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Faizal Ally Beegun, président de la Textile Manufacturing and Allied Workers Union «Le Conseil des ministres ne peut pas faire plaisir à un seul patron»
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Faizal Ally Beegun, président de la Textile Manufacturing and Allied Workers Union «Le Conseil des ministres ne peut pas faire plaisir à un seul patron»
Que pensez-vous de la décision du Conseil des ministres, prise vendredi, d’étendre la période d’embauche des travailleurs étrangers ?
Il n’y a rien de nouveau dans cette décision. Le travailleur étranger doit toujours jurer un affidavit pour ne pas demander la citoyenneté mauricienne s’il a résidé et travaillé à Maurice pendant plus de cinq ans. Il y a déjà des étrangers qui travaillent à Maurice depuis plus de 15 ans et qui ont dû refuser par affidavit le droit à la nationalité mauricienne. Cette décision du Conseil des ministres n’a été prise que pour rassurer François Woo qui a menacé de dé- localiser les activités de la Compagnie mauricienne de textile (CMT).
Rien de nouveau, selon vous ?
C’est encore pire. Le quota d’un Mauricien pour chaque travailleur étranger dans les entreprises mauriciennes risque d’accentuer le problème du chômage à Maurice. Avant, le quota était de deux Mauriciens pour chaque étranger, ce qui obligeait les entreprises à garantir l’emploi des Mauriciens. Aujourd’hui cette garantie s’amenuise. Cela ne va certainement pas aider à résorber le chômage.
Comment le gouvernement aurait-il dû réagir ?
Le principal souci relatif à l’emploi des étrangers à Maurice concerne leurs conditions de vie et de travail. Maurice n’a pas bonne presse au niveau international concernant le traitement des ouvriers étrangers. On parle de déportations forcées, de conditions inhumaines de vie et de travail forcé. Le gouvernement aurait dû se pencher sur ces aspects du problème au lieu de se soucier à faire plaisir à un seul patron. Il y va de l’avenir de tout le secteur manufacturier.
Vous résumez donc que le Conseil des ministres a pris ces décisions pour rassurer François Woo qui a parlé de délocaliser les activités de la CMT hors du territoire ?
Oui, c’est une mesure prise dans l’urgence pour calmer une situation précise. Le Conseil des ministres n’a pas vu dans le long terme. Par exemple, la décision des entreprises de ne pas pouvoir recruter directement de la main-d’œuvre étrangère. Ce- la va encourager encore plus les abus des agents recruteurs malhonnêtes. L’ouvrier étranger désirant travailler à Maurice sera encore plus à la merci de ces escrocs.
Qu’en est-il des étrangers qui sont en situation irrégulière à Maurice, à l’expiration de leurs permis de travail et de séjour ?
Ce sont des cas isolés. La plupart du temps, il y a des drames humains qui se jouent derrière ces cas. Ce sont des ouvriers qui n’ont pas suffisamment travaillé pour rembourser leurs dettes dans leur pays d’origine. Ils tentent mal- heureusement leur chance afin de se faire encore un peu d’argent pour ne pas rester endettés lorsqu’ils rentrent. Il faut les considérer au cas par cas et avoir un peu de dignité humaine en traitant ces cas souvent difficiles.
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