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Relève au PTr : la clé entre les mains des jeunes ?

21 février 2016, 11:29

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Relève au PTr : la clé entre les mains des jeunes ?

Un constat, d’emblée : s’ils sont nombreux à être actifs sur la page Facebook du parti «la clé», rares, très rares sont les jeunes qui souhaitent répondre aux questions de la presse quand il s’agit d’évoquer le leadership au sein du Parti travailliste (PTr). Rajesh Jeetah, le président de l’aile jeune – du haut de ses 53 ans –, Ezra Jhuboo, le plus jeune député rouge au Parlement, et Kishan Jugurnauth, activiste, comptent parmi ceux qui ont accepté de sortir de leur mutisme.

La parole au plus jeune, d’abord. Et les propos de Kishan Jugurnauth, trentenaire, sont on ne peut plus clairs. Pour lui, son parti a bel et bien un avenir, «même» avec Navin Ramgoolam. «Il a fait ses preuves en prenant d’excellentes décisions. Il a certainement des démêlés avec la police, mais il n’a jamais été condamné.» Mais alors, le parti survivra-t-il sans lui ? «Il y a des personnes qui sont capables d’endosser le costume de leader au sein même du parti. Mais pour le moment, c’est Navin Ramgoolam qui est en poste, alors la question ne se pose pas.» Et d’ajouter que le PTr est un parti qui a une histoire, un passé, mais aussi est surtout, un futur.

Pour Ezra Jhuboo, 39 ans, le PTr connaît actuellement une période de transition. «Il y a quelques personnes qui veulent que les choses aillent vite. Nous voulons quelque chose qui va durer.» Le député rouge a une autre conception de l’avenir pour les rouges mais aussi une autre perception de sa place au sein du parti. «Il y a la bataille des grands, moi je procède par étapes. Maintenant que j’ai appris les rouages de la politique, que je connais le Parlement, dorénavant, je serai plus actif au sein du parti», confie-t-il.

Il avoue cependant regretter le «manque d’espace» au sein du PTr. «Nous, les jeunes, et surtout les jeunes parlementaires, nous voyons les choses différemment et nous voulons en faire plus, mais c’est difficile à cause de la veille garde. Pour en revenir à l’espace, je pense que, bientôt, il y en aura davantage...» De fait, Ezra Jhuboo croit fermement que son avenir politique est au sein même de ce parti et que le destin du PTr est entre les mains des jeunes.

Autre analyse du côté de Rajesh Jeetah. Pour l’ancien ministre, les déboires de Navin Ramgoolam n’ont aucune influence parmi les jeunes membres du PTr. «Ils ne sont pas dupes sachant que c’est une vendetta politique. Ils ont émis leur propre jugement.» Et de préciser que les membres de l’aile jeune du parti – dont il est le président – ont, de leur propre chef, mis sur pied des commissions et qu’ils animent des débats autour de différents thèmes. Et de rappeler que «tous les grands événements de l’histoire sont liés au PTr».

LA SUCCESSION

Navin Ramgoolam, leader du PTr depuis 1990, est sansdoute un homme blessé. Sa défaite aux législatives de 2014, ses coffres, l’affaire Soornack, ses démêlés avec la justice, ont laissé des séquelles. N’empêche qu’il occupe toujours, à ce jour, le fauteuil de patron des rouges. Ce qui cause beaucoup de tort au plus ancien parti politique du pays, affirment d’aucuns. Sinon, Navin Ramgoolam est-il vraiment prêt à passer le relais ? Quelqu’un pourra-t-il réellement le déboulonner, malgré tout ? Faudra-t-il attendre 2017, date à laquelle des élections pour désigner un successeur à la tête du parti seront organisées ?

Interrogeons les principaux concernés. Parmi, Arvin Boolell, propulsé au rang de leader par intérim peu après l’arrestation de Navin Ramgoolam en février de l’année dernière. Le siège de leader du PTr l’intéresse-t-il ? «J’attends l’année prochaine pour me prononcer.» Sera-t-il candidat à ce poste ? «La constitution du parti est en train d’être revue et il faut attendre les conclusions du rapport avant que je puisse répondre à votre question.»

Quant à Patrick Assirvaden, président du PTr, il rappelle que la question de succession n’est pas à l’agenda du congrès-anniversaire d’aujourd’hui. La question ne sera pas non plus à l’ordre du jour lors du congrès annuel du parti, prévu en mai. Reformulons la question : s’il y a des élections générales prochainement, le PTr ne sera-t-il pas handicapé avec un leader comme Navin Ramgoolam ? «Nos adversaires utiliseront ses déboires contre nous mais nous sommes confiants que Navin Ramgoolam saura mener ses troupes à la victoire», lâche Patrick Assirvaden, catégorique.

Pour Me Yousuf Mohamed «avec l’actuel gouvernement, on peut s’attendre à des élections anticipées. Et il peut y avoir des changements au niveau du PTr comme au sein des autres partis. Mais tant que Navin Ramgoolam est leader, personne ne peut contester son leadership».

La question de leadership intéresse également le fils de ce dernier. Mais Shakeel Mohamed ne veut pas pour autant se jeter dans la bataille pour être le chef de file du parti. «Bien entendu, tout le monde y pense, fait valoir ce dernier. J’en connais d’autres que le poste intéresse, mais seront-ils candidats quand il faudra renouveler l’exécutif ? Je n’en suis pas sûr. Moi, en tout cas, j’ai mieux à faire.»

Shakeel Mohamed avance, par ailleurs, qu’il faut un changement, qu’il faut «faire de la politique par rapport aux jeunes». Est-ce à dire qu’il faut une équipe de jeunes à la tête des rouges ? «Non, pas forcément. On peut avoir une personne âgée avec des idées nouvelles tout comme l’on peut avoir un jeune avec de vieilles idées…»

Autre intervenant, autre son de cloche. Vasant Bunwaree, qui a rejoint le PTr presque en même temps que Navin Ramgoolam, et qui l’a quitté en novembre 2014, a un avis tranché. «Tant que Navin Ramgoolam en sera le leader, le PTr ne pourra relever la tête.» Et d’affirmer que, contrairement à lui, les autres ont peur de critiquer le leadership du patron. «Vous savez pourquoi Arvin Boolell et Shakeel Mohamed, qui démontraient qu’ils avaient de grandes ambitions, ont dû rentrer dans les rangs ? C’est parce que Navin Ramgoolam sait des choses sur eux… Ils ont dû toe the line !»

De son côté, Mahend Gungapersad, candidat rouge battu au no 7 lors des dernières élections, trouve, lui, que Navin Ramgoolam est un atout pour le PTr. «Pour l’instant, je ne vois personne qui pourrait le remplacer.» Idem pour Sanjit Teelock, ancien député MSM et actuel sympathisant du PTr. «Seul Navin Ramgoolam a l’étoffe d’un leader.»

Dev Virahsawmy qui vient d’intégrer le PTr pour lui prêter main-forte, reconnaît, lui, que ce parti est actuellement dans une position de faiblesse. Toujours est-il que, selon lui, Navin Ramgoolam demeure le «leader incontesté du PTr».