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La semaine vue par Gilbert Ahnee

1 février 2016, 14:05

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La semaine vue par Gilbert Ahnee

Lundi 25 janiver 

Sims Classroom. Jeu informatique pour adopter le meilleur syllabus possible. Sans profs réticents, sans blocage des syndicats, sans leçons…

Est-ce plausible ?

Qui avalera cette farce ? En droit pénal, casier judiciaire et antécédents d’un justiciable sont pertinents. On l’a assez dit – encore dans le cas de Shakeel Mohamed, dans certaines conditions, les provisional charges peuvent occasionner un déni de justice caractérisé. Ish Sookun et son partenaire auraient-ils subi ce qui leur fut infligé si, en règle générale, nos protocoles préliminaires en matière de privation de liberté étaient un peu plus rapprochés des best practices en démocratie ? Et pas que pour la police. Les réseaux sociaux et les journalistes – du moins certains titres – pourraient avoir intérêt à mieux évaluer le tort qu’ils peuvent occasionner à leurs concitoyens. Fondamentalement, présumés innocents.

Selon un amendement de 1998 au Code pénal français, à l’article 226-30-1, «est puni d’une amende de 100 000 F le fait de diffuser […] l’image d’une personne identifiée ou identifiable […] faisant apparaître que cette personne porte des menottes». Au Japon, l’entrave doit être pixelisée. Certes, nous ne sommes pas soumis au droit français ou japonais mais on peut penser que les journaux ont un vanguard role à jouer en matière de droits humains. D’autant plus qu’en 2011, dans un rapport sur le Togo, la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples a clairement associé ce type de publication à l’affaiblissement de la présomption d’innocence.

On va demain arrêter et menotter un loueur légal de voitures dont un client aurait renversé un piéton… Et fier de sa photo, quelqu’un exigera peut-être la une…



Mardi 26 janvier 

MK est sans nº 1 et ses avions décollent et atterrissent. La technicité gère le présent. Au fond, c’est plus pour l’avenir qu’il faut un boss…

Rapport de cause à effet…

Normes et garanties. En 1998, l’Italie refusa d’extrader Abdullah Öcalan vers la Turquie. Le Fondateur du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), mouvement placé sur la liste des organisations terroristes de l’Union européenne (UE), avait été arrêté à l’aéroport de Rome avec de faux papiers. L’Italie refusa de livrer Öcalan à Ankara, parce qu’il y serait exposé à la peine de mort. Les Italiens sont parfois capables de s’en tenir à quelques principes.

La Signora Soornack, Nandanee, domiciliée à Parme, n’est pas l’inspiration du Parti des travailleurs de Karolalyan. Elle n’est qu’une citoyenne ordinaire, susceptible d’être traduite en justice dans son pays pour de vulgaires délits de droit commun, possiblement de la malversation au trafic d’influence, en passant par la corruption dans les marchés publics. Mais Rome pourrait considérer que, si cette donna devait faire l’objet d’une procédure judiciaire à Maurice, elle mériterait au préalable la garantie d’un procès juste et équitable, dans des conditions acceptables en Italie et dans l’UE.

Avouons-le : cela nous agace, nous irrite. Nous sommes un peu hors de nous lorsqu’un État de droit reconnu nous indique que nos procédures judiciaires ne sont pas à la hauteur de notre prétention démocratique. Songeons donc plutôt à les améliorer. En sachant que le traitement brutal – vite connu sur notre planète globale – infligé à Shakeel Mohamed ou Ish Sookun pourrait mieux protéger Mme Soornack que les arguments imaginés par ses avocats. Traitez mal un seul prévenu et ne dites pas par la suite que vous ne l’étiez pas.



Mercredi 27  janiver 

Verbe ! Dommage qu’entre ses deux mandats à la BOM, Ramesh Basant Roi n’ait pas été consultant pour l’anglais au ministère de l’Éducation…

Profilers required ?

