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Me Maneesh Gobin, président du comité parlementaire de l’ICAC : «La démission des parlementaires du MMM est regrettable»

16 janvier 2016, 15:00

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Me Maneesh Gobin, président du comité parlementaire de l’ICAC : «La démission des parlementaires du MMM est regrettable»

Le président du comité parlementaire de l’ICAC ne passe pas par quatre chemins pour fustiger l’attitude des élus du Mouvement militant mauricien. Selon lui, Maurice est le seul pays où le leader de l’opposition désigne des membres d’un comité parlementaire.

Comment réagissez-vous face à la démission de trois des membres du comité parlementaire de l’ICAC ?

Dans le vif du sujet directement ! Bon, c’est vraiment regrettable. Quand j’ai pris la présidence de ce comité, tous les membres s’étaient rencontrés et on s’était mis d’accord que ce comité n’est pas un terrain de jeu politique. Démissionner après un an de travail est regrettable car cela fausse le jeu démocratique.

Qui vont remplacer les démissionnaires ?

C’est là toute la tragédie ! Le Premier ministre a l’autorité pour désigner cinq membres du gouvernement et le plus important, le leader de l’opposition doit désigner les quatre autres qui vont siéger ! S’il désigne d’autres parlementaires, tant mieux ! Ce que Paul Bérenger ne réalise pas, c’est qu’aucun autre pays ne laisse le leader de l’opposition désigner les membres d’un comité parlementaire !

Combien de réunions du comité parlementaire avez-vous présidé jusqu’ici ?

Depuis l’annonce de la composition du comité en février 2015, nous avons eu dix réunions jusqu’en novembre 2015. Mardi prochain, 19 janvier, se tiendra donc la 11e réunion.

La prochaine réunion était déjà prévue depuis longtemps ?

Oui, d’ailleurs la première réunion de cette année aurait dû se tenir aujourd’hui (NdlR : vendredi 15 janvier). L’agenda avait été circulé depuis une semaine déjà. Mais vendredi dernier, un membre du comité, qui est dans l’opposition, m’appelle et me demande de renvoyer la réunion au mardi 19 car il y a des festivités. C’est dans ce contexte-là que la réunion devait se tenir mardi et là, j’apprends qu’ils ont démissionné. Je ne comprends pas du tout !

Vous ont-ils expliqué les raisons de leur démission ?

Non, leurs lettres de démission tiennent sur une ligne. Par contre, j’ai pris connaissance de ce qui a été dit dans leur conférence de presse. Ils ont des réserves concernant le actingship du DG (NdlR : de l’ICAC). Fair enough, mais justement c’est le rôle de ce comité parlementaire-là de voir cela. Au lieu de démissionner, ils auraient dû venir à la réunion prévue mardi et mettre leurs propos en l’avant.

Les membres de l’opposition parlent aussi d’agents politiques au sein de l’ICAC…

Je ne suis pas là pour répondre à cela ! Mais s’ils pensent qu’il y a des agents politiques, qu’ils viennent le dire dans le comité parlementaire !

«EN MÊME TEMPS, KAUSHIK GOBURDHUN TRAVAILLE À L’ICAC DEPUIS LONGTEMPS.»

 

 

Mais justement, quels sont les pouvoirs de ce comité parlementaire de l’ICAC ?

Le plus extrême c’est de pouvoir suspendre le DG. Vous allez vous rappeler que Paul Bérenger avait demandé au comité de suspendre, en 2015, le directeur d’alors qui était Luchmyparsad Aujayeb.

Qu’en est-il de la nomination de Kaushik Goburdhun ?

Bon, le comité parlementaire ne nomme personne, donc je me garde de faire des commentaires sur sa nomination. La prérogative de nomination revient au Premier ministre en consultation avec le leader de l’opposition.

Êtes-vous d’accord avec la façon dont Kaushik Goburdhun a été nommé ?

Je ne veux pas sauter des étapes en parlant de cela maintenant. Il y a un comité, laissez-nous nous réunir et discuter de tout cela d’abord. Moi-même j’ai des questions, mes collègues aussi veulent comprendre.

