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Érosion côtière- Plages : pas moins de huit «îles-aux-Cerfs» perdues

21 janvier 2016, 21:00

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Érosion côtière- Plages : pas moins de huit «îles-aux-Cerfs» perdues

 

Le changement climatique et le développement tous azimuts sont passés par là. Maurice perd du sable corallien à un rythme alarmant. Si on ne fait rien, nos plages de sable fin ne seront bientôt que de jolis souvenirs. Constat.

Le ministre de l’Environnement, du Développement durable, des Désastres et de la Gestion des plages ne va pas par quatre chemins. Pour Raj Dayal, le sable de nos plages est en train de disparaître rapidement.

Ainsi, sur des plages comme Mont-Choisy ou Flic-en-Flac, le sable a reculé de dix à quinze mètres en quelques décennies. Plus de 7,5 km2 de nos plages sablonneuses ont gagné le large. Soit plus de huit fois la superficie de l’île-aux-Cerfs qui fait, elle, 0,87 km2.

Pourquoi le sable disparaît-il ?

L’érosion côtière a toujours existé. C’est la loi de la nature. Mais à Maurice, des facteurs ont poussé vers la disparition des plages. Le développement socio-économique de ces dernières décennies a, entre autres, fait que des passes ont été ouvertes dans nos lagons, en brisant les récifs. Ceux-ci permettaient aux bateaux d’entrer dans le lagon. Ces ouvertures dans la barrière corallienne ont causé un changement dans les lagons. Les courants marins ont été modifiés autour de Maurice.

Pour ajouter à ce phénomène, il y a eu les extracteurs de sable et le dynamitage des lagons pour la pêche. Ces activités ont rongé le sable que le courant, modifié, a entraîné vers le large. D'un autre côté, les activités humaines sur les plages ont aussi contribué à l’érosion côtière : les constructions sur la côte, la circulation libre de voitures sur la plage et la pêche excessive ont causé ce que les experts appellent le «wear and tear» des côtes. Le changement climatique et la montée des eaux n’ont fait qu’accélérer et aggraver l’érosion.

Où va le sable ?

Des experts de l’Agence japonaise de coopération internationale, qui décryptent depuis 2012 les cartes satellites de Maurice, estiment que notre pays a vu ses côtes érodées de 10 % depuis les années 60. Et qu'elles ont perdu 50 % des coraux ces dix dernières années. Ils ont démontré au ministère de l’Environnement que le sable érodé s’accumule dans la région des passes créées il y a 30 ans. Le courant marin pousse aussi le sable vers d’autres régions qui connaissent un apport de sable considérable, comme à Pointe-d’Esny.

Le directeur de l’Audit y est allé lui aussi de son rapport. En 2014, dans un document d’une trentaine de pages sur les mesures prises par le gouvernement pour combattre l’érosion côtière, il estimait que les mesures adéquates contre cette dégradation côtière n’avaient pas été prises jusqu’ici. S’appuyant sur un rapport de l’Adaptation Fund Board, qui émane de la Convention Cadre des Nations unies sur les Changements climatiques, publié en 2010, le directeur de l’Audit s’était alarmé que d’ici 2050, plusieurs de nos 21 plages érodées auraient disparu, s’il n’y a pas d’interventions.

La perte ira en s’accentuant. C’est pour cela que les mesures prises pour sauver les plages sont plus que nécessaires. Selon les techniciens, la perte était estimée à 13 km² mais la moitié a pu être restaurée de 2005 jusqu’à présent.

Que fait le ministère ?

Le modèle de Bain-Boeuf a séduit et sera reproduit. Cette plage du Nord a été restaurée de 2013 à 2015 après avoir été défigurée par l’érosion.Cette méthode fusionne les techniques pour stabiliser la plage, prévenir contre le lavage du sable et l’esthétisme. Le ministère de l’Environnement enclenche ainsi les travaux pour trois plages cette année-ci. Selon une source interne, les procédures pour le financement des projets sont en cours.

Pour le moment, la priorité reste la plage de Palmar. Le modèle de Bain-Boeuf sera reproduit sur cette plage de l’Est. Viennent ensuite d’autres mesures, comme le contrôle sur la pêche dans le lagon, l’interdiction aux véhicules de circuler sur la plage et le développement contrôlé sur le littoral.