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La semaine vue par Gilbert Ahnee

15 février 2016, 11:28

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La semaine vue par Gilbert Ahnee

Lundi 08 février 2016

Rs 200 M – scanner et patrouilleur – opposés à la drogue. Trafic plus difficile, soit prix de vente plus élevés. Tax sustained dividends…

HRM

Human Resource Marketers. Shakeel Mohamed note une surreprésentation de résidents des nos 19 et 20 parmi les recrues non qualifiées à la Santé. Comme tous les partis ont pratiqué ces politiques discriminatoires d’embauche, on pourrait choisir de les renvoyer dos à dos, de trouver là l’occasion de réfléchir, plutôt, à la nécessité pour l’État de recruter des fonctionnaires à ce niveau plancher de compétences acquises. Le ministère de la Fonction publique pourrait déterminer plus précisément à partir de quel niveau – de savoir-faire, de budget géré ou de confidentialité - il convient de confier les tâches d’intérêt public à des fonctionnaires. Mais…

Mais avant de pouvoir vraiment réfléchir aux modes d’organisation, à la mobilité des ressources, à la redéfinition des incitations et récompenses qui permettront l’aggiornamento de notre fonction publique, sans doute faudra-t-il, en tout premier lieu, contenir les licences que s’octroient nos baronies politiques.

Quand donc nos élus comprendront-ils qu’une majorité de suffrages à un scrutin n’a pas pour fonction d’indiquer qui sera privé de la jouissance des biens publics ? Stanley/Rose-Hill a été un bastion mauve depuis 1976. À Beau-Bassin/ Petite-Rivière, de 1982 À 2005, à l’exception d’Hervé (83), Gaëtan (87) et Xavier Duval (99), seuls des MMM ou MMM Sponsored ont été élus. Du coup, plus d’un pouvoir central d’un autre bord a privé ces régions de leurs droits. L’Hon. Gayan, même quand il est opposant, reste produit d’Establishment. Mais on pensait qu’Ivan Collendavelloo s’était suffisamment insurgé hier contre ces pratiques pour ne pas s’y complaire arrivé au pouvoir.



Mardi 09

Les instances représentatives des étudiants de l’UoM constituent-elles une faculté de mauvaise gouvernance ? Du niveau Diploma au postdoc…

Lordship assumed…

Delivering Cæsar’s wife ! C’est clair. L’acharnement de certains ministres contre le DPP est imputable à une intention qui ne relève pas uniquement de l’intérêt public. Dans un affidavit ce mardi, Satyajit Boolell observe que le ministre Collendavelloo lui a suggéré publiquement d’accepter un poste de juge à la Cour suprême. Qu’on le veuille ou non, cette offre relativise grandement le souci de la majorité politique quant à une éventuelle disqualification imputable au dossier Sun Tan.

Pour dire les choses simplement : quiconque n’est pas fiable pour occuper le poste de DPP ne peut l’être pour siéger comme juge. Et on veut croire qu’Ivan Leslie Collendavelloo, SC, a la plus haute idée de la Cour suprême, qu’il ne peut envisager d’y envoyer – comme en pénitence – un DPP récalcitrant. À plus forte raison quand on se rappelle – § 77(3) – que c’est la présidence qui nomme les juges après avis d’une Judicial and Legal Service Commission réputée indépendante. Si nous devions accepter que les politiques suggèrent qui devrait être où au sein de l’administration de la justice, il faudrait s’attendre que, bientôt, la Cour suprême aussi soit constituée en fonction de quotas communaux et castéistes.

La stratégie consistant à kick up on the bench un DPP trop indépendant fut au fait inaugurée par les Rouges. L’intéressé avait ordonné l’arrestation du beau-frère d’une très haute figure du pouvoir d’alors. On voudrait espérer que, depuis, la classe politique a affiné ses moeurs. C’est si étrange un Ivan Ramgoolamien.



Mercreci 10

Souvenirs, souvenirs… Ce doit être assez grisant pour Raj D. de se retrouver dans un hélico. Ne pas souhaiter piloter doit être son ascèse…

Au moins pas de victimes. Mon-Goût est une localité du Nord, entre Pamplemousses et Piton. Le 26 mars 2008, suite à des pluies torrentielles, une rivière en crue y fit quatre victimes, dont une adolescente de 13 ans. Cinq ans après, le 30 mars 2013, flash flood : c’est surtout à Port-Louis, avec un très lourd tribut dans le tunnel du Caudan, que les effets sont cruels, emportant 11 victimes. Cette semaine, plus spécialement ce mercredi, déchaînement des eaux à nouveau, cours et maisons inondées, champs détruits, etc. Fort heureusement, pas de morts, seulement des questions persistantes.

Depuis mars 2008, sept ans déjà, qu’est-ce que nos pouvoirs publics ont entrepris ? La localisation des inondations, les photographies prises, les durées d’écoulement et d’assèchement des flaques ont-ils donné aux hydrologues et ingénieurs des collectivités locales et de l’État des indications susceptibles d’être traitées à des fins utiles ? Est-il possible de cartographier les drains naturels, d’en creuser d’artificiels d’urgence, là où des constructions sauvages ou des racines gênent le passage de l’eau. Qu’attend-on pour entreprendre ce travail ?

À La Réunion, à côté, la société Reuniwatt utilise l’observation satellitaire et le Big Data pour prévoir avec une rare précision l’ensoleillement de panneaux photovoltaïques, ce qui permet de mieux gérer la partie renouvelable du mix énergétique. En fin de semaine, Maurice accueille les délégués au sommet Smart Mauritius. Les inondations pourraient avoir le mérite de recadrer les préoccupations. Ne plus jamais être Dumb, c’est déjà se préparer à, un jour, être Smart.



