Publicité

Cinéma: Spotlight, une enquête passionnante et efficace

26 février 2016, 15:03

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Cinéma: Spotlight, une enquête passionnante et efficace

 

2001, Boston. Marty Baron est nommé rédacteur en chef au Boston Globe. Il fait la connaissance de l’équipe Spotlight : des journalistes d’investigation qui se spécialisent dans des articles de fond, toujours publiés après des mois d’enquête. Après avoir eu vent des propos d’un avocat selon lesquels un prêtre de Boston, le père John Geoghan, aurait abusé sexuellement d’enfants placés sous sa tutelle, Baron devine un plus gros scandale et charge l’équipe d’enquêter.

Au bout de douze mois d’investigations, les journalistes finiront par mettre au jour un réseau de plus de 90 prêtres catholiques pédophiles qui non seulement se couvraient mutuellement, mais qui étaient de plus protégés par leur hiérarchie. Le scandale impliquera l’Église catholique, aux États-Unis, mais également à travers le monde lorsque des affaires similaires seront révélées dans d’autres pays…

La note : 8/10

Lumières ternes, costumes beiges, bureaux noyés sous la paperasse. Spotlight, qui rappelle sans détours Révélations de Michael Mann, ou encore Les Hommes du président de Sidney Lumet, ne compromet jamais sa narrative en s’embarrassant d’effets visuels. Cela étant dit, la réalisation n’empêche en rien le film de fonctionner, ses instigateurs délaissant toute identité propre au profit de la reconstitution méticuleuse d’une enquête passionnante livrée dans son plus simple appareil.

Cette forme immédiatement reconnaissable est tout d’abord bienvenue devant la lourdeur du sujet. Avec un soin clinique et beaucoup de pudeur, Tom McCarthy met tout en retrait – mise en scène, musique, interprétations – dans le but d’éviter toute théâtralisation qui desservirait son sujet. Sans véritables moments de suspense, McCarthy balance son spectateur entre salles d’archives, coups de téléphone et meetings avec pour seules armes une troupe d’acteurs volontaires et la ferme conviction que l’histoire est si puissante qu’elle tiendra son spectateur en haleine.

Et il a parfaitement raison. Ainsi, pas d’intrusion dans la vie intime des protagonistes, pas d’émotions exacerbées, mais plutôt des victimes dépeintes comme des survivants et des journalistes immergés comme des soldats dans leur mission, leur travail.

Spotlight navigue au final entre plusieurs influences majeures. Dans le portrait glaçant qu’il fait de Boston, le film rappelle le récent Strictly Criminal, ou encore The Town et la série The Wire. Il rappelle également les luttes de pouvoir se jouant en sourdine dans d’efficaces joutes verbales, comme dans The West Wing. Soutenu par l’Église elle-même, régi par la présence des véritables protagonistes de l’enquête auprès des comédiens, Spotlight évite tout sensationnalisme malvenu pour privilégier une précision clinique effaçant toute individualité extérieure au réalisme recherché. Si l’approche peut déplaire, Spotlight ne renouvelant en rien le genre et laissant peu de marge de manoeuvre à ses acteurs et son réalisateur, il est indéniable que ce choix renforce la puissance du constat sévère que porte ce film de Tom McCarthy.

Au final, Spotlight remporte l’adhésion par la puissance de son sujet et la profession de foi indéniable de tous ses participants. À voir pour les amateurs de drames biens ficelés.

Fiche technique

Genre : Drame.

Durée : 2 h 10.

De : Tom MaCarthy

Avec : Mark Ruffalo, Michael Keaton, Rachel McAdams, Liev Schreiber, John Slattery et Stanley Tucci.

Salles : Star Caudan, La Croisette et Bagatelle.