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Opéré du cœur à trois mois: bébé courage
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Opéré du cœur à trois mois: bébé courage
Neuf heures et quart. Sur le parking du centre de chirurgie cardiaque de Pamplemousses, le ballet des patients, des ambulances, des visiteurs commence à peine. Le ciel fait grise mine. Mais pour les Durbarry, c’est la santé de leur bébé, leur rayon de soleil, qui fait la pluie et le beau temps. Et, de ce côté-là, les nuages commencent peu à peu à se dissiper.
«Les médecins nous ont dit que son problème au cœur est réglé. Ils le gardent en observation pendant quelques semaines encore, il est toujours aux soins intensifs. Mais nous devrions bientôt pouvoir le prendre dans nos bras», lâche Isaac, confiant. Depuis l’opération d’Irshaad, toute la famille carbure à l’espoir. Leur force, ils la puisent en regardant sans cesse les photos de leur «petit coeur». Mais remontons quelque peu le temps.
Najeeda, 18 ans et Isaac, 24 ans, ont eu droit à «enn maryaz aranzé». L’amour, lui, est né peu après. Tout comme leur «ti lamour», Irshaad, qui a vu le jour le 2 novembre 2015. Il pesait 3 kilos et 400 grammes, affirme fièrement sa maman. Mais elle aura à peine tenu son enfant dans ses bras. Car, alors que l’échographie n’avait rien d’anormal avant l’accouchement, le pédiatre devait rapidement déceler de multiples problèmes au niveau du coeur du nourrisson. Ce fut le début du calvaire pour la famille.
«Il avait des malformations à plusieurs niveaux. Ce n’est pas un problème héréditaire. Monn gagn enn sok, koumadir mo lavi pé alé kan monn aprann sa», confie Najeeda. Mais pas question de baisser les bras. Avec l’énergie du désespoir, les jeunes parents décident de tenter le tout pour le tout.
Quelques heures après être venu au monde, Irshaad est transporté à l’unité des soins intensifs néonatals du centre de chirurgie cardiaque, où on lui administre des traitements. Son papa ne reste pas les bras croisés et va frapper à la porte du ministère, qui l’aide dans ses démarches et au niveau des finances. Une semaine après, soit le 9 novembre, Isaac et son bébé débarquent à l’hôpital de Manipal, à Bangalore, en Inde. «Laba ousi linn res dan ICU.» C’est la douche froide : «Ils ont dit qu’il fallait attendre qu’il ait trois mois pour pouvoir l’opérer…»
De retour à Maurice avec son petit, Isaac ne s’avoue pas vaincu.«Nou pa ti atann nou pou travers sa kalité éprev-la. Mé nounn pran pasians.» Et puis le destin, le hasard ainsi que le «Divin» s’en sont mêlés, si l’on en croit Najeeda et Isaac. Le professeur Afksendiyos Kalangos, éminent cardiologue qui détient à la fois les nationalités suisse et grecque, débarque à Maurice, comme il le fait tous les ans. On lui confie de dossier d’Irshaad.
«Il a été franc. Il m’a dit que les chances étaient de 50-50… On ne savait pas s’il allait supporter l’anesthésie et s’il allait survivre à cette lourde intervention», fait valoir Isaac. Pendant cinq heures interminables – durant lesquelles la famille n’a cessé d’arpenter les couloirs de la salle d’attente – la vie du bébé était suspendue au scalpel et au savoir-faire du Pr Kalangos. «Nous n’oublierons jamais l’angoisse qu’on a ressentie.»
Un sentiment qui a laissé place au soulagement, plus tard. «L’opération a été un succès selon les médecins. Maintenant, nous attendons que notre bébé s’en remette pour pouvoir lui faire des câlins, profiter des instants privilégiés avec lui, être heureux.»
En attendant, entre les visites matin et soir à l’hôpital, les coups de fil nocturnes pour voir si tout va bien, les insomnies et les interrogations, Najeeda s’occupe de son foyer, vaque à ses occupations, s’occupe des tâches ménagères. Isaac, lui, reçoit les clients dans la tabagie qu’il gère avec sa mère, Nazeema. Qui n’a, elle, qu’une hâte : que son premier petit-enfant rentre enfin à la maison et qu’il soit en bonne santé. «Li mank nou boukou… Léker gro, pa kapav kozé, éna enn boul dan vant kan mo pans li…» Sa voix se brise. Elle se laisse submerger par l’émotion. Avant de se ressaisir. «Li pou korek.»
Un diagnostic optimiste que partagent également désormais les médecins, selon Najeeda et Isaac, qui ont retrouvé le moral. Pour la petite famille d’Irshaad, le retour à la maison de leur bébé sera pour elle – et peu importe le temps que cela prendra – comme une seconde naissance.
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