l’avocat Bhuckory»

15 janvier 2016, 20:30

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Alain St-Ange, ministre du Tourisme des Seychelles: «C’est regrettable ce qui est arrivé à l’avocat Bhuckory»

 

De son secteur de prédilection à la déportation de Sanjay Bhuckory, en passant par les secousses politiques aux Seychelles en décembre, Alain St-Ange, ministre seychellois du Tourisme, dit tout… ou presque.

Avec le remaniement ministériel prévu dans deux semaines, quelles sont vos chances de conserver le portefeuille du Tourisme ?

Personne ne sait qui obtiendra quel portefeuille. Le président James Michel a demandé à tout le monde de faire un audit complet de son ministère. Je serai prêt à lui soumettre le mien jeudi ou vendredi. Est-ce que j’ai fait un bon travail ? Oui, je suis sûr de mon coup. Est-ce que je vais maintenir le tourisme ? Probablement oui.

 Vous avez également le poste de secrétaire général de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) dans votre viseur. Vous y croyez ?

Après la réunion générale de l’OMT l’année dernière en Colombie, où j’étais présent, l’actuel secrétaire général Taleb Rifai a annoncé qu’il allait prendre sa retraite. Un pays membre de l’Europe m’a approché et m’a dit : ‘Tu parles le français, l’anglais et l’allemand, tu aurais été le candidat idéal.’ C’est comme ça que l’idée a germé.

Mais il faudra libérer mon poste actuel. Il y a encore une année et demie avant la fin du mandat de Taleb Rifai. Si cela s’avère, ce sera un vrai succès pour l’océan Indien. Ce sera une première pour la région et l’Afrique.

Pourquoi cela irrite-t-il quand on compare la performance des îles de la région, sachant que les Seychelles ont réalisé une croissance de 19% l’an dernier contre 17,8% pour le Sri Lanka et 10,9% pour Maurice ?

Les îles Seychelles sont petites. C’est donc plus facile d’avoir une croissance qui augmente plus facilement. Nous avons presque trois fois plus de touristes que d’habitants, qui sont au nombre de 83 000. Pour moi, toutes les îles de la région sont complémentaires. Elles ne sont pas concurrentes. Je suis enchanté quand Maurice et La Réunion marchent bien.

La fin de l’année a été mouvementée aux Seychelles avec les résultats serrés aux présidentielles. Qu’en retenez-vous ?

Je précise que je ne suis pas membre du parti au pouvoir. J’étais membre de l’opposition et puis j’ai pris du recul. Je suis un ministre nommé, pas élu, ce qui fait que je garde toujours une indépendance. On m’a demandé de faire un travail, le tourisme. Pour les élections, le peuple a parlé. Il a dit à l’État : ‘Il ne faut plus nous prendre for granted.’

Il y a un audit actuellement dans le pays pour situer les faiblesses de l’État avant les élections de l’Assemblée nationale prévues au plus tard en septembre. La troisième force lancée par l’ancien ministre Patrick Pillai a aussi donné un choc au système.14 % de voix pour une première aux présidentielles, je dis chapeau ! Cela montre que le pays a aussi besoin d’une troisième force.

La déportation de l’avocat Sanjay Bhuckory a choqué les Mauriciens d’ici comme ceux des Seychelles…

C’est regrettable ce qui lui est arrivé. C’est un cas malheureux pour un Mauricien. Mais il n’est pas le seul à être renvoyé. Il y a 20 à 25 personnes qui le sont chaque mois pour différentes raisons.

Sanjay Bhuckory n’est pas non plus le premier Mauricien. À l’époque, un ou deux qui sont venus travailler sans permis ont été déportés. C’est rare qu’on ait un avocat.

Le secrétaire principal a aussi dit que l’avocat n’avait pas de lettre d’invitation. Est-ce la vraie raison derrière sa déportation ou est-ce pour des raisons politiques comme rapporté dans la presse seychelloise ?

Pour entrer aux Seychelles, tout visiteur a besoin d’un bon (voucher) de l’hôtel où il séjournera ou d’une lettre d’invitation s’il va habiter chez un particulier. J’ai été celui qui a exigé que tous les touristes aient un voucher pour mettre fin aux hébergements illégaux qui n’aident pas l’économie. Sinon, on perd aujourd’hui 12 à 15 % de nos arrivées touristiques car on ne sait pas où ils sont.

Autant que j’ai pu écouter le secrétaire principal des Affaires intérieures à la télévision, l’avocat a changé ses réponses en deux ou trois fois. Déjà là, il y a anguille sous roche. Mais je veux rester neutre. L’État aura à faire une déclaration sur ce qu’il a répondu ce jour-là aux questions de l’immigration. Tout a été enregistré par les caméras installées à l’aéroport.

La presse seychelloise a rapporté que les enfants de l’avocat ont dû dormir sur un banc…

Il n’y a pas de facilité dans la salle de départ. C’est cette semaine que nous y avons ouvert une cellule, un peu comme une chambre avec un lit et une salle de bains. Elle était en construction pendant des mois. Lui, il avait de l’argent, il aurait pu dire ‘je vais payer mon hébergement’. Je ne sais pas pourquoi, il ne l’a pas fait.

Comme à Maurice, les Seychelles ont enregistré des cas de fraude de cartes bancaires. Deux ont pu passer l’immigration mais une dizaine ont été interceptés à l’aéroport.