Jeudi 11

Bonne nouvelle : profits de 10,5 M d’euros au troisième trimestre pour MK. Profiter un peu quand même des prix à la baisse des carburants…

Smarter life

Not just IT. «What we do in Mauritius, then we roll it over in Africa» fait comprendre Louis Otieno, de Microsoft Africa. Cela lors d’une table ronde de représentants d’entreprises leaders – aussi Airbus, IBM et Cisco – au Smart Mauritius Summit 2016. Si M. Otieno est surtout sensible au tissu sociétal et aux ressources qui font de notre île un marché en pointe en matière de solutions informatiques, le président de la State Land Development Company, notre compatriote Gaëtan Siew, laisse entendre, quant à lui, que notre petite taille est aussi critique, un handicap transformé en atout. Cela permettant de tester des procédés, en format réel mais à très petite échelle.

C’était prévisible : des voix se sont élevées, ce jeudi, à l’hôtel Maritim, qui pour mettre en garde contre la conversion de terres agricoles en espace bâti, qui pour carrément récuser le modèle envisagé. Indépendamment de l’instrumentalisation des grands chantiers que tente le ministre des Finances, soit investissement, emploi et croissance soutenus par le bâtiment, ce qui pourrait expliquer l’urgence, il importe de bien recadrer certaines choses.

On doit récuser la transformation des inégalités Nord-Sud en atout concurrentiel, ce qui est à la base du modèle des Charter Cities de Paul Romer. Mais on doit aussi accepter que ce dernier a raison lorsqu’il soutient que Maurice ne fera pas un nouveau saut qualitatif sans une vraie ville. As from there on, pensons cette convivialité urbaine. Smart, bien-sûr. Dans un ensemble national, un pays totalement et résolument smart. Pensé, rationalisé, maîtrisé.



Vendredi 12 

Napa reinvant larou

Ce plan existe ! Propos du ministre des Entreprises et des Coopératives : des experts indiens «formeront nos artisans pour qu’on ait des produits de qualité et exportables». Le ministre souhaite aussi qu’un Local Handicraft Steering Committee soit institué et élabore un plan d’action pour l’artisanat. Sans doute faudrait-il le dépoussiérer – au propre comme au figuré – et le mettre à jour mais un plan d’action absolument exhaustif existe depuis le début des années 90. C’est l’Union européenne qui l’a financé.

Tant que Michael Glover était ministre responsable de l’Artisanat, les propositions visionnaires de ce rapport commençaient à être mises en oeuvre. Puis, un remaniement ministériel valut au secteur de passer sous la responsabilité de Jugdish Goburdhun. D’un artisanat en contact avec la création artistique, le design et un marketing dynamique on revint à la vision très limitative des Cottage Industries. Et un quart de siècle plus tard, on n’a toujours pas avancé.

Très pratiquement, ce projet financé par l’Union européenne, conçu et animé à Maurice par le consultant français Pierre Paris, avait confié au peintre Henry Koombes et au photographe Yves Pitchen la responsabilité de fournir aux artisans un lexique de formes. Ainsi, le photographe s’était rendu dans divers lieux emblématiques à Maurice, à la recherche d’objets et de formes identitaires. Ce que Pitchen avait rapporté, disons, d’un kovil, Koombes l’avait travaillé, épuré, ramené à l’essentiel plastique, afin que des artisans puissent s’emparer de cette inspiration pour produire des objets en série. Pour, justement, une qualité exportable.



Samedi 13 

Pour ce qui est du bâtiment, on le répète depuis longtemps déjà. Mais qu’en est-il de la banque ? Quand elle va, tout va-t-il également ?

Opérations de séduction

Facture d’une dérive. Ah le joli temps de papy et papa, la chouette époque du marxisme à toutes les sauces ! Amédée Darga et Reynolds Michel nous auraient expliqué que Soodhun, au fond, n’est qu’une contradiction dialectique irrésolue entre des ralliements communalistes et un projet national. Whaw ! Quoi qu’on puisse penser de la phraséologie, elle recèle un solide fond de vérité. Le Soodhun qui fait rire ou qui agace est le produit de la légitimation du sectarisme par nos formations politiques.

Nos partis développent tous des stratégies de compensation par rapport au segment d’électorat qui leur manque le plus. Les Rouges le font de manière symbolique à travers la personne choisie pour leur présidence, le MSM a trouvé en Soodhun son missi dominici auprès des votants musulmans, le MMM est carrément surréaliste lorsqu’il suggère que son avenir pourrait se décliner à la suite de Pradeep Jeeha.

Rosa Luxemburg, pour revenir aux icônes marxistes, suggérait que si les contradictions d’un capitalisme national, arrivées à terme, ne conduisaient toujours pas à l’effondrement du système, cela finirait bien par arriver lorsque, au niveau planétaire, les contradictions seraient totales. Effectivement, lorsqu’ils ne fonctionnent plus sur leur turf d’origine, les systèmes viciés sont tentés d’aller chercher, en dehors des frontières, de nouvelles justifications. Et c’est ainsi que notre Soodhun devient garçon de courses et VRP – voyageur, représentant, placier – dans la péninsule arabique.

A priori, l’homme n’est que bouffon du roi. Si le descriptif est raccourci de deux mots, reprochons-le au système communal.