Ernst & Young a-t-elle jamais supervisé le travail des administrateurs spéciaux de la BAI? Cette question divise Gérald Lincoln, Country Executive Manager de cette firme, et le ministre Roshi Bhadain.

Ce dernier a avancé, le samedi 5 mars, lors de sa conférence de presse, que la firme Ernst & Young (EY) a entrepris la tâche de superviser les avancées des Special Administrators de PricewaterhouseCoopers, Mushtaq Oosman et Yogesh Basgeet, en 2015, avant que le premier ne soit révoqué et que le second ne démissionne. D’ailleurs, la Financial Services Commission (FSC) avait, le 14 août 2015, émis un communiqué officiel en présentant la firme comme superviseur des travaux.

«Moi, je vous dis qu’EY a bel et bien fait ce travail. Sinon, expliquez-moi pourquoi Gérald Lincoln aurait assisté aux réunions avec la FSC et pourquoi il était en copie sur toutes les communications entre les administrateurs et la commission?» martèle le ministre des Services financiers et de la Bonne gouvernance.

Ce que rejette Gérald Lincoln, interrogé par l’express. «À ce jour, EY supervise-t-elle toujours les travaux de l’administrateur spécial?» lui avons-nous demandé. Réponse du Country Executive Manager : «On n’a pas fait cette mission. On devait la faire mais elle ne s’est pas concrétisée.»

«Ernst & Young a proposé Rs 600 000»

Pourtant, Roshi Bhadain n’en démord pas. «Dites-moi en quelle qualité Lincoln assistait aux réunions de la FSC? Et ce, avant même d’être nommé Receiver Manager de la Bramer Bank?»

Dans ce cas, à quel moment la firme EY a-t-elle commencé ses fonctions de superviseur et à quel moment a-t-elle cessé? A-t-elle été payée? Et combien? Le ministre Roshi Bhadain n’a pas donné plus de précisions lors de sa conférence de presse. Les questions étaient aussi adressées au président du conseil d’administration de la FSC Dev Manraj, présent à la rencontre avec la presse, samedi. L’occasion ne lui a pas été donnée de répondre.

Toutefois, le ministre a bien voulu apporter une précision après la rencontre. Après avoir consulté ses dossiers, Roshi Bhadain a confirmé que c’est le 25 juin 2015 qu’EY a pris ses fonctions de superviseur. Mais il n’a pas voulu en dire plus.

Selon des sources au niveau du conseil d’administration de la FSC, c’est en septembre qu’EY s’est retirée de ce rôle «pour des raisons professionnelles» en présentant une lettre formelle.

«Lors d’une réunion du board, la FSC a décidé de retenir les services d’EY pour superviser les travaux de l’administrateur spécial, pour un mois dans un premier temps, contre un paiement de Rs 500 000. EY a proposé Rs 600 000. Après discussions, le board a campé sur Rs 500 000 sans réclamations supplémentaires», fait ressortir une source bien informée. Elle ajoute que cette discussion s’est déroulée en présence de Gérald Lincoln.

Quant à l’entourage de ce dernier, il maintient qu’EY n’a jamais eu de contrat en bonne et due forme de la FSC prouvant que ses services avaient été retenus.