Publicité
Christian Dautel: «A Maurice, vous vivrez mieux que les Européens le siècle suivant»
Par
Partager cet article
Christian Dautel: «A Maurice, vous vivrez mieux que les Européens le siècle suivant»
Pourquoi l’École supérieure d’architecture de Nantes a-t-elle choisi d’ouvrir une antenne à Maurice?
C’est un concours de circonstances. Médine a lancé un appel d’offres international pour la création d’un campus universitaire qui réunira les meilleures écoles internationales d’ingénierie, d’architecture et de management. Nous avons cru dans ce projet.
Toutes les grandes organisations internationales disent que l’élévation d’une population par l’éducation et la recherche entraîne quasiment automatiquement du développement économique.
Il y a une demande considérable pour créer des instituts d’enseignement supérieur à travers le monde. C’est bien qu’il y ait un campus à Maurice avec une telle ambition. C’est une belle initiative africaine. L’École supérieure d’architecture de Nantes vient partager une expertise sur le campus mauricien. C’est du transfert de compétences. Les diplômes qu’on accorde sont équivalents de ce qu’on donne en France.
À quand vos premiers étudiants ?
La première promotion démarre en octobre de cette année. Elle complétera son Bachelor of Architecture and Urbanism en juin 2018. Les premiers étudiants diplômés d’un Master sortiront en octobre 2020.
Les stages en entreprise seront obligatoires pour tout étudiant de l’école de Nantes souhaitant exercer comme architecte à Maurice ou à l’étranger.
En quoi le modèle du groupe Médine est innovant ?
Le 19e siècle a inventé le capitalisme, le 20e siècle le socialisme et je pense que le 21e siècle va inventer l’entrepreneur responsable. Je découvre à Maurice cette culture du 21e siècle avec une éthique sociale. Le projet de Médine a été baptisé ICSIA, International Campus for Innovative and Sustainable Africa. C’est un projet passionnant car sur un même campus, vous trouverez des futurs médecins, ingénieurs, manageurs et architectes. Ils vont établir des réseaux. Nous avons là ce qui préfigure l’enseignement de demain, c’est-à-dire l’interdisciplinarité.
Quelles sont les grandes problématiques de notre monde, aujourd’hui ?
C’est la santé publique et le besoin de trouver des systèmes qui économisent des ressources. Sur le campus de Médine, je suis sûr que les étudiants vont réfléchir ensemble pour trouver des solutions à ces grandes questions. Comme dit le proverbe africain, quand on est seul on va très vite, mais quand on est ensemble on va plus loin.
Et comment voyez-vous la participation de votre école d’architecture dans la vision mauricienne?
Une île c’est un espace restreint, c’est-à-dire qu’il faut raisonner autrement. Et le rôle d’une école d’architecture, c’est d’appréhender cette question. L’architecte travaille sur la temporalité et sur l’espace. Il se demande toujours comment bien contextualiser et tient en compte les différentes cultures. Il y aura beaucoup de travail à faire sur votre continent et je crois que Maurice, de par sa stabilité, peut permettre la formation de ces futurs professionnels pour l’Afrique. Je rêve que dans dix ans, il y ait dans cette école des Mauriciens, des Africains, des Indiens, des Malgaches, des Français et tout un mélange interculturel.
Cette école arrive au bon moment, puisque Maurice repense son urbanisation pour aller vers un modèle plus smart. Suivez-vous ce projet mauricien?
Oui, c’est passionnant. Mais cela suppose d’être très inventif sur l’organisation de l’espace. Cette île, finalement, c’est une seule métropole moyenne. Du coup, si les Mauriciens se mettent dans leur mental que leur pays c’est une seule métropole, eh bien vous pouvez créer un espace magnifique.
J’ai l’impression qu’à Maurice, vous allez vivre mieux que nous les Européens le siècle suivant. Parce que vous êtes dans le multiculturalisme et que vous n’arrêtez pas de vous réinventer. Les smart cities devraient recentrer la question du rapport de l’homme à son environnement. L’architecte de demain, c’est celui qui sera capable de résoudre un petit problème comme un problème de territoire. Du coup, le concept de smart city sera un sujet très intéressant pour les élèves.
Publicité
Les plus récents