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Sudesh Rughoobur: «Au MSM, nous souhaitons que Pravind succède à son père cette année»

28 février 2016, 21:10

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Sudesh Rughoobur: «Au MSM, nous souhaitons que Pravind succède à son père cette année»

 

Bah voilà, c’est dit. Selon Sudesh Rughoobur, député MSM de Grand-Baie-Poudre-d'Or, la succession est en marche à la tête du pays. Gros coup de pression avant le verdict du procès MedPoint ou vraie passation de pouvoir? Sur les murs de son bureau, Gandhi, Mandela et un crucifix n’ont pas bronché. Certainement un signe.

Vous paraissez tendu, vous avez des soucis ?

(Large sourire) Non, c’est juste ma première interview en tête-à-tête depuis que je suis député.

Une question pour vous détendre : vous êtes combien au MSM à régler vos factures chez Apollo Bramwell? Un, deux, moins?

Mwa mo pena sa kantité kass la, pou fer grogro tretman dan klinik.

Ça veut dire qu’en cherchant bien, on va tomber sur un «write-off» à votre nom ?

(Rire) Aucune chance. Fort heureusement, je suis en bonne santé !

Les critiques pleuvent depuis les inondations. Ça aussi c’est stressant ?

Non, j’accepte la critique. Surtout lorsqu’elle est constructive, ça permet d’avancer, de s’améliorer. Il y a des leçons à tirer des intempéries et la critique peut être bénéfique.

Exemple ?

La semaine dernière, un mandant m’a dit que je n’étais pas assez présent sur le terrain. Ça m’a fait réfléchir parce que c’est faux, j’y suis. J’ai fini par comprendre ce que cet homme a voulu dire. Être sur le terrain, ce n’est pas prendre sa voiture, rouler toute une journée et serrer des mains; être sur le terrain c’est résoudre les problèmes des gens. Prendre leur numéro de téléphone, les recevoir le mercredi, aller aux enterrements, tout ça ne suffit pas. Ce que les habitants nous demandent, c’est de les écouter, de comprendre leur problème et d’agir. Au fond, les gens se fichent que leur député soit visible, ils veulent qu’il soit disponible et efficace. Je ne l’ai peut-être pas assez été, d’où la remarque de ce monsieur.

C’est nouveau l’humilité au pouvoir ?

Je suis entouré de personnes humbles dans ce gouvernement.

On parle de M. Dayal ou pas ?

(Sourire gêné) C’est un bon ami. À chaque fois que j’ai eu besoin de lui, il était disponible.

«Ce que les habitants nous demandent, c’est d’écouter, comprendre et agir.» Vous avez découvert qu’être député, c’est du boulot?

En tout cas, je n’imaginais pas devoir m’investir autant. Je pensais même pouvoir continuer à mener de front mes activités politiques et professionnelles (NdlR, il est CEO de Kalis Investment, une société immobilière créée avec son frère). En fait, c’est impossible, on ne peut pas être député à temps partiel.

Deux semaines après les grosses pluies, des villages du Nord ont encore les pieds dans l’eau. À qui la faute?

Les torts sont partagés. Beaucoup de sinistrés ont construit leur habitation n’importe où, n’importe comment. Sur des terrains marécageux, par exemple. Mais les institutions sont les premiers responsables. Tous ces permis accordés sans réflexion, ce n’est pas normal, l’indiscipline vient des deux côtés. Quand une autorité donne un permis, on devrait pouvoir lui faire confiance.

Et puis, il y a le facteur climatique, les flash floods sont un phénomène sur lequel nous n’avons pas de prise.

Mais ce sont des facteurs humains qui ont noyé des quartiers entiers.

Ce sont les deux. Mais je comprends la colère des gens. J’ai vu des maisons inondées jusqu’au toit. Il faut voir la détresse des gens…

Que faites-vous pour y remédier, très concrètement ?

Les drains promis depuis si longtemps arrivent. Dans quelques mois, pas dans des années. On vient de débloquer deux enveloppes de Rs 60 millions chacune, une pour Péreybère–Grand-Baie, l’autre pour Fond-du-Sac. Les appels d’offres seront lancés dans deux mois. On passera ensuite au choix des entrepreneurs et le travail commencera.