Just some thinking. L’auteur américain James Patterson a vendu plus de 300 millions de livres de sa série Alex Cross. En 1997, Morgan Freeman créa le personnage du Dr Alex Cross, dans le film Le Collectionneur, rôle qu’il reprit, en 2001, dans Le masque de l’araignée. Des titres de la série ont également été adaptés pour la télévision. Qui est Alex Cross ? Un psychologue, auteur d’ouvrages sur le comportement criminel, détenteur d’un doctorat d’université sur la question. Et c’est aussi un officier de la police de Washington DC.

Ne demandons pas à M. Nobin de recruter quelques PhD pour décorer nos postes de police et les Casernes centrales. En revanche, même sans prétendre réunir toutes les qualités du personnage de fiction créé par Patterson, notre force a vite besoin d’un peu d’esprit et de réflexion. Si cela pouvait être porté par des officiers diplômés en droit, criminologie, psychologie, sociologie ou action sociale, si on autorisait à ces hommes et femmes de faire valoir leurs analyses et leur vision 2016 de la réalité, il y aurait peut-être quelques chances que l’action policière cesse d’apparaître comme un excès de vitesse dans un cul-desac. Certains y foncent avec une désinvolture désarmante, avant de devoir reculer, désarmés.

Aucune alternance, la plus écrasante soit-elle, ne peut – seule – occasionner un dysfonctionnement des institutions. Ce qui nous frappe tant aujourd’hui c’est l’héritage d’une administration judiciaire et policière insuffisamment réévaluée et réformée pendant un demi-siècle d’indépendance. Que nul ne jette la pierre à l’autre.



Jeudi 28 janvier 

L’audit demande à un organisme public de “reinstate figures” dans ses “financial statements of the last fews years.” Réapprendre à compter…

Bientôt 25 ans

Une logique économique aussi. «On doit repenser notre artisanat en fonction de la culture et de la tradition mauriciennes. Utiliser notre richesse pluriculturelle pour une redynamisation de l’artisanat», pense le ministre de l’Activité économique, de l’entreprise et des coopératives, Sunil Bholah. Voilà qui est tout à fait sympathique mais peutêtre insuffisant pour faire de l’artisanat un véritable secteur économique. Certes investi de mémoire culturelle mais sans intérêt s’il devait uniquement folkloriser notre imaginaire.

Avant d’engager les ressources de l’État dans un projet de développement de l’artisanat, il y a une question à se poser : en situation théorique de plein-emploi, lorsque les Mauriciens ont le choix, quel pourcentage de la population active préférerait une activité artisanale, probablement à domicile ? Entre 1990 et 1993, lorsque l’Union européenne (UE) finança à Maurice un projet d’envergure consacré à l’artisanat, dont le maître d’oeuvre fut le Gret, une ONG de développement solidaire, nous étions aussi dans la parenthèse du plein-emploi. Ce qui rendait moins attrayant l’activité artisanale. Aujourd’hui, à l’ère des ouvriers d’usine bangladeshis et des chômeurs mauriciens, ce type d’occupation pourrait-il correspondre à l’attente de nos compatriotes ?

Le projet de l’UE à Maurice nous valut des ateliers de travail d’artisans mauriciens avec deux designers internationaux de très haut niveau, Véronique Malcourant et Jean- Michel Cornu. Également la mise en binôme d’artistes et d’artisans, l’élaboration d’un lexique de formes, stylisation d’éléments du quotidien mauricien pouvant inspirer la création d’objets. Tout cela existe, ces documents peuvent être retrouvés. Interrogez l’administration M. Bholah.



Vendredi 29 janvier

Nouveau directeur à Rose-Belle SE. Ses compétences ? Tiens, rien sur LinkedIn ! Mais on sait au moins une chose : candidat battu en 2014.

Mais qui est donc Nicky Tan ?

