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Hector Tuyau, assistant surintendant de police: «Nous avons ouvert la boîte de Pandore»

11 février 2016, 22:00

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Hector Tuyau, assistant surintendant de police: «Nous avons ouvert la boîte de Pandore»


Cela fait bientôt un mois que vous menez une enquête sur le trafic de faux certificats d’immatriculation…

C’est une enquête réellement compliquée. Lorsque nous l’avons commencée, le 13 janvier, nous ne pensions pas avoir ouvert une boîte de Pandore. Nous recevons des dénonciations chaque jour et la difficulté réside dans la vérification des informations que nous avons.Énalaliann partou.

Quelle est la plus grosse difficulté de l’enquête ?

Cette enquête concerne des dizaines de cas de fraude jusqu’ici. Au fur et à mesure que nous procédons, nous nous attendons à des centaines de cas, voire des milliers. L’enquête ne se limite pas à un secteur précis. Elle concerne des propriétaires de véhicules à travers le pays. Les ramifications sont immenses.

Cette enquête va durer pendant longtemps encore… des semaines, des mois. Trop de gens sont impliqués. Les cas de fraude étaient devenus monnaie courante au sein de l’institution. Les gens y participaient et pensaient que c’était normal.

Qu’en est-il au niveau des poursuites judiciaires ? Est-ce que ce sera possible de poursuivre des centaines, sinon des milliers de personnes ?

Nous, on mène l’enquête. On monte des dossiers. Pour les poursuites judiciaires, c’est du ressort du Directeur des poursuites publiques (DPP). Doit-on s’attendre à des amnisties ? C’est également du ressort du DPP.

Vous parlez de centaines de cas. Est-ce que vous disposez de suffisamment de personnel pour mener cette enquête ?

Ce n’est pas à moi de vous répondre, c’est à ma hiérarchie. Nous travaillons actuellement avec notre équipe. Nous allons certainement, tôt ou tard, avoir recours à un personnel supplémentaire.

Vu les ramifications de cette enquête, avez-vous subi des pressions, à un moment ou un autre ?

Il y a eu de timides tentatives au début mais, aujourd’hui, au vu de l’ampleur que prennent les choses, personne n’oserait. L’affaire est trop médiatisée.

Quels types de pressions et de qui ?

(Sourire) Vous ne vous attendez pas à ce que je vous réponde !

Cette enquête ne se fait-elle pas au détriment des autres affaires sur lesquelles vous travaillez ?

Bien évidemment. L’enquête sur le trafic de faux horsepowers nous prend tout notre temps. Nous travaillons de longues journées en ce moment. On est stressé, mais c’est le quotidien du policier.

Et si le nom d’une personnalité surgissait lors de l’enquête ?

On la traitera comme tout autre suspect. Au début de l’enquête, il y a eu le cas de Bruno Dumazel. Il était un suspect comme tout autre… Nous travaillons en collaboration avec la NTA. Il y a des complicités au niveau de cette entité. Des officiers ont été arrêtés. Selon nos indications, la complicité ne remonte pas à la direction.

Avez-vous une personnalité dans votre viseur en ce moment ?

(Quelques secondes de réflexion) Non, pas de gros poisson pour le moment. Mais on ne sait jamais. Le temps nous le dira.

On dit que l’enquête va mourir d’elle-même avec l’arrivée des centres de contrôle technique privés…

Cette enquête, j’y tiens. Il y a des cas de corruption, de faux, d’usage de faux… Nous avons des dossiers solides. Je ne vois pas cette enquête mourir. Elle ne sera pas au centre de l’actualité tous les jours. Ce n’est pas parce que la presse n’en parle pas que le travail ne se fait pas. L’enquête prendra encore des mois et nous allons continuer le travail.

Est-ce la dernière grosse enquête de l’ASP Tuyau ?

(Sourire) On ne va pas m’enterrer de sitôt. Je suis encore loin de la retraite. J’aurai encore d’autres enquêtes à mener et, croyez-moi, j’ai encore du courage.