Et vous dites que ça ne prendra que quelques mois ?

On va faire le maximum pour finaliser les travaux en 18 mois. On fait avec les moyens du bord, vous savez. Et avec la bureaucratie.

Dans la circonscription, les plus virulents disent être entourés d’incompétents. Vous sentez-vous visé?

Pas du tout. Je suis avec mes mandants, ils voient bien que je ne me croise pas les bras.

Vous l’avez dit vous-même, la bonne volonté ne suffit pas…

Nous serons efficaces, j’ai donné ma parole.

Et si ces intempéries étaient la métaphore d’un gouvernement qui prend l’eau ?

Non. Le gouvernement qui a pris l’eau, qui a coulé même, c’est le précédent. Les Mauriciens ont pris tant de coups avec eux. Fermer le Parlement pendant un an, c’est fermer la démocratie, c’est grave. C’est pourquoi les gens ont placé énormément d’espoirs en nous… (on coupe)

Des espoirs déçus…

Un petit peu, il faut le reconnaître. Les attentes étaient énormes, la barre trop haute peut-être. Et puis, on ne s’attendait pas à hériter d’une situation aussi catastrophique. Certes, nous aurions pu mieux faire durant ces 14 mois, mais j’ai confiance en sir Anerood. Si vous regardez bien, lors de ses précédents mandats, ça n’a pas commencé très fort non plus. Entre 1982 et 1984, il ne s’est pas passé grand-chose, les résultats sont venus après. Entre 2000 et 2002 aussi, Ébène n’est pas sorti de terre en deux ans. Les gens veulent tout, tout de suite. Ça ne marche pas comme ça.

Parlons un peu de vous. Vous êtes né à la politique il y a une trentaine d’années, au MMM. Puis Rashid Beebeejaun vous débauche, vous atterrissez au Parti travailliste, et aujourd’hui au MSM. C’est quoi la trame?

Parvenir à défendre mes idées au Parlement. C’est vrai que j’ai pas mal navigué, mais mon engagement, mes principes et mes valeurs sont restés les mêmes.

Qu’est-ce qui les résume le mieux ?

L’influence de ma mère.

Qu’est-ce qui n’a pas marché au Parti travailliste?

J’attendais un ticket qui n’est jamais venu.

Sinon, vous avez des nouvelles de SAJ ?

Oui, il va bien me dit-on. Il rentre lundi.

Sur quoi le gouvernement devra-t-il ouvrir les yeux cette année ?

Sur l’économie et les secteurs d’activités qui ont fait notre force. Aujourd’hui, on parle de Smart Cities, de développement du port, de business en Afrique, tout ça c’est bien, c’est l’avenir, mais ça ne portera pas l’économie de sitôt. Ça prendra dix ans et, en attendant, il faut vivre.

Que voulez-vous dire ?

Ne négligeons pas les secteurs «traditionnels», le textile, l’agriculture, l’ICT, le Global Business. Créer de nouveaux piliers, c’est bien; le faire en consolidant ceux qui sont déjà là, c’est encore mieux. Je sais que SAJ y est vigilant.

Et l’avenir de son fils, il y est vigilant ?

Pravind est un leader exceptionnel, ce pays a besoin de lui.

Le verdict de son procès en appel, vous le sentez comment ?

Je crois en la séparation des pouvoirs, je me contenterais de lui souhaiter bonne chance.

Fait-il toujours l’unanimité pour succéder au père ?

Complétement. Et pas seulement au MSM, dans le pays aussi.

Vous avez commandé un sondage ?

Le sondage, c’est l’élection de 2014. La population savait qu’après Anerood ce serait Pravind.

Quand ?

Très bientôt, j’espère. Je n’ai pas de boule de cristal mais nous souhaitons que Pravind devienne Premier ministre dès cette année. C’est le souhait de tout le monde au MSM.

Quand SAJ quittera-t-il son poste ?

Il a été élu Premier ministre pour cinq ans, il ne faut pas l’oublier.

Il faudrait savoir !

(Il cherche ses mots) Non… mo lé dir ou kiparski… bon… On sent que Pravind est prêt. C’est vrai, SAJ a été élu pour cinq ans, mais nous souhaitons, nous, au MSM, que Pravind prenne les commandes dès cette année.