Si vous avez des questions, vous avez donc des doutes sur cette nomination ?

Pas du tout ! Tout comme vous, moi aussi j’ai des questions. Vous me parlez de consultation, je ne suis pas au courant. On est en train de parler de Kaushik Goburdhun Acting Director General, je n’ai même pas vu sa lettre de nomination. Il faut commencer par le début, le rencontrer, voir ses modalités et conditions.

Mais en tant que comité de supervision de cette instance, ne devriez-vous pas avoir une rencontre en amont de la nomination du monsieur ?

Oui mais avant la nomination, il n’y a pas de processus de consultation.

Donc il y a un vide juridique ?

(Il marque une pause) Voilà, peut-être ce sera une suggestion qu’il y ait des consultations (il s’interrompt, retrouve son souffle et reprend). Bon encore une fois, je ne veux pas me substituer au comité. J’ai mon opinion dessus. D’un côté, va-t-on consulter neuf personnes avant de nommer quelqu’un à un poste ? J’ai mes réserves. De toutes les façons, le comité n’intervient qu’après que le directeur est en poste.

En attendant, le nominé peut faire beaucoup de dommages !

Mais dans tous les postes du monde ce n’est qu’après coup qu’on va savoir ! Je n’engage que moi, mais je ne crois pas qu’il y ait un vide. Je ne suis pas pour l’idée de consulter les neuf membres du comité avant la nomination car cela va paralyser le système.

Donc, mardi prochain sera la première fois que vous allez rencontrer le DG par intérim de l’ICAC ?

Oui, c’est la première fois qu’on va se rencontrer officiellement. D’après la loi, le directeur général de l’ICAC doit être présent aux réunions du comité.

Au lieu qu’il y ait des consultations entre le Premier ministre et le leader de l’opposition, ne croyez-vous pas que ce poste aurait dû être constitutionnel, c’est-à-dire que ce soit la Judicial and Legal Services Commission qui nomme ?

Le comité a fait certaines propositions en écrit sur les amendements au PoCA. Ce n’est pas public mais il y a encore des propositions qu’on va faire.

N’y a-t-il rien de louche à ce que le cousin d’un ministre proche de l’ICAC soit nommé DG, d’autant plus qu’il y avait d’autres candidats tout aussi qualifiés ?

C’est à travers vous que je l’apprends ! En même temps, Kaushik Goburdhun travaille à l’ICAC depuis longtemps ! Ce n’est pas aujourd’hui qu’on va venir dire qu’ils sont cousins ou pas !

Le directeur, ce n’est quand même pas au même niveau !

Chief Legal Advisor, ce n’est pas un petit poste non plus !

Pour vous, il est donc le mieux qualifié ?

Je ne dis pas cela ! Le comité ne vient que dans un second temps. Nous ne savons pas qui a postulé, s’il y a eu consultation ou non. On entre en jeu après la nomination. Je ne saurais vous dire s’il y avait d’autres personnes plus qualifiées que lui.

Et quel est le rôle du comité parlementaire en ce qu’il s’agit des finances de l’ICAC ? Avez-vous des comptes à rendre à l’Assemblée nationale ?

Bien sûr ! En décembre, moi, en tant que président du comité, j’ai déposé le rapport annuel de l’ICAC à l’Assemblée nationale et il est disponible au public.

Au sein du comité, croyez-vous que l’ICAC ait bien fait son travail ces dernières années ?

Écoutez, le comité n’a rien à voir avec tout ce qui est enquêtes et affaires en cour. Tout ce qui concerne les enquêtes, l’ICAC l’envoie au bureau du DPP. Cela relève du judiciaire et cela doit être ainsi pour respecter la séparation des pouvoirs.

Les membres et le président du comité parlementaire sont-ils rémunérés ?

Du tout ! On ne reçoit pas un sou ! (fous rires)

Sur quelle base avez-vous le doit de révoquer le DG de l’ICAC ?

Pour misconduct. (Il cite) Gross negligence, irregularity or misconduct, article 23. Voilà.