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Affaire BAI: BDO fait tiquer la Banque centrale

2 février 2016, 21:11

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Affaire BAI: BDO fait tiquer la Banque centrale

 

 

 

La firme comptable BDO est-elle en situation de conflit d’intérêts ? Cette question est, semble-t-il, au cœur d’une divergence profonde entre la Banque centrale et la Financial Services Commission (FSC).

D’un côté, des sources proches de la Banque de Maurice sont d’avis que Yacoob Ramtoola, Managing Partner de la firme comptable, n’aurait pas dû être nommé Special Administrator du groupe BAI. Et ce mécontentement a été exacerbé depuis la publication du rapport nTan, critiquant ouvertement BDO, car elle a été l’auditeur d’une «filiale» de la Bramer Asset Management.

Puis, il y a la FSC. Celle qui a justement nommé l’administrateur spécial. Le régulateur s’aligne sur la position de BDO, à savoir qu’elle a bien audité les comptes du Bramer Property Fund (BPF) mais que la nuance se situe au niveau de sa relation – «related entity» – avec la Bramer Asset Management (qui est le gestionnaire de ce fonds).

Une explication à laquelle l’on n’adhère pas du côté de la Banque centrale. Ce qui vient alimenter ce contentieux: une lettre de BDO adressée au Board of Directors du BPF. Elle fait suite à la révocation de la licence de la Bramer Banking Corporation, l’un des principaux pôles d’investissement du BPF.

Cette lettre datée du 7 avril 2015, que nous publions en exclusivité, est celle où BDO «withdraws» les conclusions de son Financial Statement pour le BPF pour la période se terminant au 31 décembre 2014 et dont le rapport audité a été publié le 26 mars 2015, soit avant le retrait de la licence de la Bramer Bank. C’est cette lettre qui, semble-t-il, fait sourciller la BoM.

 

 

Fac-similié de la lettre de BDO où celle-ci retire les conclusions de son «Financial Statement» pour le BPF. La firme comptable maintient que le BPF n’est pas une filiale du groupe BAI.

 

 

Allégations de conflit d’intérêts

Interrogée, la direction de la firme comptable explique que cette pratique existe dans les exercices d’audit, quoique très rare. BDO évoque les International Standards of Auditing. «C’est surtout dans le cas d’audits de fonds internationaux que cette pratique peut être utilisée, notamment si un changement survient après la publication du balance sheet qui vient changer les conclusions de l’auditeur», diton dans les milieux proches de BDO. Le terme utilisé est withdrawal of audit opinion ou report.

Répondant aux allégations de conflit d’intérêts, BDO affirme n’avoir rien à se reprocher dans l’exercice de ses fonctions en tant que Special Administrators du groupe BAI. Elle maintient que Yacoob Ramtoola a été engagé comme Special Administrator par la FSC, après que celleci a effectué une due diligence auprès de la firme. Propos soutenus par le ministre des Services financiers hier dans les colonnes de l’express. Du reste la firme comptable dit être sur le «pied de guerre pour défendre les policyholders».

Ce que disent les International Standards of Auditing

L’article 560 des International Standards of Auditing traite des responsabilités des auditeurs lors d’événements qui surviennent après la soumission d’un rapport d’audit. Le paragraphe 14 évoque l’éventualité où de nouveaux éléments surgiraient après la publication d’états financiers et qui auraient pu pousser l’auditeur à modifier son rapport. Dans le cas du BPF, c’est la révocation de la licence de la Bramer le 2 avril 2015 qui a entraîné le «withdrawal of audit opinion». Car le fonds a surtout investi dans cette banque.