Integrity partner. On se souvient de l’affaire Amcol Holdings en 1996. Une expertise judiciaire à Singapour révéla que cette société, en passe d’investir dans le projet de la vallée des Guibies, était excessivement endettée, insuffisamment capitalisée. Ce sont des enquêteurs de PriceWaterhouseCoopers qui révélèrent combien Amcol était outstretched. Cette équipe était dirigée par Tan Ng Kuan, dit Nicky, par la suite partenaire d’Arthur Andersen, avant de fonder, en 2001, son propre cabinet, nTan Corporate Advisory.

À Maurice, le nom de la “boutique corporate advisory firm” de 55, Market Street, devint familier début 2003, lorsque la Banque de Maurice annonça qu’elle lui avait confié l’enquête sur les pratiques ayant permis le détournement à la Mauritius Commercial Bank.

Lors de la remise de ce premier rapport aux commanditaires, le Premier ministre d’alors promit même qu’il ferait revenir l’équipe de nTan pour poursuivre l’enquête. Sans doute n’envisageait-il pas alors que le cabinet – spécialisé en “corporate restructuring, corporate advisory, financial investigations, dispute and litigation advisory” – reviendrait pour enquêter sur l’escroquerie associée à ses années de gouvernance, si ce n’est à son modèle de démocratisation économique…

nTan compte une trentaine d’auditeurs-enquêteurs. Outre leurs diverses compétences techniques, ils doivent, pour rendre crédible leur offre, disposer d’une qualité à toute épreuve : leur intégrité. À Maurice, hub de tout et de rien, nous manquerait-il les 30 intégrités requises pour constituer ce futur Major Global Player, éventuel concurrent de nTan ? Au moins pour auditer l’audit. Sur le marché, l’intégrité pouvant être une valeur, une assurance…



Samedi 30 janvier

Siddick Chady pense créer un parti politique. Pour défendre quelles idées, quelles valeurs ? Pourquoi notre démocratie produit-elle cela ?

En tout bien tout honneur…

I refer to the telephone conversation we had yesterday and I am reassured that you will ensure that your newspaper will adopt fairness as a guiding principle.

In l’express-dimanche of 24 January 2015 on page 18 Mr Gilbert Ahnee wrote the following :

Démocratisons la démocratie : la suffisance de certains politiques – pensez au contempt qu’affiche Gayan envers le Equal Opportunity Tribunal (EOT) etc.

I am not bothered by the fact that Mr G Ahnee shows his contempt for my person by calling me simply Gayan and not even adding my first name. I will let people be the jugdes of this attitude towards me. I am asking to be called Honourable although I am entitled to be treated with fairness and equity by your staff.

You know that as a Senior Counsel, I have always shown the highest respect to institutions that act with impartiality and integrity. This is why I have challenged the Chairperson of the Equal Opportunities Commission who has used the space in your newspaper to claim that : Gayan ne perd rien pour attendre. But these are issues which will be thrashed out in the appropriate forum.

I have not shown any contempt to the EOT. In fact, had I done so, the EOT would have held me in contempt.

I would be grateful if you could rectify the inaccuracy – deliberate? – of Mr G Ahnee at the earliest.

Please accept the assurance of my best regards

A. Gayan

Minister of Health and Quality of Life

***

In December 1985, four Mauritian parliamentarians were arrested at Schipool, in the Netherlands, one of them carrying 21 kilos of heroin. They were Honourable Pelladoah, Honourable Nawoor, Honourable Kimcurrun and Honourable Thomas. As a matter of fact, Honourable Anil Kumarsingh Gayan was a minister at that time and, a few days later, together with the regretted Honourable Kader Bhayat, Honourable Kailash Purryag and Honourable Kadress Pillay in quite a spectacular gesture, he resigned his Cabinet position. By the way, Honourable Gayan will have noted, we hope, that we do not deny him the honour which universal franchise may occasionally bestow upon him.

As regards the contempt, if it were to be translated, we would suggest mépris rather than outrage for which, indeed, Gayan is not being held in.